En 2025, l’actualité autour de la prévention du cancer du col de l’utérus est particulièrement riche avec :
- Tout d’abord la mise à jour des recommandations pour la prise en charge des femmes ayant un test de dépistage anormal qui ont été publiées en début d’année ( https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/39884805/).
- Alors que la couverture vaccinale contre les infections à papillomavirus humain (HPV) progresse enfin grâce à la campagne nationale déployée en milieu scolaire, la Haute Autorité de Santé (HAS) vient d’élargir les recommandations vaccinales à toute la population jusqu’à 26 ans révolus. Toutefois, l’efficacité de cette vaccination reste limitée dans certaines situations, notamment après un traitement de lésions précancéreuses.
C’est dans ce contexte que la Société Française de Colposcopie et de Pathologie Cervico-Vaginale (SFCPCV) se prépare à accueillir un événement mondial majeur : le Congrès international de colposcopie (IFCPC), en juin 2026 à Paris.
Nouvelles recommandations pour la prise en charge des femmes ayant un test de dépistage du cancer du col anormal
Les professionnels de santé continuent à travailler à l’amélioration de la prise en charge des patientes ayant un test de dépistage anormal. Les recommandations nationales pour la prise en charge des femmes ayant un résultat de test dépistage du cancer du col anormal de 2016 viennent d’être mises à jour et ont publiées en accès libre. Vous les trouvez notamment sur le site de la SFCPCV. Elles permettent d’adapter la prise en charge des patientes depuis l’utilisation du test HPV en dépistage primaire.
Vaccination post-thérapeutique : une efficacité décevante sur les récidives
Si la vaccination anti-HPV est extrêmement efficace à visée préventive lorsqu’elle est administrée avant l’exposition au virus, elle ne protège pas efficacement contre les récidives après traitement d’une lésion précancéreuse du col. Les données actuelles confirment que, dans un contexte post-thérapeutique, la réponse immunitaire induite par le vaccin ne permet pas de prévenir de façon significative une nouvelle infection ou la réactivation virale pouvant conduire à une récidive. Ce constat justifie la nécessité d’un message clair auprès des professionnels de santé : la vaccination ne remplace ni le suivi virologique rigoureux et prolongé, ni la stratégie diagnostique & éventuellement thérapeutique adaptée après un traitement cervical.
2. L’extension du rattrapage vaccinal jusqu’à 26 ans : une mesure inclusive et stratégique
La nouvelle recommandation de la HAS, saluée par la SFCPCV, élargit le rattrapage vaccinal à tous les adolescents et jeunes adultes âgés de 15 à 26 ans, femmes et hommes, indépendamment de leur orientation sexuelle. Cette extension, qui requiert trois doses, s’appuie sur des données d’efficacité résiduelle malgré un début de vie sexuelle. Néanmoins, l’efficacité est nettement inférieure après 20 ans (seulement 15 %, contre 90 % avant 15 ans), (cf Gynéco online mai 2025 https://www.gyneco-online.com/node/3202 ), ce qui renforce l’importance de prioriser la vaccination des adolescents entre 11 et 14 ans.
Une couverture vaccinale en progression grâce aux collèges : des résultats tangibles
La campagne nationale de vaccination menée dans les collèges depuis la rentrée 2023 a porté ses fruits. En 2024, la couverture vaccinale (au moins une dose) atteignait 62 % chez les filles et 48 % chez les garçons nés en 2011, soit une augmentation de 24 et 22 points respectivement en moins d’un an. Pour la première fois, des progrès massifs ont été enregistrés grâce à une stratégie de proximité auprès des élèves de 5e. Cette dynamique nouvelle, même si elle demeure hétérogène selon les régions (seulement 25 % en Corse contre 81 % en Bretagne pour les filles), constitue une avancée majeure dans l’atteinte des objectifs de 80 % fixés à l’horizon 2030 dans la stratégie décennale de lutte contre les cancers et reste encore inférieure à celle de nos voisins européens.
Vers une mobilisation mondiale à Paris en 2026 : le congrès IFCPC comme catalyseur
C’est dans cette conjoncture à la fois critique et porteuse d’élan que la France accueillera, du 4 au 6 juin 2026 à Paris, le Congrès mondial de la Fédération internationale de colposcopie (IFCPC). Organisé par la SFCPCV au pied du Château de Versailles, cet événement rassemblera des experts du monde entier autour des grandes thématiques de la prévention, du dépistage et de la prise en charge des pathologies HPV-induites. Lieu d’échange scientifique de haut niveau, avec sessions interactives, communications libres, débats et formations pratiques, ce congrès ambitionne d’être le moteur d’un renouveau mondial dans la lutte contre le cancer du col et les affections HPV génitales induites.
Conclusion
La prévention du cancer du col et des lésions HPV induites est à un tournant. Les données montrent que les campagnes scolaires portent leurs fruits, que l’élargissement de la vaccination peut combler une partie du retard accumulé, et que la communauté scientifique internationale s’apprête à se réunir pour consolider les stratégies futures. Mais la vigilance reste de mise : l’inefficacité post-thérapeutique du vaccin rappelle que l’arsenal préventif doit être mis en œuvre précocement et complété par un suivi de qualité. La réussite dépendra d’un effort et d’une volonté collective associant : professionnels de santé, institutions, pouvoirs publics, enseignants et familles.
Rendez-vous en juin 2026 à Paris (https://ifcpcparis2026.com/) pour transformer l’essai.