Le dispositif intra utérin au lévonorgestrel (LNG-DIU) est largement utilisé pour le traitement des ménorragies et des dysménorrhées en particulier liées à l’endométriose, mais aussi de plus en plus utilisé comme méthode contraceptive chez les femmes jeunes et nullipares notamment pour sa capacité à supprimer les menstruations.
Cependant, l'association entre l'utilisation du LNG-DIU et le risque de cancers gynécologiques et mammaires reste incertaine et semble être controversée dans plusieurs études.
Une étude de cohorte suédoise a été réalisée entre 2005 et 2018 afin d’essayer de répondre à ces interrogations.
L'étude a été menée sur un échantillon de 514 719 femmes suédoises âgées de 18 à 50 ans, qui ont utilisé un LNG-DIU et comparées à 1 544 157 femmes qui ne l'ont pas utilisé (ratio 1/3).
Dans cette étude, après un suivi cumulé de 3, 283 629 personnes-années, le taux d'incidence du cancer du sein parmi les utilisatrices de LNG-DIU était de 12,40 pour 10 000 personnes-années et supérieur à celui des femmes n'utilisant pas le LNG-DIU (taux d'incidence de 10,94 pour 10 000 personnes-années). L’utilisation du LNG-DIU est ainsi associée à une augmentation de 13% du risque de cancer du sein (ajusted HR, 1.13; 95% CI, 1.10 -1.17). Parmi les femmes utilisant le LNG-DIU, le risque absolu supplémentaire (ARR) était de 1,46 cas pour 10 000 personnes-années (IC à 95 %, 1,03-1,90), suggérant qu'un total de 751 cas auraient pu être évités si ces femmes n'avaient pas utilisé le LNG-DIU après 10 ans de suivi.
Une analyse secondaire a été réalisée entre l'utilisation du LNG-DIU et les antécédents familiaux de cancers gynécologiques et mammaires. Les auteurs ont montré que l'utilisation du LNG-DIU ainsi que des antécédents familiaux de cancer du sein (au moins un antécédent au premier degré) étaient associés à un risque accru de cancer du sein. De plus, ce risque était encore plus élevé chez les femmes ayant utilisé le LNG-DIU et ayant des antécédents familiaux de cancer (HR ajusté, 2,07 ; IC à 95 %, 1,71-2,51).
Concernant les autres cancers gynécologiques, l’utilisation du LNG-DIU est associée à une réduction de risque de 33% pour le cancer de l'endomètre (adjusted HR, 0.67; 95% CI, 0.56-0.80), de 14% pour le cancer de l'ovaire (adjusted HR, 0.86; 95% CI, 0.75-0.99) et de 9% pour le cancer du col de l'utérus (adjusted HR, 0.91; 95% CI, 0.84-0.99).
Lorsque les auteurs ont stratifié sur l’âge et le statut ménopausique, le risque de cancers gynécologiques et du sein reste globalement similaire parmi les utilisatrices du LNG-DIU.
En conclusion, l'utilisation du LNG-DIU présente des effets spécifiques selon le type de cancer gynécologique, avec un risque augmenté pour le cancer du sein et un risque réduit pour les autres cancers gynécologiques.
Il faut cependant noter que l’augmentation de risque pour le cancer du sein reste faible et que ces résultats sont limités par le design observationnel de l’étude.
Les recommandations cliniques doivent tenir compte de ces résultats et évaluer les bénéfices et les risques pour chaque patiente. Une surveillance attentive est recommandée chez les femmes ayant des antécédents familiaux de cancer du sein quant à l’utilisation de cette méthode contraceptive.
Yi H, Zhang N, Huang J, Zheng Y, et al. Association of levonorgestrel-releasing intrauterine device with gynecologic and breast cancers: a national cohort study in Sweden. Am J Obstet Gynecol. 2024 May 15:S0002-9378