Risques de cancer chez les patientes ayant accouché apres assistance médicale a la procreation

Le but de l’étude de MM. REIGSTAD et coll. (Université d’OSLO (Norvège), National Cancer Institute BETHESDA (USA)) était de rechercher si les patientes ayant donné naissance à un enfant après assistance médicale à la procréation ont un risque accru de cancer, en comparaison d’une cohorte témoin de patientes ayant donné naissance à un enfant après grossesse spontanée.

De très nombreuses études portant sur les risques d’augmentation de cancers de plusieurs types chez les patientes ayant eu des traitements hormonaux, notamment induction d’ovulation pour AMP, ont déjà été effectuées avec des résultats très variables, voire contradictoires.

De nombreuses études ont également rapporté que l’infertilité pouvait, par elle-même, être un facteur contributif d’un risque élevé sur le plan oncologique.

  • Caractéristiques de l’étude :

La « cohorte » étudiée représentait l’ensemble des femmes enregistrées dans le « medical birth registry of Norway » entre le 1er janvier 1984 et le 31 décembre 2010, soit un nombre de 812 986 patientes.

Parallèlement, ont été étudiés les cas de cancers à partir du « cancer registry of Norway » : le suivi a porté depuis la première grossesse jusqu’à la période d’observation du premier cas de cancer jusqu’à décembre 2010.

- Sur l’ensemble de la population étudiée (n = 806 248), 16 525 patientes ont accouché suite à un traitement d’assistance médicale à la procréation.

Les cas de cancers recherchés ont porté sur l’ensemble des tumeurs malignes, plus précisément les cancers du col et du corps utérin, les cancers de l’ovaire, du système nerveux central (SNC), les cancers de la thyroïde, colorectaux et les mélanomes malins.

  • Résultats :

- Sur un total de 22 282 patientes ayant présenté un cancer, 338 patientes avaient bénéficié d’un traitement d’AMP et 21 944 avaient eu une grossesse spontanée.

- Le suivi moyen chez les patientes ayant bénéficié d’une AMP était de 7,3 ans, chez les patientes ayant eu une grossesse spontanée, de 16 ans ; ces dernières patientes (non-AMP) étaient plus jeunes au début du suivi et plus âgées à la fin du suivi.

- Les résultats ont montré un risque plus élevé de cancer chez les patientes ayant eu un traitement d’AMP :

  • Le HR pour cancer du SNC était de 1,50 ;
  • L’analyse du risque de tout type de cancer a montré un HR de 1,16 ;
  • Le HR pour cancer de l’ovaire était de 2,00 ;
  • Les auteurs ne retrouvent pas de différence significative en termes de cancers du col ou du corps utérins, cancers du sein, cancers de la thyroïde.

Les résultats montrant un risque plus élevé de certains types de cancers chez les patientes ayant bénéficié d’une AMP ne sont plus significatifs après ajustement et analyse multifactorielle.

Les auteurs reconnaissent une importante limitation de cette étude, liée :

  • à une durée du suivi trop courte,
  • biais de sélection notamment pour les cancers du col utérin et des cancers de l’ovaire du fait du manque d’information sur des éléments à risque, tels que : index de masse corporelle, type de l’infertilité, niveau socio-économique, usage préalable de contraceptifs oraux, administration d’un traitement hormonal substitutif, type et nombre de cycles de traitement d’induction d’ovulation administrés.

Les auteurs reconnaissent par ailleurs que l’âge moyen de la population à la fin de l’étude est jeune (âge moyen : 42 ans), alors que l’âge moyen de survenue de plusieurs types de cancers, notamment les cancers du sein et des ovaires, varie entre 49 à 51 ans.

Les auteurs concluent néanmoins en la nécessité d’une information complète et d’un suivi à plus long terme, avec des mesures diagnostiques préventives, quand elles sont possibles, des cancers gynécologiques et/ou mammaires, et du risque encore difficile à évaluer de survenue de lésions du système nerveux central.

 

Cancer risks among parous women following assisted reproductive technology – MM. REIGSTAD et Coll. - Human Reproduction vol.30 n° 8 - page 1952-1963 - 2015

 
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