Lésions de haut grade du col : quels risques à long terme sur les autres localisations de l'HPV ?

Les patientes ayant présenté une lésion de haut grade du col utérin restent à risque élevé de voir se développer une lésion invasive du col et doivent donc rester sous une stricte surveillance prolongée (surveillance dont les modalités précises seront bientôt proposées par une nouvelle recommandation de l'INCa en cours de travaux actuellement), mais en dehors du col utérin les HPV peuvent induire d'autres lésions pré néoplasiques ou néoplasiques: au niveau de la filière génitale (vagin, vulve), de la filière anale ou de la sphère ORL?

Les auteurs Néerlandais de cette étude ont donc analysé les registres anatomopathologiques de 2 groupes de patientes : 89.018 patientes ayant présenté une CIN3 et un groupe contrôle identique mais sans antécédent lésionnel de CIN3 entre 1990 & 2010.

Ainsi le risque d'incidence relative pour un cancer invasif de l'anus était de 3.85 (95% CI, 2.32 à 6.37) de  6.68 (95% CI, 3.64 à 12.25) pour une néoplasie anale de Grade 3 (AIN3), le risque relatif de cancer vulvaire était de 4.97 (95% CI, 3.26 à 7.57), et de 13.66 (93% CI, 9.69 à 19.25)pour une lésion vulvaire de grade 3 (VIN3), pour le cancer du vagin ce risque monte à 86.08 (95% CI, 11.98 à 618.08), et curieusement inférieur à 25.65 (95% CI, 10.50 à 62.69) pour les lésions vaginales de haut grade (VAIN3), enfin et ce qui est nouveau, il existe un risque augmenté à  5.51 (95% CI, 1.22 à 24.84) pour les cancer oropharyngés !

Il est donc important dans l'avenir de mettre en place une surveillance prolongée certes pour les localisation vaginales et cervicales ce qui est habituel et qui peut reposer sur une surveillance cytologique ou plus probablement virologique avec les colposcopies de diagnostic dès lors qu'une anomalie est détectée. Mais les localisations anales ou oropharyngées sont encore mal évaluées et leur dépistage inexistant, faudra-t-il envisager un prélèvement anal régulier? mais sous quel forme: cytologique?? ou plus probablement virologique  par un test HPV? avec quelle régularité? l'anuscopie dite de haute résolution qui est en fait une "colposcopie" du canal anal sous acide acétique devra -t-elle faire partie de l'arsenal diagnostique des proctologues après un test positif ? l'identification des précurseurs est -elle aussi précise? de même au niveau ORL, comment envisager le dépistage: un écouvillonnage pharyngé?

Il devient important d'y songer et de tenter d'apporter une réponse aux patientes qui s'inquiètent de la médiatisation de ces cancers HPV dépendants.

J Clin Oncol. 2017 May 25:JCO2016714543. doi: 10.1200/JCO.2016.71.4543. [Epub ahead of print]

Long-Lasting Increased Risk of Human Papillomavirus-Related Carcinomas and Premalignancies After Cervical Intraepithelial Neoplasia Grade 3: A Population-Based Cohort Study.

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