Traitement des VaIN 2-3 : Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ?

Les lésions précancéreuses du vagin sont infiniment plus rares que celles du col mais toujours préoccupantes car les options thérapeutiques sont multiples et aucune ne fait l’unanimité. Une rapide revue de la littérature montre qu’ont été utilisés l’excision  chirurgicale, la destruction laser, la destruction  par électrocoagulation, la radiothérapie, l’application locale de 5 Fu, d’imiquimod, l’interféron. Toutes ces méthodes donnent des résultats variables, souvent bons mais au prix d’une morbidité non négligeable, ne mettent pas à l’abri de récidives et d’évolution ultérieure vers l’invasion. Les VaIN survenant plus fréquemment après la ménopause, les estrogènes locaux ont été utilisés en association avec les excisions ou destructions mais jamais comme seul recours thérapeutique. A notre connaissance l’étude du MD Anderson Cancer Center de Houston est la première qui montre les bons résultats de cette  thérapeutique utilisée isolément [1]. Elle porte sur 106 patientes VaIN 2-3, diagnostic posé sur la cytologie vaginale, l’histopathologie ou les deux. 83 ont pu être suivies 7 à 117 mois (moyenne 43 mois). 73 étaient ménopausées er 73 avaient eu une hystérectomie. 4 n’ont eu aucun traitement. 79 ont bénéficié d’un ou plusieurs des traitements suivants : vaginectomie, excision  localisée au bistouri ou à l’anse diathermique, vaporisation laser, application locale de 5 FU ou d’estrogènes. 40 patientes n’ont reçu que le traitement local par estrogènes. Guérison ou régression ont été observées chez 85,5% des 83 patientes  (la régression étant définie par l’absence de lésion de haut-grade à la colposcopie et un frottis bas grade ou ASC-US) et 90% des 40 traitements estrogéniques isolés. Parmi ceux-ci il faut noter 2 échecs (5%), 1 récidive et 1 évolution vers l’invasion.

Au total les résultats de l’application vaginale d’estrogènes sont comparables à ceux des autres méthodes thérapeutiques et ceci sans morbidité à la différence

des autres. Cette option thérapeutique nous semble devoir être envisagée en première intention sous surveillance attentive en raison de la possibilité d’évolution vers l’invasion heureusement rare et rencontrée quel que soit le traitement choisi ; nous souscrivons sans réserve à la proposition des auteurs : application vaginale d’estrogènes au coucher 2 à 3 fois par semaine, premier contrôle à 3 mois, puis tous les 6 mois jusque guérison ou régression, puis surveillance annuelle.
 

 Vaginal Intraepithelial Neoplasia (VaIN 2/3) : comparing clinical outcomes of treatment with intravaginal estrogen. H E Rhodes, L Chenevert, M Munsell (MD Anderson Cancer Center, Houston) J Low Genit Tract Dis.: 2014; 18; 2: 115-21

 
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