Peut-on récupérer d’une insuffisance ovarienne prématurée ?

L’insuffisance ovarienne prématurée (IOP) est un syndrome concernant les femmes de moins de 40 ans et marqué par une augmentation des taux de FSH>30 UI/L associée à des troubles de règles comme une aménorrhée secondaire. L’annonce diagnostique est souvent difficile chez des femmes jeunes, avec souvent un désir d’enfant qui ne peut le plus souvent se concrétiser que par des démarches de don d’ovocytes ou d’adoption. Cependant, des reprises de la fonction ovarienne et des grossesses spontanées sont rapportées chez des patientes avec IOP.

Récemment, l’équipe du Pr Philippe Touraine, à la Pitié Salpêtrière, a cherché à déterminer s’il existait des facteurs prédictifs de reprise d’activité ovarienne chez ces patientes. Trois cent cinquante huit femmes présentant une IOP idiopathique ont été étudiées pendant une moyenne de 58.8 ± 57 mois. Quatre vingt six (24%) ont présenté des caractéristiques évoquant la reprise de la fonction ovarienne, survenant dans 88% des cas dans l’année suivant le diagnostic. Cette reprise était définie par un taux de FSH< 13 UI/l et/ou plus de 2 cycles menstruels spontanés et/ou une grossesse spontanée. Nous avons déterminé l’incidence cumulée de ces formes fluctuantes d’IOP, en fonction de critères cliniques, biologiques, échographiques, histologiques et génétiques en analyse univariée puis multivariée, à 4 ans du diagnostic. En analyse univariée, l’aménorrhée secondaire, l’âge au diagnostic supérieur à 20 ans, les taux d’inhibineB non nuls, la présence de follicules en échographie ainsi que la surface ovarienne  étaient  significativement prédictifs de la survenue d’une IOP fluctuante (p<0.01) alors qu’une association à une maladie auto-immune, les taux d’AMH, la présence de follicules à la biopsie et/ou les anomalies génétiques n’apparaissaient pas prédictifs. Le modèle final en analyse mutlivariée selon le modèle de Cox comportait  l’âge au diagnostic, la surface ovarienne et le taux d’InhibineB ce qui  a conduit à la proposition d’un score incluant ces paramètres permettant de prédire la survenue d’une reprise de la fonction ovarienne chez une patiente donnée, qui sera à valider sur d’autres cohortes. Au final, quinze patientes ont présenté une ou plusieurs grossesses spontanées (16 naissances, 5 fausses couches) ce qui reste un taux de 4% environ  donc très faible

En conclusion, une activité ovarienne intermittente chez les patientes IOP n’est pas un phénomène rare et certains critères pourraient permettre de sélectionner parmi ces patientes, celles plus à même de présenter une fonction ovarienne fluctuante. Cependant, la survenue d’une grossesse reste, quant à elle, le plus souvent peu probable chez ces patientes qui doivent dès lors être encadrées dans leur projet parental.

 

M  Bidet, A Bachelot, E Bissauge, JL Golmard, S Gricourt, J Dulon, C Coussieu, Y Badachi, P Touraine. Resumption of ovarian function and pregnancies in 358 patients with premature ovarian failure. J Clin Endocrinol Metab, 2011, 96:3864-72

 
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