La positivité des anticorps antithyroïdiens altère le pronostic de la grossesse même avec une fonction thyroïdienne normale !

Initialement découverte fortuitement, l’association entre l’existence d’anticorps antithyroïdiens et le risque de fausse couche et de prématurité a fait l’objet de nombreuses études depuis vingt ans. Cette association semblait exister même si la femme gardait une fonction thyroïdienne normale.

Une métaanalyse, réalisée par une équipe anglaise, vient d’être publiée dans le célèbre British Journal of Medicine permettant de préciser ces relations.

Concernant le risque de fausse-couche, 31 études (dont 19 de cohortes et 12 de cas-contrôles) ont été analysées regroupant 12 126 femmes. Dans les études de cohortes, la positivité des anticorps antithyroïdiens multipliait par près de 4 le risque de fausse couche. Dans les études cas-contrôles, cette augmentation du risque, bien que moindre, était presque doublée dans cette population.

Pour ce qui concerne le risque de prématurité, les 5 études regroupant 12 566 femmes retrouvait un risque doublé en cas d’anticorps positifs. On notait cependant que la moyenne des TSH des patientes accouchant prématurément, bien qu’encore dans les normes, était plus élevée de 0,51mUI/L par rapport à celles ayant des anticorps négatifs.

Deux études randomisées ont évalué l’effet d’un traitement par L-thyroxine (administré malgré une fonction thyroïdienne normale) sur le devenir de la grossesse des femmes ayant des anticorps antithyroïdiens positifs. Grâce au traitement, le risque de fausse couche était divisé par 2 et celui de prématurité par 3.

Le mécanisme précis reliant ces auto-anticorps au pronostic gestationnel n’est pas clairement élucidé mais plusieurs hypothèses sont évoquées :

  • les anticorps antithyroïdiens ne pourraient être qu’un épiphénomène d’un processus auto-immun plus complexe,
  • ils pourraient être le témoin d’un dysfonctionnement très subtil de la fonction thyroïdienne avec une difficulté à s’adapter facilement à l’augmentation des besoins en hormones au cours de la grossesse,
  • enfin, il est suggéré que ces anticorps pourraient avoir un rôle direct au niveau placentaire ou être le reflet d’une activation généralisée du système immun impliqué dans l’interface materno-fœtale.

Cet article permet de mettre en évidence l’association entre risque de fausse couche ou prématurité et positivité d’anticorps antithyroïdiens, chez des femmes dont la fonction thyroïdienne reste normale. Des études préliminaires montrent l’intérêt d’un traitement par L-thyroxine mais il s’agit d’études sur peu de patientes et sans évaluation de paramètres potentiellement négatifs. D’autres études devront à l’avenir confirmer l’intérêt de ce traitement ainsi que son innocuité pour la mère et l’enfant.

Thangaratinam S, Tan A, Knox E, Kilby M D, Franklyn J, Coomarasamy A. Association between thyroid autoantibodies and miscarriage and preterm birth: meta-analysis of evidence. BMJ 2011;342:d2616 doi:10.1136/bmj,d2616.

 
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