Cancers du sein avec atteinte ganglionnaire importante, la très petite taille pourrait être synonyme d’agressivité

Effect of Very Small Tumor Size on Cancer-Specific Mortality in Node-Positive Breast Cancer

Jennifer Y. Wo, Kun Chen, Bridget A. Neville, Nancy U. Lin, and Rinaa S. Punglia

Wo et al. J Clin Oncol 29:2619-2627. 2011

La taille tumorale est un des facteur pronostique indépendant majeur du cancer du sein. Il est ainsi considéré que les tumeurs acquièrent généralement leur capacité à métastaser assez tardivement dans leur évolution et donc alors que le volume tumoral est déjà important. Les auteurs de cette étude parue dans le JCO ont formulé l’hypothèse que les tumeurs caractérisées par une faible taille tumorale et un fort envahissement ganglionnaire auraient acquis ce pouvoir métastatique très tôt et qu’elles seraient donc associées à un pronostic péjoratif en termes de survie spécifique.

Wo et al. ont étudié une série de plus de 50.000 patientes suivies pour un cancer du sein canalaire infiltrant non-métastatique traité entre 1990 et 2002. Parmi les patientes avec plus de 3 ganglions axillaires envahis, les 320 dont les tumeurs mesuraient entre 5 et 10mm (pT1b) avaient, à 8 ans, une probabilité de décéder de leur cancer diminuée de 40%, en risque relatif, par rapport aux 81 dont les tumeurs mesuraient moins de 5mm (pT1a) (P=0,02; HR, 0,60; IC95%, 0,39 à 0,91). La survie spécifique à 8 ans était ainsi 74% chez les pT1b et de de 62% chez les pT1a. Cela se vérifiait dans la sous-population de tumeurs ER- mais en revanche ni pour les tumeurs ER+, ni en cas d’envahissement ganglionnaire moindre (pN0 ou pN1). Le risque de décès spécifique ré-augmenterait à partir d’une taille entre 10 et 20mm.

Les limitations de cette étude sont inhérentes à celles des études provenant de la base de données du SEER de la période de traitement considérée : manque de données histo-pathologiques (notamment HER2, emboles vasculaires, absence de relecture centralisée…) et de données quant aux traitements adjuvants. Il est cependant peu probable que les patientes avec tumeurs pN2 aient reçu un traitement systémique sub-optimal du fait de la petite taille tumorale.

Cette observation, si elle est vérifiée dans d’autres études, supporte l’hypothèse selon laquelle l’acquisition du pouvoir « métastasiant » pourrait être précoce chez certaines tumeurs et serait alors liée à un pronostic défavorable. 

 
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