La recommandation française pour la surveillance post thérapeutique des lésions de haut grade consiste à réaliser un test HPV 6 mois après la « conisation » (quelle que soit la méthode thérapeutique utilisée, le plus souvent aujourd’hui la résection à l’anse diathermique) et, en cas de positivité du test HPV il est recommandé de pratiquer une exploration colposcopique afin d’identifier une éventuelle lésion résiduelle (ou persistante).
Néanmoins certains préfèrent associer un examen cytologique (ce que l’on appelle le co-testing) afin -pensent-ils- d’améliorer la sensibilité du dépistage des éventuelles lésions résiduelles. C’est d’ailleurs la recommandation adoptée par de nombreux pays scandinaves dont la Suède, alors que les Etats Unis proposent eux, un test HPV à 6 Mois puis à 18 & 30 mois après le traitement avant de passer à un rythme de surveillance plus espacé.
L’étude présentée ici, compare la sensibilité (SS), spécificité (SP) et la valeur prédictive négative (VPN) du test HPV utilisé seul, au co-testing (HPV+cytologie) sur une population de patientes : 3540 patientes ayant bénéficié d’une conisation pour lésion de haut grade à Uppsala en Suède (entre janvier 2005 & Décembre 2019) et suivies par test HPV seul ou co-testing et donc suivies en moyenne pendant 9 ans…
Le taux global de récurrence de lésion de haut grade était de 8% à 3 ans et de 10 % à 9 ans survenant en moyenne dans les 4 ans après le traitement initial.
La sensibilité et VPN du test HPV utilisé seul était de 69% et 97% versus 74% et 98% pour le co-testing, différence qui n’était pas significative et de plus et surtout la spécificité du test HPV seul était significativement supérieure à celle du co-testing (88 vs 75).
Parmi les patientes HPV négatives à 6 mois (TOC = test of cure) seules 0,55% ont développé une lésion de haut grade au cours des 9 ans de surveillance
Parmi les patientes présentant un co-testing positif (n=402), 88 avaient une cytologie positive et un test HPV négatif, 7 sur 88 ont développé une lésion de haut grade soit seulement 7.9 %, pour 92 % d’explorations possiblement inutiles…
Au cours de la surveillance 19 cancers sont survenus (0,54%), aucun d’entre eux n’a montré de situation où les tests HPV étaient négatifs et la cytologie seule positive
Les auteurs concluent donc (comme confirmation de notre recommandation nationale) que le test HPV utilisé seul est suffisant comme test de surveillance (TOC) à 6 mois et que l’adjonction de la cytologie est inutile au dépistage des lésions récurrentes, voire nuisible dans la mesure où cela peut imposer des examens colposcopiques inutiles et par ailleurs économiquement peu rentable… et de surcroit ils suggèrent que le test HPV pourrait être utilisé comme auto-prélèvement chez certaines patientes traitées mais perdues de vue ou difficiles à surveiller ?
La seule question qui reste encore en suspens est celle du timing de la répétition de ces tests HPV après 6 mois ? faut-il une confirmation comme celle proposée aux USA à 18 mois ?
HPV testing alone as a test of cure after treatment with cervical loop excision: a retrospective register-based cohort study.
Håstad E, Aarnio R, Bergengren L, Olovsson M.Infect Agent Cancer. 2025 Aug 27;20(1):59. doi: 10.1186/s13027-025-00690-y.
