Risque de cancer du sein, gynécologique ou autre lors de l’utilisation de contraception progestative de longue durée d’action

Les contraceptions de longue durée d’action (LARC) sont de plus en plus utilisées ces 20 dernières années avec une efficacité supérieure et de moindres contraintes comparativement aux autres méthodes contraceptives. Ce terme regroupe les dispositifs intra-utérins (DIU au cuivre ou au lévonorgestrel), l’implant sous-cutané, et les injections de médroxyprogestérone (ces dernières étant moins utilisées en France du fait de leurs effets secondaires négatifs). Les avantages des LARC associent donc leur action prolongée, allant de quelques mois jusqu’à huit ans (voire plus pour certains DIUs), à la possibilité d’être utilisés en cas de pathologies estrogéno-dépendantes.

La contraception orale combinée réduit le risque de cancer de l’endomètre et des ovaires mais augmente légèrement le risque de cancer du sein et du col de l’utérus. Il est important de pouvoir déterminer si les LARC, en particulier celles contenant un progestatif, ont également un impact sur le risque de cancer.

En 2023, une méta analyse rapportait une augmentation de 20 à 30 % du risque de cancer du sein chez les femmes utilisant une contraception progestative, quel qu’en soit le type. Dans ce rapport, ce risque persistait 10 ans ou plus après la dernière utilisation. Deux autres études avaient évalué les effets du DIU au lévonorgestrel et retrouvaient une réduction de 40 à 50 % du risque de cancer de l’ovaire. De même, une analyse poolée rapportait que les injections de médroxyprogestérone étaient associées à une diminution de 35 % du risque de cancer de l’ovaire. Les études sur les autres types de cancers étaient très limitées, mais certaines suggéraient que le DIU au lévonorgestrel pourrait protéger du cancer de l’endomètre et du cancer du col.

Des auteurs australiens ont cherché à analyser l’association entre l’utilisation d’une contraception progestative de type LARC (DIU au lévonorgestrel (68 mg), implant à l’étonogestrel et injections d’acétate de médroxyprogestérone) et le risque de développer des cancers : sein, endomètre, ovaires, col ou autres cancers.

Ils ont ainsi étudié une cohorte de femmes australiennes, ayant eu un cancer entre 2004 et 2013 (n= 176 601) et les ont comparés à des femmes indemnes appariées (n= 882 999)

Le DIU au lévonorgestrel et l’implant à l’étonogestrel semblaient associés à une légère augmentation du risque de cancer du sein (OR= 1,26, intervalle de confiance à 95 % : 1,21 à 1,31 et OR=1,24 IC à 95 % :1,17 à 1,32 respectivement) du même ordre que celle liée aux contraceptions orales.

À l’inverse, certains risques de cancers étaient diminués passée la première année d’utilisation du DIU au lévonorgestrel pour le cancer de l’endomètre (OR= 0,80 IC à 95 % : 0,65 à 0,99), de l’ovaire (OR = 0,71 IC à 95 % :0,57 à 0,88) et du col de l’utérus (OR=0,62 IC à 95 % : 0,51 à 0,75). Une légère augmentation de risque de cancer de l’endomètre apparaissait cependant pour les femmes ayant utilisé le DIU hormonal moins de 12 mois, ce qui correspond probablement à son indication chez des femmes qui avait déjà une pathologie comme une hyperplasie endométriale

Concernant l’implant à l’étonogestrel, les auteurs notaient une diminution du risque de cancer de l’endomètre (OR= 0,21 IC à 95 % : 0,13 à 0,34) et du cancer de l’ovaire (OR= 0,76 IC à 95 % : 0,57 à 1,02). Pour les injections de médroxyprogestérone, ils notaient également une réduction du cancer de l’endomètre (OR= 0,21 IC à 95% : 0,13 à 0,34).

Bien que ces trois LARC semblaient associées à une augmentation globale du risque de cancer, le niveau de base était retrouvé après arrêt de la méthode. Les auteurs n’ont pas pu ajuster sur tous les facteurs confondants, mais des analyses de sensibilité suggèrent que l’ajustement pour la parité, le tabac, l’obésité ne modifierait pas ces données.

Pour ce qui concerne les autres types de cancers, l’utilisation du DIU hormonal semblait associée à une augmentation du risque du cancer colo-rectal, de mélanome, cancer thyroïdien, mais une diminution du risque de cancer pulmonaire. L’utilisation de l’implant, quant à lui, ne semblait, à l’inverse, pas associée à d’autres types de cancers bien qu’une utilisation récente de courte durée pourrait être associée avec un risque de mélanome et de cancer de la thyroïde.

Cette étude semble donc montrer que les LARC sont associées à une augmentation du risque de cancer du sein d’une amplitude sensiblement identique à celle de la contraception orale. L’utilisation du DIU hormonal ou de l’implant semble associée à une diminution du cancer de l’endomètre (si >12 mois) ou du cancer épithélial ovarien. L’utilisation de plus d’un an de DIU hormonal (mais pas de l’implant ni des injections) apparait être associée à une diminution du cancer du risque du col de l’utérus. L’utilisation du DIU au lévonorgestrel et de l’implant semble également associée à une augmentation du risque de cancer de la thyroïde et un mélanome. Il pourrait cependant s’agir de surdiagnostics chez les femmes utilisant une contraception ayant un meilleur accès médical.

L’utilisation des LARC, comme la pilule contraceptive, semble associée à une diminution du risque de cancer de l’endomètre et des ovaires et une légère augmentation du risque de cancer du sein. Ces notions, bien qu’importantes, font rarement renoncer à l’utilisation des LARC car la balance bénéfice-risque reste le plus souvent très positive !

 


Tuesley KM, Spilsbury K, Pearson SA, Donovan P, Obermair A, Coory MD, Ali S, Pandeya N, Stewart L, Jordan SJ, Webb PM. Long-acting, progestin-based contraceptives and risk of breast, gynecological, and other cancers. J Natl Cancer Inst. 2025 May 1;117(5):1046-1055.

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