Quels impacts psychologiques après une interruption volontaire de grossesse ?

Le 26 Novembre 1974, Simone Veil portait à la tribune de l’Assemblée Nationale la voix des femmes et de leur détresse face à l’avortement. 45 ans plus tard, c’est plus de 200 000 avortements qui ont lieu en France chaque année. L’impact psychologique d’une IVG (Interruption volontaire de grossesse) dans la vie des femmes est parfois un sujet difficile à aborder de manière sereine tant il suscite des réactions passionnées et des points de vue tranchés.
Si l’on s’en tient aux conclusions d’une étude publiée en décembre 2016 dans le magazine Jama Psychiatry, avorter n’augmenterait pas le risque de troubles psychologiques chez les femmes vivant une grossesse non désirée. En revanche, celles qui seraient contraintes de poursuivre leur grossesse présenteraient, au contraire, des signes d’anxiété, de stress, voire de détresse psychologique. Un avortement refusé aurait donc des conséquences psychologiques pires, ou du moins aussi négatives, que lorsqu’une femme choisirait d’avorter.

Personne n’avorte de gaieté de cœur !

Avorter est tout sauf un acte anodin, même si les femmes ont pleinement conscience de leur décision, même si le choix d’avorter est fait en pleine conscience, que les choses sont claires dans leur esprit, cet acte peut s’avérer parfois traumatisant ! Le sentiment qui reste le plus présent après coup sera la culpabilité ! Culpabilité d’avoir dû faire ce choix, culpabilité d’être tombée enceinte, culpabilité de ne pas avoir pu éviter cette situation…. Bien sûr toutes les femmes ne vivent pas la suite de l’IVG de la même manière, pour certaines, c’est un acte silencieux, pas agréable, mais non traumatisant.

A chaque situation, un ressenti différent !

Il est difficile d’estimer l’impact psychologique d’un avortement tant les spécificités individuelles et la variété des situations diffèrent. Comment comparer en effet, le cas d’une jeune fille mineure enceinte qui vient de rompre avec son petit ami, avec celui d’une femme de 40 ans, déjà mère de 2 enfants et dont le conjoint refuse un troisième bébé ? Sans parler du cas des victimes de viols…..

Au-delà d’un acte biologique, c’est surtout et avant tout toute la réalité psychique de chaque femme, dans ses particularismes qui doit être évaluée. Il est essentiel de questionner les femmes sur leurs appréhensions, leurs peurs, leurs visions de l’acte en lui-même afin de les préparer et leur donner les clés nécessaires pour la suite de leur parcours.

Quand l’IVG refait surface … à l’ occasion de difficultés !

Il n’est pas rare que lorsque les femmes ont un désir d’enfant après cet épisode, et que des difficultés pour tomber enceinte apparaissent cette culpabilité si fortement ressenti lors de l’avortement refasse surface.

Elles ont parfois un sentiment d’être « passées à côté de leur chance », et le vivent comme une « punition ». Cette IVG, alors qu’il semblait digéré vient perturber de nouveau le psychisme des femmes, et apparaître comme une tâche dans le passé des femmes.

Il semble donc indispensable, lorsque ce type de processus se met en place, de proposer aux femmes d’être aidées pour évacuer et poser des mots sur les angoisses qui surgissent ! Poser des mots sur la culpabilité, la souffrance et parfois la honte. Il arrive que certaines femmes n’aient pas évoqué à leur compagnon cet acte qu’elles trouvent parfois encore inavouable de peur du regard qu’ils porteront sur elles.

Simone Veil disait que personne ne recourait à l’avortement de gaieté de cœur, cette phrase est toujours aussi vraie aujourd’hui, même s’il peut être pratiqué en toute liberté en France, c’est dans les esprits et dans la société que les verrous existent encore ! Les femmes se sentent jugées et mal à l’aise même vis-à-vis du personnel soignant. Il est donc nécessaire, voire indispensable, de prévoir un accompagnement dans la prise en charge des IVG et de prendre en compte cet aspect dans la suite des parcours et de lui donner pleinement sa place, sans jugement et avec bienveillance ! 

 
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