IVG : peut-elle avoir un impact sur la santé psychique des femmes ?

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Depuis 1973 aux états unis, et 1975 en France, l’avortement ou Interruption Volontaire de Grossesse (IVG) est autorisé par la loi. Au delà de nombreux débats philosophico-politiques, se pose la question du risque de cette pratique sur la santé psychique des femmes.

Parmi les nombreuses études publiée sur ce thème, certaines montrent un lien entre pathologies psychiatriques et avortement ; d’autres concluent qu’il n’y a pas plus de risque après une IVG qu’après une grossesse non désirée menée à terme. Le sujet, très polémique, nécessite une grande rigueur scientifique.

L’objectif de cette méta-analyse, publiée en 2011 dans le British Journal of Psychiatry, était d’évaluer l’association entre avortement et indicateurs de mauvaise santé psychique : dépression, anxiété, abus de toxiques ou comportement suicidaire.

Les articles étudiés ont été soumis à de nombreux critères: date de publication entre 1995 et 2009, population minimum de 100 femmes, comparaison à un groupe témoin, etc… Après sélection, seules 22 études comprenant 36 mesures de l’état mental ont été incluses dans la méta-analyse, concernant 877 181 patientes dont 163 831 ayant interrompu leurs grossesses.

 Les femmes ayant subit une IVG présentent une augmentation de 81% du risque de trouble mentaux (95% IC 1.57-2.09, P<0,0001) par rapport à celles n’ayant jamais avorté. Parmi les pathologies évaluées, les risques de consommation de cannabis (OR= 3.30, P=0.001), comportements suicidaires (OR= 2.55, P=0.006), surconsommation d’alcool (OR= 2.10, P<0.0001), dépression (OR= 1.37, P<0.0001), et d’anxiété (OR= 1.34, P<0.0001) sont tous significativement augmentés.

Le risque évalué était en fait différent selon le groupe contrôle (femmes du même âge, femmes ayant mené à terme une grossesse, désirée ou non). De plus, il importe de rester vigilant et de garder un esprit critique vis à vis de ces résultats alarmants : les études ont été réalisées principalement dans des pays où l’IVG reste un sujet extrêmement sensible. Cette méta-analyse ne peut en aucun cas remettre en question la pratique de l’IVG. Il importe néanmoins que les praticiens soient avertis de ce risque potentiel, et encadrent leurs patientes en conséquence. Après l’avortement, il est d’ailleurs actuellement recommandé de revoir les femmes dans le mois qui suit.

Coleman P. Abortion and mental health: quantitative synthesis and analysisof research published 1995 −2009. BJP 2011, 199:180-186.

 
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