La santé du point de vue des femmes !

Il est vrai que les femmes vivent plus longtemps que les hommes. Mais vivent-elles plus longtemps en meilleure santé ? pas si sûr...

Les femmes ont une vision et un rapport différents des hommes concernant la gestion de leur santé. Il n’est pas question de cliver mais de regarder comment les femmes intègrent leur santé et les parcours de soin dans leur quotidien et quelles en sont les conséquences.

Attendre d’être malade !

En 2021, AXA assurances a publié une étude enrichissante sur la santé des femmes. Le premier item à noter dans le rapport est qu’elles attendent d’être malades pour consulter. C’est seulement après avoir ressenti des symptômes sur la durée, ou après que l’automédication a fait (ou non) son effet, que les femmes décident alors de consulter. Cela engendre donc des prises en charge tardives et dites « d’urgence ».

L’incidence du niveau social

D’après cette étude d’AXA, être en bonne santé n’est pas toujours perçu de la même manière selon le niveau social des femmes. La définition de l’OMS sur ce sujet est « un état de complet bien-être physique, mental et social, qui ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité ».

Il est à noter que les femmes issues des catégories dites supérieures intègrent plus dans la notion de bonne santé, l’idée du bien-être psychologique, alors que les catégories, dites moyennes ou populaires, associent une bonne santé au simple fait de ne pas être malade physiquement.

Les femmes sont en plus grand nombre touchées que les hommes par la dépression et l’anxiété et sont plus souvent hospitalisées pour des cas de dépressions lourdes.

Ajoutons à cela la notion de « charge mentale » qui est plus ressentie par les femmes car elles sont le plus souvent le pilier organisationnel de la famille. Cela les amène dans 81 % des cas (enquête Axa) à plus s’inquiéter de la santé de leurs proches que de la leur. Elles négligent ainsi les suivis médicaux.

Dans cette même étude les femmes déclarent, pour une majorité, que la prévention est de leur responsabilité notamment sur les questions de poids, de stress ou encore de sport. Mais elles n’arrivent donc pas à les intégrer à leur quotidien, à cause de la charge mentale.

Des pathologies mal connues pour les femmes

35 % des femmes ont la sensation de subir des clichés ou stéréotypes à leur encontre lors de leurs rendez-vous médicaux (enquête Axa).

Par exemple, certaines pathologies sont moins bien diagnostiquées chez les femmes que chez les hommes par manque d’informations sur les risques qu’elles encourent. L’infarctus du myocarde est la première cause de mortalité chez les femmes en France, mais l’information est peu connue et ainsi 80 % d’entre elles méconnaissent les symptômes de l’infarctus chez la femme. Ainsi seulement 42 % (source Axa) des femmes consultent pour leur cœur.

Dans l’imaginaire collectif cette pathologie est totalement associée à un danger pour les hommes et non pour les femmes.

L’endométriose, quant à elle, qui est une pathologie uniquement féminine nécessite en moyenne encore plusieurs années avant d’être diagnostiquée. Les femmes déclarent que les préjugés liés à la sensibilité, et au fait qu’elles soient plus « douillettes » sont pendant longtemps venus brouiller le message que délivraient les femmes sur leur ressenti et leur douleur.

Plus de dépistages sans justifier d’un désir d’enfant !

Il faut enfin souligner que les dépistages de nombreuses pathologies se font lors du désir d’enfant ou de la grossesse. Pour nombre de couples en PMA, c’est lors des bilans de fertilité préalables à la prise en charge que les patients et patientes découvrent leurs pathologies. Ce qui est souvent un choc, car il faut digérer et accepter de manière rapide et sans délai les informations. Il arrive souvent que le cumul des difficultés, celles de procréer, plus celles de la découverte des raisons de ces difficultés, ajoutées à la pression que s’imposent les couples- deviennent émotionnellement un cocktail explosif, qui a un impact négatif sur l’état psychologique des patients !

L’anticipation des dépistages permettrait notamment aux femmes, une meilleure prise de décision pour leur désir ou envie de maternité si celui-ci existe. Mais aussi de mieux vivre au quotidien certaines pathologies type endométriose ou ovaires polykystiques car ces problématiques ne sont pas et ne doivent pas être considérées uniquement dans le cadre de la fertilité mais bien dans un cadre général de recherche du bien-être ! Rappelons qu’en 2022, 30 % des femmes françaises déclaraient ne pas vouloir d’enfants.

Conclusion

Cette tendance actuelle est portée par de nombreuses voix qui réclament un plan national de Santé de la Femme (associations, professionnels de santé et politiques) comme le font les Anglais qui sont en train de travailler sur ce sujet actuellement !

Il ne s’agit pas d’une vision féministe mais plutôt d’une manière de traiter les femmes dans leurs différences au même titre que la prise en charge doit être adaptée pour les hommes.

Cette démarche préconise surtout plus de prévention, plus de dépistage et donc moins de prise en charge tardive et dans l’urgence. Une prise en charge plus précise et tout au long de la vie et moins au coup par coup sans parfois de prise en compte du passif des patientes.

Il faut donc suivre en 2023 cette tendance et les travaux qui sont en cours.