Patientes HPV négatives: faut-il espacer les contrôles?

La réalisation d’un Test HPV dans le cadre du dépistage primaire semble avoir montré sa supériorité en matière de sensibilité par rapport au « traditionnel » dépistage cytologique, même si c’est sa spécificité qui pose les principaux problèmes : en effet une patiente HPV positive, n’est pas « forcement » porteuse d’une lésion (mais d’un risque plus élevé).

Ainsi une équipe de Hanovre en Allemagne dirigée par Karl Ulrich Petry a mis en place un essai clinique avec réalisation d’un double test initial cytologique et virologique (utilisant HPV Hybrid capture 2) suivi d’une surveillance cytologique annuelle pendant 5 ans chez des patientes âgées de plus de 30 ans, avec réévaluation d’un sous groupe représentatif des patientes par cytologie, colposcopie et virologie après 5 ans chez les patientes initialement doublement négatives pour la cytologie et la virologie (au total 4236 patientes incluses).

Ainsi chez les patientes contrôlées annuellement le taux global (au cours des 5 années) d’anomalies cytologiques chez ces patientes (initialement toutes doublement négatives) a été de 14,4 % mais aucune de ces anomalies cytologiques n’a pu permettre de découvrir une lésion de CIN2+ au cours de ces 5 années.

Chez les patientes re-testées après 5 ans (397 cas) seules 9 patientes (3%) étaient devenues HPV positives et parmi celles-ci seules 3 (1%) présentaient une anomalie cytologique sans aucun cas de CIN2+, ce qui permet de faire conclure aux auteurs que le risque de lésion de haut grade chez des patientes initialement doublement négatives est très faible et permet d’espacer les contrôles car des examens trop rapprochés pourraient conduire à des investigations diagnostiques voire thérapeutiques souvent inutiles et peu cout-efficaces.

Cette étude semble donc montrer l’intérêt pour les médecins comme pour les patientes d’un test HPV négatif qui permet semble-t-il à juste titre de rassurer une patiente après un double test négatif et ainsi d’espacer les contrôles cytologiques, mais la population étudiée ici est un peu numériquement limitée pour avoir une véritable portée de santé publique, d’autre part l’âge moyen des patientes est plus élevé que celui de nos patientes et par ailleurs manque cruellement d’exhaustivité au cours de la surveillance. Elle permet toutefois de bien montrer les faibles risques évolutifs de ce type de population que l’on voit encore trop souvent sur-explorées au cours de nos consultations.

 

BMC Cancer. 2013 Aug 9;13:379. doi: 10.1186/1471-2407-13-379.

Annual Papanicolaou screening for 5 years among human papillomavirus-negative women.
 

Petry KU, Rinnau F, Böhmer G, Hollwitz B, Luyten A, Buttmann N, Brünger M, Iftner T.

 
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