Assistance médicale à la procréation : Rapport de l’agence de biomédecine sur l’activité et les résultats de l’année 2018

L’Agence de Biomédecine rapporte sur son site www.agence-biomedecine.fr l’ensemble des activités d’AMP réalisées en France en 2018.
Ce rapport établit également l’évolution d’activités des différentes techniques d’AMP, des activités liées aux dons d’ovocytes et à la préservation de la fertilité.
 

Evolution de l’activité d’AMP entre 2015 et 2018

Le rapport de l’Agence de Biomédecine montre que l’activité en AMP entre 2015 et 2018 est relativement stable :
- les inséminations artificielles avec sperme de conjoint (IAC) sont en légère diminution, mais représentent un pourcentage relativement stable au sein des activités d’AMP (32 % de l’ensemble des tentatives),
- les transferts d’embryons congelés (TEC) augmentent de façon régulière, ce qui est lié à des pratiques nouvelles : développement du transfert mono-embryonnaire, progrès de la vitrification embryonnaire, prévention des possibilités de grossesses multiples,
- la pratique de la FIV avec ICSI reste stable entre 2015 et 2018, représentant environ 2/3 de l’ensemble des tentatives,
- l’Agence de Biomédecine relève une tendance notable d’augmentation de transferts mono-embryonnaires, quelle que soit la technique utilisée (FIV ou ICSI) : 56,2 % en 2018 / 42,3 % en 2015.
On retrouve cette même évolution en ce qui concerne les TEC : 76,6 % en 2018 / 63,6 % en 2015.
Cela a logiquement conduit à une diminution progressive de la part des grossesses multiples.
Le pourcentage des grossesses gémellaires en 2018 était de 10,2 % / 13,8 % en 2015.
Curieusement, le pourcentage d’accouchements triples en 2018 était de 0,2 % / 0,1 % en 2015.
Le pourcentage de transferts mono-embryonnaires en FIV et ICSI était de 56,2 % en 2018 / 42,3 % en 2015, le pourcentage de transferts mono-embryonnaires en TEC était de
76,6 % / 63,6 % en 2015.

Résultats des techniques de fécondation in vitro (FIV) en dehors de l’ICSI

Depuis 2015, le nombre de protocoles en vue de FIV intraconjugales est relativement stable, mais le rapport de l’Agence de Biomédecine note :
- une augmentation notable de la technique de congélation de la totalité de la cohorte embryonnaire transférable, dénommée « freeze-all » : la stratégie de « freeze-all » embryonnaire représente 15,9 % des ponctions en 2018 / 6,5 % en 2015.
L’évolution de la technique de « freeze-all » est, en grande partie, liée à la prévention du risque d’hyperstimulation ovarienne et au déclenchement d’ovulation par des agonistes de la Lh-Rh.
- l’augmentation des transferts mono-embryonnaires est notable de 2015 à 2018 (59,2 % de transferts mono-embryonnaires en 2018 / 44,4 % en 2015) avec en corollaire, une diminution importante du taux de grossesses multiples, 10 % en 2018 / 14 % en 2015.
- répartition de l’âge des femmes prises en charge en FIV : le rapport ne trouve pas de différence significative entre l’âge moyen des patientes prises en charge : en 2018, 16,1 % des femmes étaient âgées de moins de 30 ans, 32,6 % entre 30 et 34 ans, 22,4 % entre 35 et 37 ans, 13,8 % entre 38 et 39 ans, 14,9 % entre 40 et 42 ans, 0,3 % étaient âgées de plus de 43 ans.
- Résultats de grossesses et d’accouchements en 2018 dans les traitements de FIV : les résultats sont rapportés dans le tableau AMP10 du rapport de l’Agence de Biomédecine.
On ne note pas de différence importante en termes d’issues de grossesse entre 2015 et 2018 : 19.557 ponctions ont été réalisées en 2018 (20.287 en 2015).
En FIV, le pourcentage de transferts embryonnaires par ponctions était en 2018 de 79,1 % / 81,9 % en 2015.
Les taux de grossesse restent stables : 24,7 % d’accouchements par transfert embryonnaire dont 89,8 % d’accouchements uniques et 9,9 % d’accouchements gémellaires.
Le rapport note également une diminution significative du taux de fausses couches spontanées en 2018 (11,5 %) par rapport à 2015 (18,2 %), le taux d’interruption médicale de grossesse est de 1,2 %, stable par rapport à l’année 2015.
Les taux d’accouchements par ponction en protocole FIV en 2018 restent variables selon l’âge des femmes, âge qui reste l’élément pronostique le plus important dans l’assistance médicale à la procréation.
Le taux d’accouchements par ponction est de 26,7 % en dessous de 30 ans, 24,2 % de 30 à 34 ans, 19,5 % de 35 à 37 ans, 14,8 % de 38 à 39 ans, 8 % de 40 à 42 ans et 1,6 % après 43 ans.
A noter que ces chiffres sont communiqués à l’exclusion des résultats de ponctions suivies de la congélation de la totalité de la cohorte embryonnaire.

Résultats de l’assistance médicale en ICSI

66% des ponctions réalisées en 2018 l’ont été dans le cadre d’une fécondation in vitro intraconjugale, chiffre stable depuis 2015.
De même que pour la FIV « classique », le rapport note une augmentation notable des « freeze-all » embryonnaires, 15,4 % des ponctions en 2018 / 7,1 % en 2015.
- ICSI en intraconjugal : résultats en termes d’accouchement : 38.195 protocoles de ponctions avec ICSI ont été réalisés en 2018, chiffre à peu près stable par rapport à l’année 2015.
Il y a eu 78,4 % de transferts embryonnaires par ponctions.
Les résultats en termes d’accouchements sont de 20,1 % d’accouchements par ponctions (en excluant les ponctions suivies de la congélation « freeze-all »), 25,7 % d’accouchements par transferts embryonnaires.
Le rapport note un pourcentage identique à celui de la FIV en ce qui concerne les accouchements uniques (89,6%) et les accouchements de grossesses gémellaires (10%).
Ces résultats sont retranscrits et résumés dans les tableaux AMP18, AMP19 et AMP21 du rapport de l’Agence de Biomédecine

Transferts d’embryons congelés (TEC)

Le rapport note une forte progression entre 2015 et 2018 du transfert d’embryons congelés, plus de 34 %.
Il y a une augmentation notable des chances de procréer après TEC, tout en observant une diminution du taux de grossesses multiples.
- Les TEC réalisés en intraconjugal en 2018 ont permis la naissance de 8.409 enfants. 39.702 décongélations d’embryons ont été réalisées en 2018 (29.568 en 2015).
Le pourcentage de transferts embryonnaires par décongélation est de 96,7 %, ce qui est une progression importante et remarquable.
- Les résultats en termes d’accouchements après TEC sont en 2018 de 20,3 % / 16,5 % en 2015.
- Le taux d’accouchements uniques est de 93 % et d’accouchements gémellaires de 6,5%.
Ces résultats sont résumés dans les tableaux AMP29, AMP30 et AMP31 du rapport de l’Agence de Biomédecine.

Assistance médicale à la procréation : culture embryonnaire prolongée

La culture embryonnaire prolongée permet d’identifier les embryons pouvant se développer in vitro jusqu’au stade de blastocyste.
Cette technique est réalisée dans la quasi-totalité des centres d’AMP et a concerné en 2018 66,5 % des TEC.
Le rapport de l’ABM note que les pratiques de culture jusqu’au stade blastocyste restent hétérogènes selon les centres, pouvant intéresser l’ensemble de la cohorte embryonnaire ou une partie des embryons surnuméraires après un premier transfert.
L’Agence de Biomédecine note que les données transmises ne permettent pas de comptabiliser les tentatives de blastulation au cours desquelles aucun blastocyste n’a été obtenu, n’ayant pas ainsi permis un transfert in utero.
Les résultats de transferts de blastocystes :
- le taux d’implantation est de 30,6 % par blastocyste transféré frais et de 24,3 % par blastocyste après décongélation.
- le taux global d’accouchements par transferts de blastocystes est de 25,5 %, 10.926 enfants sont nés après transfert de blastocystes (9.790 en 2017).
Ainsi, 42,5 % des enfants nés après FIV et FIV ICSI sont issus d’un transfert de blastocyste, cette proportion s’élève à 72,2 % pour les TEC.

De ce fait, l’Agence de Biomédecine encourage les équipes de médecine et de biologie de la reproduction à recourir au transfert d’un seul blastocyste lorsque cela est possible, en fonction du contexte clinique et des conditions d’équipement et de travail du laboratoire.
Ces résultats sont détaillés dans les tableaux AMP81 et AMP83 du rapport de l’Agence de Biomédecine.

Techniques particulières d’AMP

- L’IMSI : cette technique d’ICSI consiste à sélectionner les spermatozoïdes destinés à la micro-injection intra-ovocytaire après examen à un fort grossissement de microscope.
L’IMSI a été utilisée en 2018 dans 44 centres, soit environ 8 % des ICSI pratiquées avec des taux d’accouchements par ponction et par décongélation de l’ordre de 21 % comparables à ceux obtenus après ICSI.
Le rapport ne permet pas d’interpréter ces résultats sans tenir compte du contexte de l’infertilité qui a justifié la pratique de l’IMSI.
Le rapport note qu’il s’agit d’une technique longue et coûteuse, « plus souvent utilisée dans les situations d’échecs antérieurs répétés que de première intention ».

- L’éclosion assistée est un geste réalisé sur les embryons consistant à pratiquer une brèche sur la zone pellucide de l’embryon immédiatement avant le transfert.
Cette technique peut être utilisée dans les échecs répétés de transfert embryonnaire.
En 2018, elle a été réalisée au cours de près de 1.300 traitements de FIV ou FIV ICSI et a permis la naissance de 319 enfants.

- La maturation in vitro (MIV) : cette technique a été proposée à titre préventif des effets de l’hyperstimulation ovarienne ou dans le cadre de la préservation de la fertilité.
Seuls 2 centres d’AMP y ont eu recours en 2018 avec des résultats relativement faibles :
131 tentatives de MIV, 72 transferts embryonnaires, 9 enfants nés.

- Les cycles naturels : certaines FIV sont réalisées sans stimulation ovarienne contrôlée.
Les cycles naturels ont été proposés dans les cas où l’hyperstimulation peut être considérée comme inefficace ou dangereuse : cela représentait 282 tentatives dans 47 centres.
En 2018, toutes techniques confondues, les taux de grossesses et d’accouchements par ponction ont été respectivement de 15 % et 9 % : les cycles naturels ont permis, en 2018, la naissance de 28 enfants.

L’Agence de Biomédecine a également développé des rapports annuels d’évaluation disponibles sur le site de l’agence, dont notamment :

  • des fiches régionales décrivant l’activité de chaque région, proposant des éléments de réflexion aux ARS en charge des autorisations d’activité,
  • des rapports annuels d’évaluation des résultats des centres prenant en compte les caractéristiques de la patientèle en particulier l’âge des femmes, à destination des centres d’AMP, en vue d’amélioration des pratiques.

www.agence-biomedecine.fr/activite-regionale-AMP
www.agence-biomedecine.fr/evaluations

 
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