Plus de complications cardiovasculaires et psychiatriques attendues dans le post-partum en cas de SOPK !

 

Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) concerne 5 à 13 % des femmes selon la définition utilisée dans la littérature. Depuis peu un risque supérieur de complications de la grossesse mais aussi de pathologies psychiatriques a été mis en évidence chez ces patientes. L’association entre SOPK et certains facteurs de risque cardio-vasculaire, comme le diabète de type 2, l’obésité, les dyslipidémies était déjà bien documentée. 1/3 des décès survenant lors de l’accouchement et dans la première année du post-partum correspond à des accidents cardiaques ou vasculaires. Plus globalement, les maladies cardio-vasculaires représentent la première cause de décès des femmes et identifier des facteurs de risque spécifiquement féminin représente un objectif majeur en termes de prévention. Ainsi, récemment les maladies hypertensives de la grossesse et le syndrome des ovaires polykystiques ont été proposés par diverses sociétés savantes pour être ajoutés à la liste des facteurs classiques de risque vasculaire.

L’interaction entre le SOPK d’une part et les maladies cardio-vasculaires et les maladies psychiatriques d’autre part a mal été évaluée dans la période du post-partum. Une étude rétrospective de cohortes a été menée aux États-Unis à partir des registres d’assurance. Des femmes âgées de 18 à 50 ans ont été examinées durant la période de préconception, avant l’accouchement et dans le post-partum entre 2000 et 2016. Le but principal était d’évaluer la survenue de maladies cardio-vasculaires et de dépressions dans la période périnatale et dans les post-partum.

Une analyse multivariée a permis de donner des résultats ajustés pour divers covariables comme l’âge, la localisation géographique, le recours à la PMA, les grossesses multiples, la dépression avant grossesse, le diabète préconceptionnel ou gestationel, l’hypertension préconceptionnelle ou gestationnelle, l’obésité, l’hyperlipidémie, le tabagisme et ethnie.

Ainsi, 42 391 femmes atteintes de SOPK et 795 480 indemnes ont été identifiées.

Le SOPK augmente significativement le risque de complications cardio-vasculaires comme la pré-éclampsie (OR1.30 IC à 95% 1.17-1.45), l’éclampsie (OR1.45 IC à 95% 1.13-1.86), la cardiomyopathie (OR1.26 IC à 95% 1.03-1.54), l’insuffisance cardiaque hypertensive (OR 1.32 IC à 95% 1.07-1.64), un évènement thromboembolique (OR 1.50 IC à 95% 1.20-1.97), une insuffisance cardiaque congestive (OR 1.35 IC à 95% 1.13-1.61), un AVC (OR 1.21 IC à 95% 1.14-1.29). Les complications psychiatriques étaient également plus fréquentes en cas de SOPK avec une augmentation du risque de dépression périnatale (OR1.27 IC à 95%1.22.-1.33) et dépression du post-partum (OR1.46 IC à 95% 1.36-1.57).

Dans les groupes des femmes non obèses ayant un SOPK, le risque de pré-éclampsie, de cardiomyopathie péripartum et d’AVC était plus élevé que chez les femmes non obèses sans SOPK.

Dans le groupe des femmes sans antécédent de dépression avant la grossesse (considéré comme un facteur de risque important de récidive), le risque de dépression périnatale et du post-partum était plus élevé chez les femmes ayant un SOPK comparativement aux femmes sans SOPK.

Dans la littérature, des méta-analyses montraient, en cas de SOPK comparativement aux femmes indemnes :

  • des scores plus élevés de dépression (OR 3.78  IC à 95% 3.03-4.72) et d’anxiété (OR 5.62 IC à 95 % 3.22-9.80) comparativement à des femmes non atteintes
  • des complications obstétricales plus fréquentes : diabète gestationnel (OR 3.43 IC à 95 % 2.49-4.84), d’hypertension de grossesse (OR 3.07 IC à 95 % 1.81-5.18), de pré-éclampsie (OR 3.28 IC à 95 % 2.06-5.22)

Cette étude apporte de nouvelles données importantes pour la période du post-partum.

 

En conclusion :

Le syndrome des ovaires polykystiques augmente donc le risque à la fois de pathologies cardio-vasculaires et psychiatriques durant la période du post-partum. Il devrait donc être reconnu comme un facteur de risque spécifique pour ces troubles. L’identifier précocement, avant ou en début de grossesse, permettrait une prise en charge spécifique pendant la grossesse et la période du post-partum.

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Alur-Gupta S, Boland MR, Barnhart KT, et al. Postpartum complications increased in women with polycystic ovary syndrome. Am J Gynecol 2021;224:280.e1-13.

 

 

 

 

 
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