Mortalité par COVID-19 : une influence positive des oestrogènes chez les femmes ménopausées

 

Les femmes et les hommes ne sont pas égaux face à la COVID-19.

Les différentes études épidémiologiques publiées à ce jour ont mis en évidence que l’impact du virus et le taux de mortalité diffèrent selon le sexe. En effet, les femmes sont moins susceptibles de présenter des formes sévères par rapport aux hommes, et cette tendance a été également confirmée en ajustant les résultats sur les facteurs de confusion potentiels. La même observation avait été faite lors des précédentes épidémies de coronavirus, avec le SRAS-CoV et le MERS-CoV.

Ces résultats suggèrent un rôle potentiel des œstrogènes dans la différence de sensibilité aux formes sévères de COVID-19.

Une étude de cohorte rétrospective suédoise à chercher à étudier le rôle des œstrogènes dans la protection contre la COVID –19, en évaluant, si les femmes ménopausées supplémentées en œstrogènes, par un traitement hormonal de la ménopause, avaient un risque diminué de mortalité liée à la COVID-19.

Afin d’étudier cette relation, les auteurs ont constitué trois groupes de patientes ménopausées de 50 ans à 80 ans, ayant des profils hormonaux différents en lien avec des traitements modulant le taux d’œstrogènes, ayant été infectées par la COVID-19 du 1er février 2020 au 14 septembre 2020, à partir des données de l’agence suédoise de Santé Publique :

  • Groupe 1 : The decreased oestrogen group, qui comprenait les patientes qui bénéficiaient d’un traitement hormonal adjuvant, dans un contexte de cancer du sein hormono-dépendant.
  • Groupe 2 : The augmented oestrogen group, qui comprenait les patientes supplémentées en œstrogènes par un traitement hormonal de la ménopause.
  • Groupe 3 : The native oestrogen group, qui représentait le groupe contrôle, incluant les patientes qui ne recevaient aucun traitement susceptible de modifier leur taux d’œstrogènes après leur ménopause.

RÉSULTATS

L’étude a inclus 14 685 femmes, avec 227 femmes (2%) dans le groupe 1, 2535 femmes dans groupe 2 (17 %) et 11 923 femmes dans le groupe 3 (81 %).

Le risque absolu de décès était de 4,6 % pour le groupe témoin contre 10,1 % et 2,1 % pour les groupes avec un taux d’œstrogènes diminué et augmenté, respectivement.

Les auteurs ont montré que l’âge, un indice de comorbidité de Charlson élevé et un faible niveau socio-économique étaient associés à une augmentation de la mortalité en lien avec la COVID-19, ce qui est concordant avec les données de la littérature actuelle.

Les auteurs ont également montré que la diminution pharmacologique du taux d’œstrogènes via un traitement adjuvant dans un contexte de cancer du sein hormono-dépendant (groupe 1) est associé à une augmentation du risque de décès dû à la COVID-19 (OR 2,35, IC à 95 % 1,51-3,65). Néanmoins, après ajustement sur les facteurs de confusion, tels que l’indice de comorbidités de Charlson, l’âge au diagnostic de COVID-19, les revenus et le niveau éducatif, cette association n'était plus significative (ORa 1.21, IC à 95 % 0.74-1.98).

Par ailleurs, les patientes supplémentées en œstrogènes avec un traitement hormonal de la ménopause (groupe 2) présentent une diminution de la mortalité en lien avec la COVID -19, à la fois en analyse univariée (OR 0.45, IC à 95 % 0.34-0.60) mais aussi en analyse multivariée (OR 0.47, IC à 95 % 0.34-0.63).

Afin d’expliquer ces résultats, les auteurs proposent comme hypothèse physiopathologique que les oestrogènes diminueraient l’expression virale de l’ACE2 et le TMPRSS2, qui sont les récepteurs transmembranaires identifiés comme responsables de l’infection des cellules-cibles par le SARS-CoV-2.

CONCLUSION

La supplémentation en oestrogènes chez les femmes ménopausées semble être associée à une diminution de la mortalité liée à la COVID-19.

Cette étude a l’avantage d’inclure un grand nombre de patientes. Néanmoins, nous ne disposons pas des données concernant la dose et la durée exacte du traitement hormonal de la ménopause et le nombre de patientes inclues dans le groupe 1, avec un taux d’œstrogènes diminué, est faible. Des études supplémentaires sont nécessaires pour confirmer cette relation.

Références

    Sund, Malin, Osvaldo Fonseca-Rodríguez, Andreas Josefsson, Karin Welen, et Anne-Marie Fors Connolly. « Association between Pharmaceutical Modulation of Oestrogen in Postmenopausal Women in Sweden and Death Due to COVID-19: A Cohort Study ». BMJ Open 12, no 2 (1 février 2022): e053032.

 

 

 
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