La contraception hormonale ou définitive influe-t-elle sur l’âge de la ménopause ?

La ménopause avancée (entre 40 et 45 ans) concerne 10% des femmes occidentales.  Elle est associée à un risque augmenté de maladies cardiovasculaires, d’ostéoporose, de détérioration des fonctions cognitives et de mortalité prématuré.
Par ailleurs, l’utilisation de stratégies contraceptives  par voie orale ou définitive (ligature tubaire) concerne 65% de la population féminine américaine.
Les contraceptifs oraux combinés modifient les taux hormonaux, suppriment l’ovulation et pourraient modifier le taux d’atrésie folliculaire, tandis que la ligature tubaire perturberait les apports sanguins aux ovaires.
Un article issu de la cohorte ‘Nurses’ Health Study II’ (NHSII) évalue une potentielle association entre ces contraceptions et un risque augmenté de ménopause avancée.
Il s’agit d’une étude de cohorte prospective réalisée entre 1989 et 2017 chez 106 633 femmes âgées de 25 à 42 ans. Le statut hormonal a été évalué tous les 2 ans jusqu’à l’âge de la ménopause, l’âge de 45 ans, la réalisation d’une hystérectomie/annexectomie, le décès, le diagnostic de cancer ou une perte de suivi.

Résultats
Les auteurs ont montré qu’en ajustant sur plusieurs facteurs de confusion, la contraception orale utilisée n’est pas associée à un risque de ménopause avancée. Par contre, les auteurs montrent une association significative entre l’utilisation d’une contraception avec un âge début de la prise supérieur à 35 ans et une ménopause avancée par rapport aux patientes qui n ont jamais eu de contraception orale : HR 1,66 (1,21; 2,28) p 0,01.

De plus, il existe une association significative entre la ligature de trompes et le risque de ménopause avancée: HR 1,17 (1,07;1,29) et ce, chez les patientes ayant eu une ligature de trompes entre 25 et 39 ans mais pas chez les patientes plus jeunes ou plus âgées.

Il s’agit donc de la plus grande étude évaluant l’association entre l’utilisation d’une contraception orale, la ligature de trompes et le risque de ménopause avancée.

L’association retrouvée entre la contraception orale et la ménopause avancée quand la contraception orale est débutée à plus de 35 ans pourrait cependant être le reflet d’un biais. En effet, une hypothèse avancée par les auteurs est celle de l’instauration d’une contraception orale à un moment où les cycles deviennent irréguliers en période péri-ménopausique. D’autres études sont nécessaires pour confirmer ces résultats.

Conclusion
La ménopause avancée ne serait pas associée à la prise d’une contraception orale pendant la vie hormonale.
A l’inverse, cet article met en évidence une association entre une ligature de trompes entre 25 et 39 ans et un âge avancé de ménopause.

 

C.R. Langton*, B.W. Whitcomb, A.C. Purdue-Smithe, L.L. Sievert, S.E. Hankinson, J.E. Manson, B.A. Rosner, and E.R. Bertone-Johnson. Association of oral contraceptives and tubal ligation with risk of early natural menopause. HumReprod. 2021 Jun 18; 36(7):1989-1998. doi:

 
Les articles sont édités sous la seule responsabilité de leurs auteurs.
Les informations fournies sur www.gyneco-online.com sont destinées à améliorer, non à remplacer, la relation directe entre le patient (ou visiteur du site) et les professionnels de santé.