Supplémentation en LH : quel bénéfice en AMP ?

L’article de Philippe ARVIS (Clinique La Sagesse, Rennes), Nathalie MASSIN (CHU Créteil) et Philippe LEHERT (Faculté de Médecine de Louvain) a pour but d’analyser le bénéfice d’une supplémentation en LH dans les cycles d’induction d’ovulation dans le cadre de fécondation in vitro chez les patientes étiquetées « mauvaises répondeuses » (POOR OVARIAN RESPONS – POR).

Données actuelles de la littérature

L’insuffisance de réponse ovarienne à l’induction d’ovulation représente dans les différents services un pourcentage important dans le cadre des consultations pour assistance médicale à la procréation.

Plusieurs approches thérapeutiques ont été proposées chez ces patientes, tels que l’augmentation des doses de gonadotrophines, les « mild stimulation », les protocoles flaire-up, l’utilisation d’hormone de croissance (growth-hormon), l’utilisation préalable d’androgènes ou la supplémentation en LH en cours d’induction d’ovulation.

Les résultats des différentes études restent contradictoires mais il apparait qu’il a été rapporté un effet positif de la supplémentation en LH chez les patientes « mauvaises répondeuses », effet peut-être expliqué par une augmentation des récepteurs en FSH, une augmentation du recrutement folliculaire et une réduction de la … des cellules de la granulosa (études de HILLIER – 2001, RUVOLO – 2007 et ZANG – 2020).

Les études précédentes montraient néanmoins des limitations en termes de cohorte et des définitions variables des « poor ovarian responders » : ainsi 41 définitions différentes de ce que représente une « mauvaise répondeuse » ont été trouvées dans 47 études randomisées.

Sur le plan physiologique, la LH agit sur la phase finale de la folliculogénèse, en particulier sur la maturation ovocytaire, mais a priori ne semble pas jouer sur la phase initiale de recrutement folliculaire.

Cela explique que l’effet bénéfique éventuel de la supplémentation en LH semble plus évident sur un retentissement sur la qualité ovocytaire, évalué par le nombre d’ovocytes matures, plutôt que le nombre d’ovocytes : c’est la conclusion de la plus importante étude randomisée réalisée par HUMAIDAN (2017) portant sur les effets de la supplémentation en LH chez les POR, étude qui n’a pas montré une augmentation significative du nombre d’ovocytes recueillis.

La méta-analyse de LEHERT (2014) a repris les résultats de 45 études : un effet bénéfique sur le taux de grossesses cliniques et une augmentation des taux d’accouchements à terme a été retrouvés dans 5 articles de cette méta-analyse.

L’étude réalisée par Philippe ARVIS et coll.

Il s’agit d’une étude multicentrique rétrospective comparant 2 groupes traités, le premier groupe présentait une stimulation ovarienne dans le cadre d’une FIV par FSH α-recombinant (Gonal-f, MERCK) et un deuxième groupe où l’induction d’ovulation dans le cadre de la FIV était réalisée avec un FHS α-recombinant associé à une LH recombinant (Pergoveris, MERCK).

L’insuffisance de réponse ovarienne (poor ovarian response) a été définie selon les critères de l’ESHRE de BOLOGNE, à savoir :

  • survenue de deux épisodes de réponse ovarienne faible avec un recueil inférieur ou égal à 3 ovocytes,
  • un âge féminin égal ou supérieur à 40 ans,
  • une « réserve ovarienne » faible évaluée sur un compte folliculaire inférieur à
    5 follicules ou un dosage d’hormone anti-müllerienne (AMH) compris entre 0,5 et
    1,1 ng/ml.

Les auteurs ont également distingué trois groupes de patientes présentant une réponse ovarienne inadéquate : les insuffisances ovariennes moyennes, faibles et sévères (respectivement 33 %, 52,4 % et 14,6 %).

Le critère de succès était représenté par le taux de grossesses cumulatif à terme (cumulative live birth rate), grossesses survenues après transferts d’embryons « frais » ou après congélation.

Un total de 9.787 protocoles de simulation ovarienne a été étudié provenant des résultats de 12 centres d’AMP en France.

En termes de résultat de grossesses évolutives à terme, les auteurs trouvent un effet bénéfique de la supplémentation en LH dans les traitements d’induction d’ovulation dans le cadre des protocoles de fécondation in vitro :

  • bénéfice significatif dans le groupe de patientes étiquetées « réponse ovarienne de qualité faible » : 14,3 % de grossesses à terme dans les traitements associant FSH recombinant et LH recombinant / 11,3 % dans le groupe de patientes traitées uniquement par FSH recombinant,
  • effet bénéfique de la supplémentaire en LH chez les patientes étiquetées « mauvaises répondeuses sévères » : 9,8 % de grossesses à terme / 4,4 % dans le groupe traité par FSH + LH recombinant / FSH recombinant seul,
  • les auteurs ne retrouvent pas d’effet bénéfique dans le groupe de catégorie moyenne.

Les auteurs rapportent néanmoins les limitations de cette étude : il s’agit d’une étude rétrospective multicentrique non randomisée.

Un des biais est que les auteurs rapportent le fait qu’ils retrouvent des différences significatives en termes de grossesses à terme, selon les centres d’AMP intéressés par l’étude.

Par ailleurs, l’analyse entre le nombre d’ovocytes recueillis et le taux cumulatif de grossesses à termes n’a pas pu être réalisée.

Les auteurs n’ont pas comparé dans les deux groupes traités les pourcentages de fausses couches après transferts embryonnaires, cette évaluation demandant une étude complémentaire.

 
Les articles sont édités sous la seule responsabilité de leurs auteurs.
Les informations fournies sur www.gyneco-online.com sont destinées à améliorer, non à remplacer, la relation directe entre le patient (ou visiteur du site) et les professionnels de santé.