La Mission Parlementaire sur la Ménopause : 25 recommandations pour lever le tabou et changer les choses

Les conclusions de la Mission Parlementaire confiée par le Premier Ministre à la députée Stéphanie Rist, viennent d’être présentées début avril (1).  Ce rapport, fruit de plusieurs mois de travail, vise à dresser un état des lieux de la prise en charge de la ménopause tout comme à formuler des propositions pour mieux informer, suivre et accompagner les femmes concernées. Il a conduit à émettre 25 recommandations concrètes pour améliorer la prise en charge médicale, sociale et professionnelle de la ménopause en France.

Il faut tout d’abord souligner l’ampleur du travail sur la base d’une très large consultation d’experts, de professionnels de santé, de représentants d’associations et de femmes concernées, permettant de recueillir une diversité de points de vue et d’expériences. Il a bénéficié de l’appui de l’IGAS qui a mené une enquête approfondie sur l’utilisation du traitement hormonal de la ménopause (THM) en France. Les résultats ont révélé sa sous-utilisation notable, puisque sur la base des remboursements de THM sur l’année 2024, seules 2,5% des 17,3 millions de femmes de plus de 45 ans ont acheté au moins à une reprise un THM pendant cette période. En se basant sur les 10 années précédentes de remboursement, la durée moyenne de traitement était de 5,1 ans avec néanmoins un biais possible de sous-estimation puisque le travail de l’IGAS n’a porté que sur la période 2014-2024. La comparaison départementale fait apparaître de fortes disparités avec une proportion de femmes traitées plus importante à Paris et dans l’Ouest parisien, dans le Bas-Rhin et dans les Alpes-Maritimes, tandis que d’autres départements sont proches de 0. Ce sont les gynécologues (GO et GM confondus) qui sont les primo-prescripteurs de THM dans 57% des cas mais globalement 2/3 des prescripteurs en restent les médecins généralistes. De manière pas si surprenante que cela, ce sont dans les départements les plus aisés et où la densité des gynécologues est la plus importante que l’utilisation du THM est proportionnellement la plus importante…

De manière plus inquiétante, les données consolidées des laboratoires en Europe montrent une diminution des prescriptions de plus de 10% chaque année en France depuis 2021 alors que dans le même temps, les ventes de THM augmentent dans la grande majorité des pays Européens, notamment au Royaume Uni avec une augmentation de plus de 25% chaque année.

Les 25 propositions du rapport ont été présentées selon 4 grands axes qui sont résumés ci-dessous:

1. Amélioration de la prise en charge médicale :

  • Création d’une consultation longue dédiée à la ménopause ;
  • Mise en place d’un parcours individualisé de la ménopause  qui serait coordonné par des équipes pluridisciplinaires incluant médecins, sages-femmes, diététiciens, psychologues…
  • Actualisation des recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS) sur les THM.

2. Formation et information :

  • Intégration de la ménopause dans les cursus de formation des professionnels de santé (médecins, sages-femmes, pharmaciens);
  • Sensibilisation à la ménopause dès le collège à travers les cours de sciences de la vie et de la terre;
  • Développement de supports d’information accessibles et adaptés à toutes les femmes.

3. Prise en compte dans le monde du travail :

  • Incitation des entreprises à reconnaître les impacts de la ménopause sur la vie professionnelle;
  • Organisation d’Assises nationales de la ménopause à l’automne 2025 pour réfléchir à une stratégie publique cohérente.

4. Recherche et données :

  • Soutien à la recherche sur la ménopause,  avec attribution de bourses et financement de projets innovants pour la santé des femmes ;
  • Amélioration de la collecte de données statistiques pour mieux comprendre les impacts de la ménopause sur la santé publique et l’économie.

Au total, cette Mission Parlementaire a confirmé le manque d’information des femmes comme le manque de formation et de connaissances actualisées des professionnels de santé sur la ménopause et le THM. Même si ce n’est pas la seule raison, elle explique pour partie la très faible utilisation du THM en France alors que dans tous les autres pays Européens mais également en Australie ou au Canada, les choses changent. Depuis la médiatisation à outrance des résultats négatifs de l’étude WHI, le débat autour du THM reste en France toujours focalisé sur le risque de cancer du sein au détriment d’une analyse rigoureuse de données plus récentes ou de ses bénéfices en termes de qualité de vie et de prévention de l’ostéoporose, voire de risque cardiovasculaire et de mortalité.

Si cette Mission a eu le grand mérite de mettre l’accent sur la nécessité d’un grand nombre de mesures pour lever ce tabou sociétal que représente encore la ménopause, la mise en œuvre de l’ensemble des recommandations s’annonce comme le prochain défi de ces prochaines années. Espérons que cela ne soit pas un grand coup d’épée dans l’eau et ne débouche sur une désillusion de plus… !

  1. https://stephanierist.fr/menopause-2-recommandations-pour-agir/

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