Pourquoi les femmes souhaitent elles préserver leurs ovocytes ?

La préservation ovocytaire devient un acte de plus en plus réfléchi par les femmes, et de plus en plus souhaité également. Mais pourquoi les femmes ont-elles ce désir ? Quelles sont les raisons d’ordre psychologique qui les amènent à ce choix. Une étude australienne parue au début de l’année vient nous éclairer sur ce sujet.

 Objectifs et méthode de l’étude :
Les objectifs de cette étude étaient d’examiner les facteurs psychosociaux qui influencent l'intention des femmes australiennes de congeler leurs ovules. Pour ce faire, ont été réalisées une étude qualitative et une étude quantitative, en ligne via Internet sur 234 femmes âgés de 25 à 43 ans. Ces femmes se déclarent toutes hétérosexuelles, n'ayant pas d'enfants, n'ayant pas l'intention d'en avoir (dans les mois à venir), n'étant pas actuellement enceintes et n'ayant pas reçu de diagnostic d'infertilité médicale.

Quels sont les raisons pour les femmes de différer leurs grossesses ?
Les femmes retardent souvent la fondation d'une famille parce qu'elles ne veulent pas avoir d'enfant dans des situations peu souhaitables, comme celle de ne pas avoir rencontré un partenaire adéquat, d'avoir des problèmes de santé, une insécurité financière, d'être en train de terminer leurs études et en raison de situations personnelles et/ou professionnelles. Une des conséquences du retardement de l'accouchement, qui peut entraîner une stérilité involontaire, peut être une détresse psychologique importante.

Que nous montre cette étude ?
Dans un premier temps, il est intéressant de constater que l’information est citée dans cette étude comme jouant un rôle dans le processus de choix de maternité ! Deux items sont cités comme des marqueurs forts :
-Le fait que les femmes n’ont pas toujours conscience du lien entre fertilité et âge. Ainsi, par exemple, elles citent le rôle joué par la presse dans l’idée que les femmes peuvent sans soucis faire un enfant plus tardivement aujourd’hui qu’auparavant, en affichant notamment les photos des grossesses tardives des personnalités. Ces articles de presse n’abordent aucunement les difficultés possibles des grossesses tardives.  
- Le fait que les femmes n’ont pas une information assez claire sur les chances réelles de réussite en AMP et surestiment la capacité des technologies de reproduction assistée. Imaginant ainsi que l’AMP résoudra les différents disfonctionnements, même ovocytaires.

Il est à noter également que pour beaucoup de femmes la congélation des ovocytes leur apporte une impression de contrôle de leur vie ! Un contrôle dans le choix du moment de leur grossesse, retirant ainsi la pression extérieure de leur entourage, pour décider du meilleur moment pour une grossesse. Elles écartent ainsi l’idée d’approbation ou de pression.
Dans un deuxième temps, pour les femmes désireuses de préserver leur fertilité, émerge l’idée de « contrôler » leur fertilité en « gardant les jeunes ovocytes ». Une manière de contrôler le temps cette fois ci. Cette acte permet aussi d’éviter le choix d’un don d’ovocyte en cas de chute de la fertilité lors de leur essai de maternité. Choix qui pour beaucoup suscite de nombreuses questions ou doutes. 

Et les aspects psychologiques dans tout cela ?
Enfin, après ces considérations d’ordre physiologique, les femmes évoquent également les aspects de souffrance psychologique liés au manque d’enfants ou à la difficulté d’en avoir.

La détresse psychologique associée à l'infertilité involontaire comprend une augmentation de l'anxiété et de la dépression, de la culpabilité et de la stigmatisation, de la détresse relationnelle, de la dysfonction sexuelle et une réduction globale de la santé mentale et du bien-être, par rapport à la population générale. Des chercheurs, ont comparé les symptômes psychologiques de l'infertilité à d'autres conditions médicales et ont constaté qu'ils étaient similaires aux symptômes psychologiques tels que ceux vécus par les patients atteints de cancer.

Conclusion personnelle : Il est à noter que cette étude confirme de manière claire, les ressentis et vécus des patientes au-delà de l’Australie. C’est donc une constante et une mécanique qui se développent chez la majorité des femmes en cas d’infertilité. C’est ce que je nomme le « Syndrome de la PMA », c’est-à-dire, des bouleversements aussi bien psychologiques que physiologiques.
Notamment le développement d’émotions dites négatives tels que : la colère, la jalousie, l’envie…menant à une forme de déprime. Cela peut également donner lieu à un appauvrissement, voir une absence de leur intimité sexuelle avec leurs partenaires, due à une lassitude des échecs des protocoles en PMA.
La congélation ovocytaire, permet donc de donner du temps et d’alléger la pression pour les femmes, leur laissant ainsi plus de temps pour construire leur vie de couple et ainsi projeter dans de bonnes conditions une maternité. De surcroît, il est à noter que pour de nombreuses femmes, la Procréation Médicalement Assistée est une solution « sans faille », donnant lieux à des déconvenues lorsque le processus ne fonctionne pas ou pas rapidement. Il semble donc nécessaire de fournir une information plus en adéquation avec la réalité, pour que les patients aient une vision réaliste des parcours et de leur complexité.

Référence de l’étude cité : Déterminants psychosociaux des intentions et de la volonté des femmes de congeler leurs ovules
Lucy E. Caughey, BS, Psy Hons et Katherine M. White, PhD
École de psychologie et de conseil, Université de technologie du Queensland, Brisbane, Queensland, Australie

 
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