Risque de troubles mentaux accru chez les enfants et adolescents nés par PMA : une étude de cohorte

Auteurs

Les techniques de PMA se diversifient, donnant lieu à de plus en plus de naissances. La question de leur impact sur le développement mental de l’enfant est au centre de nombreuses études. Les résultats en sont contradictoires, mais plusieurs d’entre elles retrouvent une association avec certains troubles mentaux.

Le but de cette étude est d'évaluer l’association entre des troubles mentaux et la réalisation d’une procréation médicalement assistée, en comparant la prévalence de ces pathologies chez les enfants et adolescents nés grâce à une PMA à celle de ceux issus d’une conception naturelle.

Il s’agit d’une étude de cohorte, basée sur un registre national danois, relevant toutes les naissances, entre 1995 et 2003, avec un suivi prospectif de l’ensemble de ces enfants en 2012, alors âgés de 8 à 17 ans.

Les informations concernant le mode de fécondation étaient recensées, indiquant la cause de l’infertilité, le type de traitement (FIV ou ICSI, inducteurs de  l’ovulation, ou insémination intra-utérine), et si la procédure avait abouti à une naissance.

Le statut des enfants étaient également issu d’un registre où les diagnostics étaient posés en accord avec la CIM 10 (classification internationale des troubles mentaux).

Les analyses statistiques ont permis d’ajuster les résultats sur l’âge maternel, la parité, le niveau d’éducation, la consommation de tabac au cours de la grossesse, le poids de naissance ou encore le score APGAR.

On retrouvait sur ces huit années, 22 129  naissances via une PMA et 555 828 après conception naturelle. En 2012, 23 278, soit 4% des enfants suivis, ont présenté au cours de leur parcours un trouble mental, avec une prévalence plus importante chez les garçons.

On ne trouvait pas de modification significative de l’existence de troubles mentaux chez les enfants nés par FIV ou ICSI, mise à part une très légère augmentation des tics moteurs ou verbaux (HZ : 1.40, IC 95% [1.01-1.95]). En revanche, après traitements hormonaux (avec ou sans insémination), le nombre de troubles mentaux augmentait comparativement aux enfants nées de fécondation naturelle (HZ : 1.20, IC 95% [1.11-1.31]). On retrouvait en particulier un risque de troubles du spectre autistique (HZ : 1.20, IC 95% [1.05-1.37]), d'hyperactivité avec déficit de l'attention (HZ : 1.23, IC 95% [1.08-1.40]), de troubles du comportement et des émotions (HZ : 1.21, IC 95% [1.02-1.45]) ainsi que des tics (HZ : 1.51, IC 95% [1.16-1.96]). En revanche, aucune association n’apparaissait avec le type de traitement utilisé (type d’hormones, cryoconservation ou don de gamètes). Il n’existait pas de lien non plus avec la cause de l’infertilité.

 

Cette étude permet de maintenir notre attention sur le devenir des enfants nés après PMA.  Il sera intéressant de poursuivre cette étude avec une nouvelle évaluation de cette cohorte, arrivée à l’âge adulte.

 

B. Bay et al. Fertility treatment and risk of childhood and adolescent mental disorders: register based cohort study. BMJ. 2013;347: f397

 
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