Peut-on utiliser sans risque des méthodes pharmacologiques pour arrêter de fumer pendant la grossesse ?

Le tabagisme maternel pendant la grossesse est  une des   affections, responsable de comorbidité périnatal et  potentiellement modifiable, les plus fréquentes.

Les différentes études retrouvent que 45 % des femmes fumeuses  arrêtent « spontanément » de fumer  avant la grossesse ou avant la première consultation anténatal. Malgré cela, 2/3 des femmes qui ont arrêté de fumer pendant la grossesse reprenne le tabagisme un an après l’accouchement.

Les données collectées dans la population générale ont montré l’efficacité de certaines méthodes médicamenteuses luttant contre la dépendance au tabac. Parmi ces méthodes, on retrouve :

  • La substitution nicotinique ( essentiellement en patch)
  • Le buproprion (ZYBAN) : antidépresseur
  • La varénicline(CHAMPIX) : agonistes des récepteurs nicotiniques

La grossesse entraine d’importantes variations physiologiques qui modifient de manière importante les processus de pharmacocinétiques : absorption, distribution et élimination des drogues.

L’efficacité et la sécurité des méthodes pharmacologiques de sevrage tabagique a été établie dans la population générale mais pas chez les femmes enceintes.

Le but de cette méta-analyse est d’établir l’efficacité et la sécurité des méthodes pharmacologiques de sevrage tabagique et d’étudier les éventuelles comorbidités périnatales associées.

Résultats :

La méta-analyse a évalué  7 études, incluant 5 études randomisées , et a permis d’inclure 1386 femmes fumeuses , 732 ont bénéficiées d’une méthode pharmacologique de sevrage et 654 femmes étaient incluent dans le groupe contrôle.

Une seule étude a évalué l’utilisation du buproprion (ZYBAN), les autres ont évalués la substitution nicotinique.

L’étude statistique montre que les méthodes pharmacologiques de sevrage tabagique  permettent un taux plus élevé d’abstinence tabagique chez les femmes enceintes, environ 1.8 fois plus que le groupe témoin [ Risque relatif 1.8 intervalle de confiance 95 % (ci) 1.32-2.44].

La méta-analyse par sous groupe en fonction du type d’étude retrouve des résultats similaires :

  • pour les études randomisées :  RR 1.48; 95% CI 1.04–2.09
  • pour les autres types d’études : RR 3.25; 95% CI 1.65–6.39

Des  effets secondaires liés à l’utilisation de ces méthodes ont été reporté dans de nombreuses études : rash cutané, nausées –vomissements , paresthésies membres supérieurs , exacerbation de l’état de dépression post-natale et des effets plus sévères tel que la  prématurité et l’hypotrophie.

Cependant, il n’a pas été montré de différence statistiquement significative sur la survenue des effets secondaires sévères avec l’utilisation de ces méthodes pharmacologiques de sevrage tabagique .

L’utilisation de ces méthodes pharmacologiques n’a pas montré d’effet sur la comorbidité périnatal.

Les auteurs concluent sur l’intérêt clinique du sevrage tabagique chez les femmes enceintes à l’aide des méthodes pharmacologiques en raison de l’efficacité et de la sureté de ces méthodes.

D’autres études randomisées sont nécessaire  avec des  échantillons de populations plus grands et avec le même type de  placebo. Il est évidement difficile de faire de telles études d’un point de vue éthique avec des femmes enceintes.

Il serait  intéressant d’effectuer des études centrées sur le cout économique de ces méthodes pharmacologiques.

 

Hs KIM et all  “Efficacy and safety of pharmacotherapy for smoking cessation among pregnant smokers:a meta-analysis “  British journal of obstetric and gynecology mars 2012 .

 
Les articles sont édités sous la seule responsabilité de leurs auteurs.
Les informations fournies sur www.gyneco-online.com sont destinées à améliorer, non à remplacer, la relation directe entre le patient (ou visiteur du site) et les professionnels de santé.