Les nouveautés législatives en pathologie cervico-vaginale

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Trente années auront été utiles pour que les conclusions du consensus de Lille (1990) à propos du dépistage des lésions cervicales fassent l’objet d’un texte législatif.

À l’époque, deux conclusions principales émergeaient : le rythme des examens et l’organisation du dépistage. Aujourd’hui les deux objectifs sont atteints et parfaitement détaillés.

Faisons un bref historique : on se souviendra qu’en 1995, les références médicales opposables (RMO) précisent que le 1er « frottis » doit être fait à 25 ans, renouvelé 1 an plus tard puis tous les 3 ans en cas de normalité. Les réactions furent vives car les habitudes du prélèvement annuel étaient ancrées depuis une quinzaine d’années (sans aucune organisation associée). En 1998, cette RMO est supprimée par arrêté le 10 Juillet. Il faut attendre les textes plus précis de l’ANAES 2002 pour que les termes du consensus de Lille soient repris mais aucune organisation ne se met en place.

Les années se suivent et, en partie grâce au travail des membres de la Société Française de Colposcopie et de Pathologie Cervico Vaginale, les choses bougent enfin… en … 2015, la Haute Autorité de Santé (HAS) reprécise les objectifs et les modalités du dépistage. En décembre 2016, l’Institut National du Cancer publie les recommandations de prise en charge des « frottis » anormaux et des lésions histologiques intra-épithéliales.

Le 4 mai 2018, un arrêté donne une première version du cahier des charges pour l’organisation du dépistage et lance donc le dépistage organisé du cancer du col de l’utérus par l’examen cytopathologique. Les centres régionaux de coordination et de dépistage des cancers (CRCDC) ont pour mission la mise en œuvre pratique.

A peine finalisée, l’organisation est face à une nouvelle recommandation de la HAS qui recommande, en Juillet 2019, l’utilisation du test HPV Haut risque pour le dépistage à partir de 30 ans.

Entre temps en septembre 2019 sont publiées les recommandations INCA du suivi post thérapeutique.

Il faut attendre le 25 mars 2020 que les éléments soient inscrits à la nomenclature pour le remboursement du test HPV.

Enfin l’arrêté du 30 juillet 2020 présente l’organisation générale du dépistage dont on retiendra les éléments suivants :

Les CRCDC envoient les invitations aux patientes n’ayant pas été dépistées et s’assurent du suivi conforme aux recommandations (avec l’accord des patientes).

Le terme de « frottis » disparait et l’on dénomme maintenant prélèvement cervico-utérin le recueil au niveau du col ; il sera destiné à l’analyse cytologique ou virologique. Le milieu liquide est donc celui qui doit être utilisé.

Le dépistage :
- ne doit pas être réalisé avant 25 ans,
- n’est pas adapté aux signes d’appel clinique nécessitant une colposcopie d’emblée (col anormal ou métrorragies provoquées),
- n'est pas adapté à certaines situations particulières telles les patientes immunodéprimées ou vivant avec le VIH,
- n’est pas adapté en surveillance post thérapeutique (recommandations spécifiques).

Le dépistage entre 25 et 30 ans doit être fait par la cytologie tous les 3 ans après deux examens normaux réalisés à 1 an d’intervalle.

Le dépistage après 30 ans doit être fait par recherche HPV haut risque tous les 5 ans. En cas de test virologique positif, le triage est fait avec la cytologie (sur le même prélèvement).

Lorsqu’un examen colposcopique doit être réalisé, le colposcopiste doit répondre aux critères de la charte de qualité en colposcopie.

La prise en charge et l’absence d’avance de frais concerne les examens faits dans les laboratoires (conformément aux recommandations).

Les résultats normaux sont communiqués au médecin traitant, au préleveur et à la patiente.

En cas d’examen ininterprétable ou anormal, la patiente est invitée à se rapprocher du médecin ou de la sage-femme pour explication du résultat et de la conduite à tenir.

Le CRCDC s’assure de la prise en charge de la patiente et du délai respecté (6 mois pour une lésion de haut grade, 8 mois pour une lésion de bas grade).

Cette organisation attendue depuis de nombreuses années se met en place progressivement et sans doute faut-il s’attendre à une augmentation des demandes d’examens colposcopiques. Ils sont essentiels au diagnostic et à la thérapeutique des lésions précancéreuses.

La réussite du programme dépend de 2 éléments indispensables : la réponse des patientes aux invitations et l’adhésion à la charte de qualité des médecins (associant formation initiale et continue régulière).

Enfin on ne peut espérer que l’extension aux garçons de la vaccination anti HPV va permettre l’adhésion de la population française à ce vaccin ; une augmentation significative du taux de vaccination entre 11 et 14 ans et une organisation efficace du dépistage permettra de voir disparaitre nombre des cancers HPV induits en France.

 

 

 

 
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