Réflexions éthiques sur la stérilité utérine définitive

La stérilité utérine définitive n’a pas trouvé jusqu’ici, en France, une offre de soin comparable à ce qui peut être proposé dans les autres stérilités. En 2014, l’équipe de Mats Brännström en Suède a publié sa remarquable série de succès après greffes d’utérus à partir de donneuses vivantes (2). Une avancée supplémentaire s’est produite en 2018 avec une naissance après greffe d’un utérus provenant d’un prélèvement sur une patiente décédée au Brésil.

L’équipe de Brännström avait obtenu en 2012 une autorisation de son université pour 9 greffes à partir de 9 donneuses vivantes (3). Les donneuses étaient des parentes ou amies proches des receveuses et avaient 53 ans de moyenne d’âge. L’une d’entre elles était la mère de la receveuse. Huit receveuses de 31,5 ans en moyenne avaient un syndrome de MRKH et une receveuse avait eu une hystérectomie pour un cancer du col. Une mise en réserve d’embryons avait été réalisée pour chaque femme un an avant la chirurgie. Il a fallu retirer deux greffons l’un pour une infection, l’autre pour une thrombose, et une fistule urétéro-vaginale est survenue chez une donneuse malgré la très grande expertise en matière de greffe de cette équipe. L’évolution post greffe a donné des règles dans les 2 mois chez les 7 receveuses qui n’ont pas été explantées.

Les traitements immunosuppresseurs ont été commencés avant l’intervention chirurgicale par Tacrolimus et Azathioprine et ont été poursuivis pendant la grossesse ainsi que des Corticoïdes chez 4 patientes pour des épisodes infracliniques de rejets dépistés par une biopsie de col utérin. Le retrait des greffons utérins est prévu après 1 ou 2 naissances. Il s’agit d’une chirurgie expérimentale ou 2 greffes sur 9 ont échoué. Les gestes chirurgicaux ont été plus longs que prévus et les risques médicaux et psychologiques sont encore mal évalués.

Il y a donc désormais, depuis ce succès historique, quatre possibilités thérapeutiques pour remédier à la stérilité utérine définitive :

  • L’abstention qui est toujours un choix possible en matière de stérilité. Il est vrai qu’on peut vivre sereinement sans enfant.
  • L’adoption d’un enfant, une solution également non spécifique de la stérilité utérine.
  • La gestation pour autrui, totalement interdite en France de manière constante.
  • La greffe d’utérus, autorisée en France, autorisation paradoxale au plan éthique au regard de l’interdit de la GPA.

Parmi les deux solutions proprement thérapeutiques disponibles, l’une existe déjà depuis une trentaine d’années, la GPA, et l’autre est en cours de mise au point en France en particulier (4) à la suite du travail de Brännström. Ces deux solutions, comme souvent en AMP sont palliatives et non curatives.

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Références
(1) CHU de Strasbourg, Unistra
(2)
Brännström M., Johannesson L., Bockström H, et coll., Lancet, 2014, Oct 6, pii S0140-6736(14)61728-1
(3) Brännström M., Johannesson L., Dahm-Kähler P. & Coll., Fertil Steril, 2014, 101, 1228-36
((4) T. Gautier. Uterus transplantation in France: for which patients?
A paraitre en 2016 dans EJOGRB-16-1458
(4) T. Gautier. Uterus transplantation in France: for which patients? A paraitre en 2016 dans EJOGRB-16-1458

 
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