Le THM associé à une augmentation du risque de cancer de l’ovaire !

Le traitement hormonal de la ménopause (THM) a, depuis quelques années, été mis à mal du fait de son rôle dans l’accroissement du risque de cancer du sein et plus récemment de l’absence de bénéfice cardiovasculaire en tout cas dans certaines populations. L’association du THM au risque de cancer de l’ovaire n’apparaissait pas jusqu’à présent.

Une méta-analyse parue dans le Lancet, réalisée par une équipe d’Oxford, montre que le THM serait associé au risque de cancer de l’ovaire. 52 études épidémiologiques portant sur un total de 21 488 femmes ménopausées atteintes de cancer de l’ovaire ont été analysées. Les 17 études prospectives concernaient 12 100 patientes soit environ la moitié de la population étudiée. 55 % des patientes avaient reçu un THM avec une durée moyenne de 6 ans : estrogènes seuls ou associés à un progestatif.

Les principales données de cette large revue sont les suivantes :

  • Le risque de cancer de l’ovaire est augmenté même si le THM a été suivi durant moins de 5 ans : RR=1.43 intervalle de confiance à 95 % 1.31-1.56,
  • Aucune élévation du risque de cancer de l’ovaire n’est constatée pour des traitements de courtes durées (inférieures ou égales à 1 an),
  • Le risque de cancer de l’ovaire  diminue progressivement après l’arrêt du THM pour disparaitre progressivement 5 ans après l’arrêt. Cependant, il reste significatif même après 10 ans d’arrêt pour les longues durées de THM (RR=1.25 intervalle de confiance à 95 % 1.07-1.46),
  • L’augmentation du risque de cancer de l’ovaire apparait quel que soit le type de THM (estrogènes seuls ou association estro-progestative) et quel que soit l’âge d’initiation  du traitement,
  • L’augmentation du risque porte sur les 2 types histologiques le plus fréquents de cancer de l’ovaire : adénocarcinomes séreux (RR=1.53 intervalle de confiance à 95 % 1.40-1.66) et cancers endométrioïdes (RR=1.42 intervalle de confiance à 95% 1.20-1.67),
  • Les auteurs ont calculé que sur 1 000 cancers de l’ovaire observés, un cas serait attribué au THM.

La question de la causalité entre le THM et l’augmentation du risque de cancer de l’ovaire reste entière. Le THM est-il à l’origine de nouveaux cancers ? Stimule-t-il la croissance de cancers préexistants ? Peut-il y avoir un biais lié à au dépistage, les femmes sous THM étant mieux surveillées que les autres ? Les études de cette revue proviennent de nombreux pays, sont de méthodologies différentes concernant des populations variées, des traitements divers rendant délicate l’extrapolation à la population générale des femmes ménopausées. La prédisposition génétique au cancer de l’ovaire n’a pas non plus été prise en compte dans cette analyse.

La mise en route d’un THM doit toujours faire l’objet d’une évaluation de la balance bénéfices/ risques et cela pour chaque femme ménopausée et à chaque consultation de surveillance. Les recommandations actuelles proposent d’initier et de poursuivre ce traitement uniquement chez les femmes symptomatiques : celles dont le syndrome climatérique est particulièrement invalidant, en cas de sècheresse vaginale, troubles sexuels ou psychologiques... Son efficacité est parfaitement démontrée sur les symptômes vasomoteurs, la trophicité de la sphère génitale et le maintien du capital osseux.  L’importance de la fenêtre d’intervention est maintenant bien démontrée avec nécessité d’instaurer le traitement précocement dès le début de la ménopause limitant les risques cardiovasculaires. Le traitement actuellement recommandé  utilise les plus faibles doses utiles, sur les plus courtes durées possibles, à l’aide d’estrogènes cutanés et de progestérone naturelle ou didrogestérone. Le risque de cancer du sein intervient de façon notable dans la décision de mise en route et le maintien d’un THM. L’accroissement du risque de cancer de l’ovaire retrouvé dans cette méta-analyse ne pèsera que modestement dans la balance bénéfices/risques du fait de la faible incidence de ces cancers.  

 

Collaborative Group on Epidemiological Studies Of Ovarian  Cancer. Menopausal hormone use and ovarian cancer risk : individual participant meta-analysis of 52 epidemiological studies. Lancet in press. Published online February 13, 2015. http://dx.doi.org/10.1016/S0140-6736(14)61687-1.

 
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