Et si la contraception hormonale influait sur les futures grossesses ?

Des études antérieures ont montré que l’exposition à des agents hormonaux en cours de  grossesse était associée à certaines anomalies avec notamment un plus fort taux de prématurité et de petits poids de naissance. Le rôle de la contraception hormonale sur l’évolution des grossesses ultérieures a rarement, voire jamais, réellement été évalué. La composante progestative, dont on connait l’impact variable selon les molécules en termes de répercussion métabolique et hormonale, pourrait avoir une influence notable. En effet, certains progestatifs comme le levonorgestrel sont dotés d’un pouvoir androgénique contrairement à d’autres molécules comme, par exemple, la drospirénone. Leur capacité de liaison aux récepteurs hormonaux (androgénique, minéralocorticoïde et glucocorticoïde), variable selon la molécule progestative est à l’origine des différentes actions et effets secondaires.

Une vaste étude de cohorte norvégienne visant à apprécier l’impact, sur l’issu des grossesses,  des contraceptifs hormonaux utilisés avant ou en tout début de grossesse vient d’être publiée. L’étude a porté sur 44 734 grossesses simples chez 42 155 femmes recrutées entre 1999 et 2008.  97% des femmes étaient âgées de 20 à 39 ans, primigestes pour 47,1% d’entre elles.

Il était noté 4,4% de prématurité et 2,6% de petits poids de naissance. 7470 femmes avaient utilisé une contraception hormonale 12 à 4 mois avant le début de leur grossesse, 5740 1 à 4 mois avant, 6465 moins d’un mois avant et 1638 durant les premières semaines de la grossesse.

Il semblait exister une association positive entre l’exposition antérieure à une contraception combinée et le risque de prématurité (OR 1.21, IC à 95% 1.04-1.41) principalement si la norhetisterone ou le désogestrel en était la composante progestative. Le levonorgestrel, quant à lui, semblait sans impact sur le taux d’accouchements prématurés en dehors d’une utilisation récente (entre 0 et 4 mois avant la conception) tout comme l’etonogestrel et la norelgestromine contenus respectivement dans les contraceptions par patchs ou anneaux vaginaux.

A l’inverse, l’utilisation d’une contraception progestative moins d’un mois avant la conception semblait réduire ce risque (OR 0.67, IC à 95% 0.46-0.97).

Concernant l’utilisation en tout début de grossesse, l’influence de la molécule progestative contenue dans l’association estroprogestative était variable avec un risque de prématurité plus marqué s’il s’agissait de norethisterone (OR 3.33, IC à 95% 1.69-6.57) comparativement à la drospirenone (OR 1.17, IC à 95% 0.76-1.80). De même, le taux de prématurité apparaissait supérieur en cas d’utilisation d’une contraception progestative par norethisterone au premier trimestre de grossesse (OR 2.02, IC à 95% 1.03-1.79). Il n’existait pas suffisamment de données avec le désogestrel pour pouvoir conclure.

Globalement, il ne semblait pas apparaitre d’association entre l’utilisation d’une contraception combinée et le poids à la naissance contrairement à l’utilisation d’une contraception progestative qui semblerait conférer un risque accru de petits poids à la naissance naissance.

 

Au total, l’utilisation d’une contraception combinée avant le début de grossesse pourrait être associée à un plus fort risque de prématurité mais serait sans impact sur le poids de naissance des enfants. L’inverse serait constaté en cas d’utilisation d’une contraception uniquement progestative. La prise accidentelle d’estroprogestatif ou de progestatif en début de grossesse pourrait également accroitre le risque de prématurité.

Jensen ET, Daniels JL, Stümer T, Robinson WR, Williams CJ, Vejrup K, Magnus P, Longnecker MP. Hormonal contraceptive use before and after conception in relation to preterm birth and small for gestational age: an observational cohort study. BJOG 2014; DOI: 10.1111/1471-0528.

 
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