Quelle prise en charge pour les femmes ayant une infection à HPV persistante ?

Cette étude a comparé la survenue de lésion CIN2+ à 1 an ou 3 ans chez des femmes de 56-60 ans ayant un test HPV positif avec une cytologie normale. La population suivie était constituée par les femmes de 56-60 ans participant au dépistage organisé en Suède entre 2012 et 2014 dont la moitié bénéficiait d’un test HPV et l’autre moitié d’un frottis (randomisation du type de test). Sur les 7325 participantes, 405 femmes avaient un test HPV positif (5,5%) et parmi elles 313 avaient une cytologie normale (cohorte de l’étude).

Dans un premier temps, les femmes étaient reconvoquées à 1 an (176 patientes) puis suite à la publication des résultats d’une étude européenne [1] rassurants sur l’absence de survenue de cancer dans les 3 ans dans ce cas de figure (HPV+/ cytologie normale), les femmes suivantes ont été reconvoquées à 3 ans (137 patientes).

Groupe contrôle à 1 an :
91/176 étaient toujours HPV positive (52 %).
82 des 91 patientes ont eu une colposcopie qui retrouvait : 19 CIN2+ (23 %) et 25 CIN1 (30 %)

Groupe contrôle à 3 ans :
55/137 étaient toujours HPV positive (40 %).
45 des 55 patientes ont eu une colposcopie qui retrouvait : 9 CIN2+ (20 %) et 25 CIN1 (56 %)

Le pourcentage de CIN2+ était identique entre les 2 groupes. Il a été retrouvé plus de CIN1 à 3 ans qu’à 1 an (seule différence significative). Aucun cancer n’a été diagnostiqué dans les 2 groupes. Pour la majorité des femmes avec persistance d’HPV, il s’agissait du même type d’HPV qui persistait : principalement HPV 16 suivi par le 31 puis le 18. En toute logique, la clairance d’HPV était plus importante à 3 ans qu’à 1 an.

Les recommandations de juillet dernier de l’HAS [2] préconisent l’utilisation du test HPV en dépistage primaire à partir de 30 ans. La mise en place du dépistage organisé avec ces nouvelles modalités est donc dans l’attente de son déploiement à l’échelle nationale et du remboursement du test HPV par la CNAM dans cette indication. La gestion des patientes ayant une persistance d’HPV dans le suivi représente une difficulté à venir. L’HAS recommande, selon les données de la littérature, une colposcopie en cas de persistance à 1 an d’HPV avec cytologie initiale normale. Cette étude conforte donc les données déjà connues rassurantes sur le devenir de ces femmes à 1 an et même à 3 ans. La lenteur d’évolution des lésions HPV induites permet de proposer le contrôle à 1 an. De nombreuses femmes auront effectué la clairance des virus, seront HPV négatives et pourront ainsi être rassurées.

Il n’est pas recommandé de réaliser une colposcopie lors de la 1ère positivité d’un test HPV avec cytologie normale chez les patientes sans anomalie antérieure du frottis. Les explications données à nos patientes seront capitales pour leur permettre de ne pas être anxieuse de cette situation et de bien réaliser leur contrôle à 1 an.

Pour en savoir plus :

1. Efficacy of HPV-based screening for prevention of invasive cervical cancer: follow-up of four European randomised controlled trials. Ronco G, Dillner J, Elfström KM, Tunesi S, Snijders PJ, Arbyn M, Kitchener H, Segnan N, Gilham C, Giorgi-Rossi P, Berkhof J, Peto J, Meijer CJ; International HPV screening working group. Lancet. 2014 Feb 8;383(9916):524-32.

2. https://www.has-sante.fr/jcms/c_2806160/fr/evaluation-de-la-recherche-des-papillomavirus-humains-hpv-en-depistage-primaire-des-lesions-precancereuses-et-cancereuses-du-col-de-l-uterus-et-de-la-place-du-double-immuno-marquage-p16/ki67