HPV & Auto prélèvement pour toutes : une solution pour le futur ?

Les pays bas ont introduit le test HPV en auto-prélèvement depuis 2017 dans leur dépistage organisé en proposant aux femmes sollicitées par courrier de choisir entre : prélèvement fait par leur médecin (PM) ou, par auto test (AP) qu’elles devront dès lors récupérer chez leur médecin traitant.
La proportion de femmes ayant choisi l’auto-prélèvement entre 2017 & 2020 est passé de 4% à 8% (ceci même dans les tranches d’âge les plus élevées (60-64 ans) avec 9% de demandes en 2020 !)
Dans leur étude, la sensibilité relative à dépister une CIN3+ du test HPV en auto prélèvement (AP) versus prélèvement médicalisé (PM) est de 0.94 avec une spécificité de 1.01 (comme l’ont montré également les récentes méta-analyses cf Gyneco-online mai 22 https://www.gyneco-online.com/index.php/gynecologie/test-hpv-auto-prelevements-ou-prelevements-medicalises ) ce qui démontre une fois de plus leur bonne performance.
Néanmoins, au cours de ces années et grâce à l’expérience particulière des pays bas, les patientes interviewées à qui on donne désormais le choix entre AP et PM préfèrent à 50% un prélèvement médicalisé (PM) pensant que celui-ci sera mieux fait et ne veulent pas prendre (selon leur sentiment) de risque d’un faux négatif, (en raison du fait qu’elles pensent que celui-ci pourrait être mal réalisé par elles même, altérant ainsi sa sensibilité), tandis que 25% préfèrent réaliser un AP plus simple, plus rapide (sans rendez-vous), moins gênant…
En 2019 90% des femmes ayant bénéficié d’un AP souhaitent continuer avec la même méthode et 30% d’entre elles refuseraient désormais un PM, tandis que 30% des non répondeuses affirment (?) qu’elles auraient fait un AP si on le leur avait proposé.
Au cours des cohortes de dépistage de 2017 & 2018 : 93.2% des femmes ont bénéficié d’un test HPV par PM et 6.8% d’un AP avec des taux de positivité respectivement de 9.3% (PM) et 7.6% (AP) différence significative. Rappelons que -comme en France- un test HPV positif demande un triage secondaire réalisé par une cytologie qui est donc réalisée au cours d’un prélèvement médical et curieusement le taux de perdues de vue semble -aux pays bas- assez faible de 7.4%, (en effet 92.6% des patientes HPV+ sur un auto test se sont présentées chez leur médecin afin de réaliser un prélèvement cervico utérin de triage pour étude cytologique !). En revanche le taux de cytologie positive est plus élevé dans le groupe AP versus PM 35% Vs 32% qui pourrait être en rapport avec une population à plus haut risque ?
Devant ces résultats encourageants, les pays bas ont désormais proposé à toutes les femmes qui entrent dans le cadre du dépistage organisé de pouvoir bénéficier d’un auto-prélèvement afin d’améliorer la couverture du dépistage. Cependant cette stratégie ne peut se concevoir sans la mise en œuvre d’une stricte stratégie de suivi et de triage des HPV positifs, ainsi que d’une information sur les infections à HPV chez des femmes qui n’ont pas eu de contact médical et qui pourraient de ce fait être inquiètes et un peu perdues…

D’après la communication de Sandra Van Dijk
Experience of self sampling in the NL Congres EFC juin 22
https://www.rivm.nl/en/cervical-cancer-screening-programme

 
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