Quand un antécédent de pré-éclampsie impose un suivi spécifique et des mesures de prévention cardio-vasculaire !

Les femmes ayant présenté des désordres hypertensifs au cours d’une grossesse sont à risque de développer une maladie cardio-vasculaire ultérieurement dans leur vie. Leur risque de décéder d’une maladie cardio-vasculaire est d’ailleurs doublé comparativement aux autres femmes. La majorité des études publiées sur ce sujet évaluent ce risque peu de temps après l’accouchement.

Une équipe néerlandaise a souhaité vérifier l’évolution sur le plan cardio-vasculaire à plus long terme dans une population de femmes ayant présenté une pré-éclampsie durant leur grossesse. Ainsi, à partir de registres des maternités d’Amsterdam, les auteurs ont repris les dossiers de femmes avec pré-éclampsie à un âge gestationnel < 34 semaines et ont pu les comparer à des femmes indemnes de cette pathologie 9 à 16 ans après leur grossesse.

Entre 2014 et 2016, l’estimation du risque vasculaire faisait alors appel à :

  • un questionnaire de santé portant en particulier sur l’éventuelle survenue de pathologies cardio-vasculaires et les thérapeutiques liées ainsi que leurs antécédents familiaux…
  • un examen clinique avec mesures répétées de la PA et mesures anthropométriques permettant de déterminer le rapport taille/hanche ainsi que l’IMC…
  • un examen biologique sanguin et urinaire avec bilan lipidique, glucidique, rénal et hépatique

Ainsi, 131 femmes avec pré-éclampsie (âge moyen 44 ans) ont été comparées à 56 contrôles (âge moyen 46,5 ans). En cas d’antécédent de pré-éclampsie, il apparaissait des différences significatives de tous les facteurs de risque cardio-vasculaire étudiés :

  •  PA, IMC, tour de taille et rapport taille/hanche étaient significativement plus élevés
  • 38% des femmes avaient développé une vraie HTA versus 14,3% chez les contrôles (p=0,001)
  • Triglycéridémie, glycémies, hémoglobine glyquée, microalbuminurie étaient plus hautes et le HDL-cholestérol plus bas
  • 16,8% des patientes présentaient un vrai syndrome métabolique versus 1,8% des contrôles (p=0.003)

Le lien entre pré-éclampsie et maladie cardio-vasculaire ultérieur apparait donc comme étant un élément majeur. Est-ce que les femmes développant une pré-éclampsie sont celles avec un terrain particulier sous-jacent ? Est-ce la pré-éclampsie elle-même qui représente un véritable facteur de risque spécifique ? Quoiqu’il en soit, la pré-éclampsie se confirme comme étant un antécédent associé de manière significative au développement ultérieur de facteurs de risque et de pathologies cardio-vasculaires. En effet, 42% des femmes étaient devenues hypertendues ou présentaient un syndrome métabolique comparativement à 14,3% des contrôles (p<0.0001). Dans l’étude proposée, les femmes étaient cependant indemnes d’accident vasculaire (IDM ou AVC) constituant une population idéale pour des actes de prévention primaire. Ainsi, les conseils habituels  d’hygiène de vie sont fondamentaux: arrêt du tabac, réduction pondérale, diététique appropriée, mise en place d’une activité physique, réduction de la consommation d’alcool...

Bokslag A, Teunissen PW, Franssen C et al. Effect of early-onset preeclampsia on cardiovascular risk in the fifth decade of life. Am J Obstet Gynecol 2017;216:523.e1-7.

 
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