Bouffées de chaleur précoces : nouveau facteur de risque cardiovasculaire ?

Les femmes jeunes (40-53 ans) qui souffrent de bouffées de chaleur auraient un risque cardiovasculaire majoré indépendamment des autres facteurs de risque et du taux sanguin d’estradiol (E2). Chez les femmes de 54-60 ans aucun lien significatif n’a en revanche été mis en évidence. C’est le résultat d’une étude menée sur 272 femmes et qui est publiée dans Ménopause, le journal de la Société Nord-Américaine d’étude de la ménopause (NAMS).

Pour les auteurs, originaires de Pittsburg, « la dysfonction vasculaire est l’un des premiers signes de l’athérosclérose, et c’est elle aussi qui est impliquée dans les phénomènes de bouffées de chaleur. D’où l’idée de tester pour la première fois s’il existe un lien entre ces deux données ».

Pour préciser cette hypothèse, 272 femmes entre 40 et 69 ans ont été incluses dans l’étude. Elles ont été divisées en deux groupes selon le délai par rapport à leur ménopause : péri-ménopause (de 2 à 12 mois après l’arrêt des menstruations) et post-ménopause (plus de 12 mois d’aménorrhée). Les femmes retenues devaient être exemptes de certaines pathologies : maladies cardio-vasculaires, cancer, hystérectomie, insuffisance rénale, convulsions, maladie de Parkinson, maladie de Raynaud.

Elles ne devaient pas non plus être sous traitement par hormonothérapie, inhibiteurs de la recapture de la sérotonine, insuline ou médicaments à visée cardiovasculaire. En moyenne les femmes étaient âgées de 54 ans, elles étaient d’origine caucasienne dans leur grande majorité, d’un niveau scolaire élevé et avec un profil de risque cardiovasculaire faible (toutes non fumeuses).

Après un examen physique, la dilatation médiée par le flux sanguin (flow mediated dilatation, FMD) était mesurée au niveau de l’artère radiale afin d’apprécier la fonction endothéliale et une échographie carotidienne était effectuée. L’évaluation et la validation du nombre de bouffées de chaleur se faisait au moyen d’un calendrier des bouffées de chaleur sur 3 jours couplé à un bracelet de mesure de la vasodilatation cutanée et à la surveillance via une caméra thermique pendant 24 h de la rougeur faciale. Un bilan biologique et hormonal complétait l’examen.

Les femmes qui souffraient à un jeune âge de bouffées de chaleur (40-53 ans) présentaient, après ajustement pour les autres facteurs de risque, une valeur plus base de FMD, signant une dysfonction endothéliale. Selon les auteurs, ce groupe de femmes présenterait une dysfonction endothéliale en moyenne 10 ans avant l’âge de survenue de la dysfonction endothéliale en post-ménopause. Chez les femmes les plus âgées, aucun lien statistique n’a été retrouvé entre les bouffées de chaleur et la dysfonction endothéliale.

Les auteurs ont par ailleurs constaté que le lien entre bouffées de chaleur et dysfonction endothéliale chez les femmes les plus jeunes n’était pas lié au taux d’estrogènes.

Pour les auteurs, en période de péri ménopause, l’intensité des bouffées de chaleur doit être prise en compte dans le calcul du risque cardiovasculaire à long terme, tout autant que d’autres paramètres. Mais il reste encore à mieux comprendre le mécanisme physiopathologique qui régit cette association et à en évaluer les conséquences.

Thurston RC, Chang Y, Barinas-Mitchell E, Jennings JR, von Känel R, Landsittel DP, Matthews KA. Physiologically assessed hot flashes and endothelial function among midlife women. Menopause. 2017 Aug;24(8):886-893.

 
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