Zéro alcool pendant la grossesse

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Pour la vingtième année, la journée du 9 septembre est dédiée à la sensibilisation au Syndrome d’Alcoolisation Fœtal (SAF).

Déjà en 2006, l’Académie de Médecine s’exprimait en ces termes : « Les études épidémiologiques n’ayant pu mettre en évidence un seuil de consommation de boissons alcooliques au cours de la grossesse qui serait sans effet délétère pour l’enfant, l’option « zéro alcool » doit être préconisée pendant toute la grossesse, et ce dès son début ». (1.)

Depuis, des progrès significatifs ont été accomplis dans les domaines de l’épidémiologie, de la connaissance des mécanismes de toxicité de l’alcool sur le cerveau et des méthodes de détection clinique et biologique de l’intoxication alcoolique.

Dix ans plus tard, « la gravité des situations créées chez lenfant à naître appelle une prise de conscience collective ». (2.)

Fondés sur plusieurs rapports, les recommandations des professionnels de santé sont unanimes : « zéro alcool pendant la grossesse ».

Malheureusement cette abstinence totale est encore trop souvent discutée et jugée excessive au sein de l’entourage des femmes enceintes.

C’est pourquoi cette année encore, la campagne de prévention a pour objectif de réduire à « zéro alcool » la consommation des femmes pendant les neuf mois de la grossesse.

En 2018, d’après l’étude publiée par Santé Publique France, en France, entre 2006 et 2013, 3207 nouveau-nés (soit une naissance par jour en moyenne) ont présenté au moins une conséquence liée à l’alcoolisation fœtale, dont pour 452 d’entre eux (soit une naissance par semaine en moyenne) un Syndrome d’Alcoolisation Fœtale. (3.)

 En 2013, la Haute Autorité de Santé a publié la liste des différents troubles causés par l’alcoolisation fœtale. Cela dans le but d’aider les professionnels de santé à repérer et à orienter les femmes enceintes susceptibles d’avoir un problème de consommation d’alcool et dont l’enfant risque d’être atteint de troubles causés par l’alcool, ainsi que les enfants à risque susceptibles d’avoir subi les effets d’une exposition prénatale à l’alcool. (4.)

 D’après le Dr Gilles Crépin, médecin et rapporteur de l’Académie Nationale de Médecine, « il y a deux sortes d’alcoolisation, celle qui est chronique et qui concerne les femmes qui continuent de boire comme avant et l'alcoolisation accidentelle. Cette dernière n'en est pas moins dangereuse pour l'enfant.» 
L’effet toxique de l’alcool est double : 
- tératogène en période embryonnaire,
- neurotoxique puisant tant chez l’embryon que chez le fœtus, tout au long de la gestation. (5.).

 Ainsi l’alcoolisation fœtale est la première cause non génétique de handicap mental chez l’enfant. En 2016, le Dr Marc Even-Silbertein réalise une revue systématique et méta-analyse sur les conséquences d’une exposition prénatale à l’alcool en se basant sur une étude de Popova et al., parue dans Lancet en janvier 2016. Les cinq comorbidités les plus fréquemment retrouvées dans ces études (entre 55 et 91%) sont : (6.)
• les troubles du langage,
• les troubles de la conduite,
• les troubles du système nerveux périphérique,
• les troubles de l’attention,
• l’otite séreuse chronique.

Pour cela, en vertu du principe de précaution, il est recommandé aux femmes enceintes de s’abstenir de toute consommation d’alcool dès le début de leur grossesse et pendant toute sa durée. Cette recommandation vaut pour toutes les occasions de consommation, qu’elles soient quotidiennes, ponctuelles ou festives. (7.)

Enfin, les professionnels de santé ont un rôle capital à jouer dans la prévention et le dépistage de la consommation maternelle. C’est une nécessité de santé publique. Le Syndrome d’Alcoolisation Fœtale restant la première cause de déficience intellectuelle évitable. Les sages-femmes sont aussi en première ligne pour faire passer le message « zéro alcool pendant la grossesse » auprès de leurs patientes à chaque consultation de grossesse, et de préparation à la naissance.

Il est primordial de privilégier l’aspect pédagogique, en évitant à tout prix de susciter un sentiment de culpabilité chez les femmes enceintes.

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Références :

  1. http://www.academie-medecine.fr/06-06-prevention-des-risques-pour-lenfant-a-naitre-necessite-dune-information-bien-avant-la-grossesse/
  2. http://www.academie-medecine.fr/wp-content/uploads/2016/03/Rapport-alcoolisation-foetale-d%C3%A9finitif-14-3-16.pdf
  3. http://www.ordre-sages-femmes.fr/actualites/alcoolisation-foetale-nouvelle-campagne/
  4. https://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2013-09/troubles_causes_par_lalcoolisation_foetale_reperage_-_fiche_memo.pdf
  5. http://www.academie-medecine.fr/wp-content/uploads/2016/03/Rapport-alcoolisation-foetale-d%C3%A9finitif-14-3-16.pdf
  6. https://www.gyneco-online.com/obstetrique/consequences-dune-exposition-prenatale-lalcool-revue-systematique-et-meta-analyse
  7. http://inpes.santepubliquefrance.fr/70000/cp/07/cp070926.asp

Illustrations :

  1. http://www.ordre-sages-femmes.fr/actualites/zero-alcool-pendant-la-grossesse-une-campagne-contre-le-syndrome-dalcoolisation-foetale/
  2. http://www.alcool-info-service.fr/Actualites/grossessezeroalcool#.W7DT7S_pNQI
  3. http://inpes.santepubliquefrance.fr/70000/dp/06/dp060911.pdf