Obésité, nutrition et cancer du sein : intérêt d’un parcours de soin individualisé

Obésité et cancer du sein : des liens étroits

L’obésité est une pathologie en croissance dans tous les pays industrialisés. En France, la prévalence de l’obésité a ainsi doublé au cours des 15 dernières années et atteint maintenant 1 adulte sur 6. Parmi les conséquences néfastes de l’obésité, le risque de certains cancers est augmenté dont celui du cancer du sein. On estime à au moins 30% l’augmentation de risque de cancer du sein (après la ménopause) chez les femmes obèses par comparaison avec celles de poids normal.

En parallèle, parmi les femmes qui sont prises en charge pour un cancer du sein, on sait que près de 50% d’entre elles présentent un surpoids. Le traitement est également souvent associé à une prise de poids. L’impact de l’excès de poids est important : il augmente le risque de récurrence du cancer du sein, et il augmente la mortalité quel que soit le statut ménopausique (c’est-à-dire avant ou après la ménopause).

Les liens entre obésité et cancer du sein sont donc étroits : d’une part, l’excès de poids augmente le risque de survenue d’un cancer du sein, d’autre part, l’évolution du cancer du sein est moins favorable chez les femmes en surpoids (une patiente sur deux).

 

Mode de vie et cancer du sein : un effet majeur de l’activité physique

De façon générale, la prise en charge du surpoids et de l’obésité repose : 1) dans tous les cas sur des modifications du mode de vie (alimentation, activité physique) et un suivi régulier, 2) dans certains cas sur un soutien psychologique spécifique, et 3) dans des cas sélectionnés d’obésité extrême ou massive sur la chirurgie de l’obésité ou chirurgie bariatrique. Les conseils alimentaires visent une réduction modérée des apports et en particulier des apports en graisses. L’intérêt d’un régime limitant les apports en graisse a été démontré chez les femmes suivies pour cancer du sein avec une diminution des récidives, en particulier par le biais de la perte de poids associée.

Un des points marquants des mesures sur le mode de vie concerne l’effet de l’activité physique. En effet, une activité physique régulière, d’intensité au moins modérée, est associée à une diminution du risque de survenue du cancer du sein (prévention) et, surtout, à une diminution des récidives et une amélioration de la survie chez les patientes.

Quant à la chirurgie de l’obésité, elle reste réservée aux patients avec une obésité sévère mais elle peut amener non seulement une perte de poids conséquente et maintenue à long terme mais une diminution du risque de pathologies associées comme certains cancers chez les femmes. Le type de cancer qui peut être prévenu par cette méthode reste à mieux préciser, mais c’est la première fois que les bénéfices pour la santé de la perte de poids sont aussi clairement démontrés.

Prise en charge individualisée métabolique et nutritionnelle des patientes traitées

Nous avons mis en place à la Pitié-Salpêtrière un parcours de soin spécifique pour les femmes suivies pour cancer du sein et présentant une prise de poids excessive ou un surpoids. Cette prise en charge vise en particulier à augmenter l’activité physique au quotidien et à limiter la prise de poids. Les patientes, identifiées par un médecin nutritionniste lors des premières phases de leur traitement (chirurgie ou oncologie), sont vues dans le cadre d’un hôpital de jour spécifique mis en place dans le service de nutrition. L’examen par le médecin et une analyse de sang détaillée (évaluation du statut nutritionnel) sont complétés par : une évaluation des capacités à l’effort (test d’effort sur bicyclette) par le médecin du sport et une analyse des apports et du comportement alimentaire par la diététicienne. Les conseils pratiques sont définis pour l’activité physique par l’éducateur sportif (professionnel de l’activité physique adaptée aux pathologies chroniques) et pour l’alimentation par la diététicienne. Les patientes sont orientées sur des groupes d’activité physique permettant la reprise d’une activité physique adaptée grâce aux partenariats noués avec des associations ou fédération sportives (Siel Bleu, CAMI). L’effet de cette prise en charge est principalement assuré lors des consultations médicales régulières de suivi de la patiente.