Vaccination des femmes enceintes contre la coqueluche

Depuis avril 2022, la Haute Autorité de Santé (HAS) recommande la vaccination contre la coqueluche des femmes enceintes, à chaque grossesse, afin de protéger les nouveau-nés et les nourrissons de moins de six mois (1).

La coqueluche est une infection des voies respiratoires hautement contagieuse. Elle est responsable de quintes de toux fréquentes et prolongées. L’infection de la coqueluche chez les nourrissons les plus jeunes est grave, voire mortelle.
En France, plus de 90 % des décès par coqueluche surviennent au cours des six premiers mois de vie, et notamment au cours des trois premiers mois. Ainsi, entre 2013 et 2021, le réseau RENACOQ1 (Réseau hospitalier de surveillance de la coqueluche) a rapporté 993 cas de coqueluche hospitalisés chez les moins de 12 mois dont 604 chez les moins de 3 mois (dont 66 % de nourrissons non protégés par la vaccination). Ceci démontre qu’avant 3 mois, les nourrissons ne sont que partiellement protégés par la vaccination contre la coqueluche. Par ailleurs, d’après des données communiquées par Santé publique France, un nombre moyen annuel de 2,6 décès attribués à la coqueluche concernait des nourrissons âgés de 10 jours à 2 mois (entre 2000 et 2017).

Depuis 2004, une stratégie dite du « cocooning » a été mise en place en France. Elle consiste à vacciner l’entourage proche des nourrissons pour les protéger pendant les premiers mois de leur vie. Cependant, la couverture vaccinale obtenue dans cette stratégie du cocooning reste inférieure à celle attendue pour empêcher la transmission de l’infection aux jeunes nourrissons.

En mars 2018, la HAS s’était prononcée en faveur de la vaccination contre la coqueluche chez la femme enceinte dans un contexte épidémique à Mayotte. Elle se prononce aujourd’hui en faveur de la vaccination de la femme enceinte sur l’ensemble du territoire, dans une recommandation qui sera intégrée dans le calendrier vaccinal de 2022 (2).

La stratégie de vaccination maternelle contre la coqueluche est recommandée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et la Fédération Internationale de Gynécologie et d’Obstétrique. Au moins 30 pays dans le monde ont déjà mis en œuvre cette stratégie depuis plus de dix ans.
Les bilans de ces pays ont montré une réduction des taux d’incidence, des hospitalisations et de la mortalité par coqueluche chez les enfants de 0 à 3 mois. Par ailleurs, les données de sécurité des vaccins étant rassurantes, aucun programme n’a été interrompu depuis sa mise en œuvre.
En termes de résultats d’immunogénicité, une étude de cohorte prospective a signalé des concentrations plus élevées d’anticorps lorsque les femmes étaient vaccinées au cours du deuxième trimestre par rapport au troisième trimestre (4).

La majorité des pays recommande cette vaccination entre 20 et 32 semaines d’aménorrhée (SA). La Fédération Internationale de Gynécologie et d’Obstétrique recommande de vacciner les femmes entre 27 et 36 SA.
La HAS recommande la vaccination contre la coqueluche chez la femme enceinte à partir du deuxième trimestre de grossesse, en privilégiant la période entre 20 et 36 SA afin d’augmenter le transfert transplacentaire passif des anticorps maternels et d’assurer une protection optimale du nouveau-né.

Avant la grossesse : Un rappel vaccinal contre la coqueluche est recommandé pour tous les adultes de 25 ans (avec rattrapage jusqu’à 39 ans). Bien que moins efficace pour protéger les nourrissons que la vaccination de la femme pendant la grossesse, la vaccination des adultes non vaccinés au cours des dix dernières années et ayant le projet d’avoir un enfant est à recommander aux femmes qui ne voudraient pas se faire vacciner pendant leur grossesse.
La HAS recommande qu’une première information sur la vaccination soit donnée aux parents dès le début du suivi de la grossesse, et idéalement lors des visites pré-conceptionnelles.

Pendant la grossesse : cette vaccination est recommandée à partir du 2ème trimestre et de préférence entre les semaines d’aménorrhées 20 et 36. La vaccination contre la coqueluche doit être effectuée à chaque grossesse et peut être réalisée avec un vaccin tétravalent (dTcaP). Une femme ayant reçu un vaccin contre la coqueluche avant sa grossesse doit également être vaccinée pendant la grossesse afin de s'assurer que suffisamment d'anticorps soient transférés au fœtus pour le protéger dès sa naissance.

Après la grossesse : En l’absence de vaccination contre la coqueluche de la mère pendant la grossesse, cette vaccination est également recommandée en post-partum immédiat, avant la sortie de la maternité, même si elle allaite, conformément à la stratégie actuelle de cocooning. Cette vaccination est également recommandée pour les personnes non à jour dans leurs vaccinations et susceptibles d’être en contact étroit avec le nourrisson durant ses six premiers mois de vie (père, fratrie ….) (5).
La HAS précise que, lorsque la mère a été vaccinée pendant sa grossesse et qu’au moins un mois s’est écoulé entre la vaccination et l’accouchement, il n’est plus nécessaire de vacciner l’entourage proche du nourrisson (3).

La HAS indique que la vaccination contre la coqueluche de la femme enceinte peut être effectuée en même temps que la vaccination contre la grippe saisonnière et/ou la Covid-19. Toutefois, alors que la vaccination contre la coqueluche doit être réalisée de préférence au cours du deuxième ou troisième trimestre de la grossesse, les vaccinations contre la Covid-19 et la grippe doivent être réalisées dès que possible au cours de la grossesse.
Le calendrier vaccinal des nourrissons doit être suivi conformément aux recommandations en vigueur, que la mère ait été vaccinée ou non pendant la grossesse.

Parmi les vaccins anticoquelucheux disponibles en France, seuls deux vaccins ont une AMM pour l’administration chez la femme enceinte :
Boostrixtetra®,
Repevax®.
Il s’agit de vaccins combinés tétravalents acellulaires. Ils peuvent être utilisés indifféremment.

Les contre-indications sont très rares. Ces vaccins ne doivent pas être utilisés en cas :

  • d’allergie aux substances actives, à l’un des autres composants du vaccin, ou aux résidus à l’état de traces ;
  • d’encéphalopathie de cause inconnue, survenue dans les sept jours suivant une vaccination antérieure par un vaccin contenant la valence coquelucheuse.

Comme pour toutes vaccination, la vaccination contre la coqueluche doit être différée en cas de maladie aiguë avec fièvre (3).

Pour rappel, la sage-femme inscrit dans le carnet de santé, ou le carnet de vaccination, et le dossier médical de la personne vaccinée :

  • la dénomination du vaccin administré,
  • la date de l’injection,
  • son numéro de lot.

À défaut, le professionnel de santé délivre à la personne vaccinée une attestation de vaccination qui comporte ces informations. Si la personne vaccinée n'a pas de dossier médical partagé, le soignant transmet ces informations, avec son consentement, par messagerie sécurisée, à son médecin traitant.
À savoir : tous les professionnels de santé doivent déclarer au centre de pharmacovigilance les effets indésirables portés à leur connaissance susceptibles d'être dus au vaccin administré (6).

A partir du 6ème mois de grossesse, le vaccin contre la coqueluche est pris en charge à 100% par l’Assurance Maladie.

Pour soutenir cette stratégie, la HAS encourage que ces vaccins soient disponibles dans les maternités et autres centres de soins prenant en charge des femmes enceintes, pour être administrés à la femme enceinte lors de l’un des examens règlementaires de suivi de la grossesse.

 

Références:

1- https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/qr_professionnels_coqueluche_28062022.pdf
2- http://www.cngof.fr/actualites/777-vaccination-coqueluche-pendant-la-grossesse-2
3- https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2022-04/recommandation_vaccinale_contre_la_coqueluche_chez_la_femme_enceinte.pdf
4- Ladhani SN, Andrews NJ, Southern J, Jones CE, Amirthalingam G, Waight PA, et al. Antibody responses after primary immunization in infants born to women receiving a pertussis-containing vaccine during pregnancy: single arm observational study with a historical comparator. Clin Infect Dis 2015;61(11):1637-44. http://dx.doi.org/10.1093/cid/civ695
5- https://vaccination-info-service.fr/La-vaccination-au-cours-de-la-vie/Grossesse-et-projet-de-grossesse
6- https://www.service-public.fr/particuliers/actualites/A15641