Quelle place pour le curetage de l’endocol ?

Le curetage de l’endocol est pratiqué en France en utilisant, en fin d’examen colposcopique, une curette de Kevorkian afin de rapporter du tissu issu du canal endocervical à des fins histologiques.
La curette est introduite délicatement dans le canal cervical et permet en « grattant » sur les 4 faces de retirer du tissu qui est emporté au mieux à l’aide d’une pince à préhension (habituellement une pince dite à polype).

Les auteurs ici Américains ont essayé après analyse de la littérature d’en préciser les indications afin de donner une recommandation publiée en janvier 2023, faisant référence aux USA (dont la plupart des indications se basent sur des avis d’experts grade III).

Les auteurs ayant réalisé une revue de la littérature précisent que le Curetage de l’endocol (ECC) permet d’améliorer le diagnostic des CIN2+ de 0.5 à 12% en plus des biopsies faites sur l’exocol.
Avec 12% (15/126 patientes) d’amélioration diagnostique lorsque la cytologie initiale était de Haut grade et de 0% en cas d’ASCUS ou de bas grade. Parmi les 15 curetages positifs : 67% se présentaient avec une colposcopie normale ?? dont 19% d’ECC positif en cas de jonction vue et 10% en cas de jonction non vue, ce qui parait un peu contradictoire et laisse présumer d’une possible faible expérience ou compétence colposcopique et qui ne reflète pas notre expérience colposcopique.

Sur une autre étude portant sur 280 cas, la positivité du curetage de l’endocol (ECC) était de 10% entre 20 & 29 ans et de 25% entre 60 & 69 ans ce qui parait peu surprenant quand on sait que la ligne de jonction est d’autant plus endocervicale que l’âge et le statut ménopausique (du fait de la carence oestrogénique) est plus avancé.

Les auteurs rappellent également que le curetage de l’endocol n’est pas recommandé par la British society (BSCCP) même pour les atypies glandulaires, de même que pour les sociétés Irlandaises et Australiennes et que la fédération internationale (IFCPC), ni l’OMS ne suggèrent à ce propos une quelconque recommandation…

La société Américaine propose donc -comme recommandation- de réaliser un curetage de l’endocol (qui présente une faible morbidité et ce afin d’améliorer le diagnostic des CIN2+ lorsque les autres méthodes semblent en défaut) :

  • En cas de Cytologie HSIL, ASC-H, AGC, ou évocatrice de cancer.
  • En cas d’HPV 16 ou 18 positifs
  • Après un double marquage (p16/ Ki 67) positif
  • Pour toute patiente déjà traitée pour une pathologie cervicale
  • En cas de surveillance d’une CIN2 (non traitée)
  • En cas de jonction non vue (TZ3)
  • Pour les patientes de plus de 40 ans

En revanche le curetage de l’endocol est contre-indiqué en cas de grossesse, ou si le canal endocervical est sténosé et ne permet pas l’introduction de la curette…
Par ailleurs ils précisent qu’il n’est pas indispensable de réaliser un curetage de l’endocol :

  • si une procédure de conisation est prévue,
  • de même pour les patientes de moins de 30 ans après une cytologie ASCUS ou bas grade.

On peut deviner devant cette recommandation à la fois très large et finalement peu discriminative que les auteurs favorisent peut-être la réalisation d’un curetage de l’endocol à des fins médico-légales afin de palier une faible reproductibilité de l’examen colposcopique… puisque le curetage de l’endocol est pratiquement indiqué dans presque toutes les situations même et surtout lorsque la zone de jonction est bien vue…
En France, bien que nous n’ayons à ce jour aucune recommandation, la réalisation d’un curetage de l’endocol peut se justifier (en dehors de la grossesse) :

  • En cas de jonction non vue, afin d’éliminer une pathologie endocervicale inaccessible à l’examen colposcopique
  • Devant une suspicion de lésion glandulaire
  • En cas de discordance cyto -histologique après avoir éliminé une lésion vaginale
  • En fin de conisation (après avoir retiré le cône) afin d’éliminer une éventuelle pathologie endocervicale résiduelle

Colposcopy Standards: Guidelines for Endocervical Curettage at Colposcopy.
Massad LS, Perkins RB, Naresh A, Nelson EL, Spiryda L, Gecsi KS, Mulhem E, Kostas-Polston E, Zou T, Giles TL, Wentzensen N.
J Low Genit Tract Dis. 2023 Jan 1;27(1):97-101. doi: 10.1097/LGT.0000000000000710. Epub 2022 Oct 12.PMID: 36222824