Yeux bleus et endometriose pelvienne profonde : une association intrigante

L’endométriose affecte près de 5 % de la population féminine, et plusieurs chercheurs avaient déjà montré une relation entre des caractères phénotypiques et l’endométriose : photosensibilité, couleur claire des yeux, naevus (SOMIGLIANA et coll. 2010).

Le phénotype « yeux clairs » est associé à différents types de pathologies, telles que :

  • diabète de type I (DI STASIO et coll. 2011)
  • mélanomes (REGAN 1999 ; OISEN et coll. 2010)
  • mauvais pronostic après méningite (CULLINGTON et coll. 2001)
  • lymphomes non hodgkiniens (HUGHES et coll. 2004).

Le but de l’étude menée par VERCELLINI et coll. (Université de MILAN - Italie) était de rechercher une augmentation du phénotype « yeux bleus » chez les patientes présentant une endométriose profonde pelvienne (n = 203) par rapport à des groupes avec endométriome ovarien isolé (n = 203) et un groupe contrôle sans pathologie d’endométriose (n=280).

Le diagnostic d’endométriose profonde incluait des lésions recto-vaginales, coliques, péri-urétérales, des lésions du torus et des paramètres.

Il était porté sur l’examen clinique, l’échographie pelvienne et l’écho-endoscopie rectale.

L’âge moyen était de 38,4 ans dans le groupe 1 (endométriose profonde), de
36,9 ans dans le groupe 2 (endométriomes ovariens), de 33,6 ans dans le groupe contrôle.

La répartition géographique de naissance (nord, centre et sud de l’Italie) était identique dans les trois groupes.

Résultats :

  • les patientes présentant une endométriose profonde (groupe 1) avaient un pourcentage significativement plus élevé de phénotypes « yeux clairs », avec une proportion de 30 % dans ce groupe 1 / 16 % et 15 % respectivement dans les groupes 2 et 3.
  • la proportion de « yeux bleus » était identique dans le groupe endométriome ovarien et le groupe contrôle.

Les auteurs expliquent ces résultats par le fait que des gènes impliqués dans le contrôle de la transmission de la couleur de l’iris sont localisés dans une région « fragile » de déséquilibre mettant en cause des gènes responsables du caractère « invasif de l’endométriose ».

Pour les auteurs, la couleur « yeux bleus » peut être considérée comme un indicateur du phénotype de photo-sensibilisation, une baisse de l’exposition à la lumière étant associée à une diminution du 25-hydroxyvitamine-D3 circulant.

Cette anomalie métabolique pourrait être associée à un risque plus important d’endométriose (HARRIS et coll. 2013).

Les auteurs rappellent par ailleurs le rôle probable de la vitamine D sur plusieurs facteurs incriminés dans la physiopathologie de l’endométriose :

  • diminution de la prolifération cellulaire,
  • augmentation de l’apoptose cellulaire,
  • modulation de l’angiogénèse,
  • prolifération de la matrice extra-cellulaire,
  • réponse immunitaire avec diminution des cytokines inflammatoires IL-17.

 

“Behind Blue eyes” : the association between eye colour and deep infiltrating endometriosis -Paolo VERCELLINI, Laura BUGGIO, Edgardo SOMIGLIANA, Dhouda DRIDI, Maria Antonietta MARCHESE and Paola VIGANO – Human Reproduction Vol. 29 n°10 PP.2171-2175. 2014.

 

 
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