L’oncofertilité : quand y penser et quel parcours pour les patientes ?


Réunions de Concertation Pluridisciplinaires en Oncologie - Hôpital TENON

En France, la préservation de la fertilité s’inscrit dans le cadre de la loi de bioéthique* qui stipule que « toute personne dont la prise en charge médicale est susceptible d’altérer la fertilité, ou dont la fertilité risque d’être prématurément altérée, peut bénéficier du recueil et de la conservation de ses gamètes ou de ses tissus germinaux, en vue de la réalisation ultérieure, à son bénéfice d’une assistance médicale à la procréation, ou en vue de la préservation et de la restauration de sa fertilité ».

L’institut National du cancer (INCa) et le Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF) en 2010, le Plan Cancer 2014-2019, ont successivement réaffirmé la nécessité d’une information systématique des patients, dès la consultation d’annonce de la proposition thérapeutique, sur les risques des traitements du cancer pour leur fertilité ultérieure et sur les possibilités actuelles de préservation de la fertilité, notamment chez les enfants et les adolescents.

Adaptée à la situation personnelle des patients, cette information doit être réalisée y compris lorsque le traitement de première intention n’apparaît pas d’emblée comme stérilisant. Lorsque le patient le souhaite, il devra être adressé à un spécialiste de la reproduction compétent en préservation de la fertilité.

À cet effet l’APHP a mis en œuvre une plateforme de préservation de la fertilité.

Celle-ci est accessible par un numéro unique, le 0800454545, donnant accès aux quatre centres CECOS de l’APHP autorisés cette activité.

Ces centres offrent toutes les techniques de préservation de la fertilité, dans les deux sexes, pour l’enfant, l’adolescent et l’adulte, avec une permanence des soins.

*Loi de bioéthique de 2004 et Article L2141-11 du code de la santé publique modifié par la Loi n°2011-814 du 7 juillet 2011-art.32.

La stratégie à mettre en œuvre est discutée de façon pluridisciplinaire entre équipe oncologique et équipe de préservation de la fertilité, et proposée à la patiente. Pour permettre la mise en œuvre de cette stratégie, il est préférable d’adresser la patiente le plus tôt possible après l’annonce du programme de traitement.

Les centres de l’APHP ont rédigé un référentiel de prise en charge remis à jour annuellement. Il décrit l’impact des traitements anti cancéreux sur la fertilité, les différentes techniques de préservation et leurs résultats. Les indications dans le cadre du cancer du sein et des cancers pelviens sont discutées plus en détail (http://www.aphp.fr/5-referentiels-cancers-du-sein-et-gynecologiques-pour-les-professionnels).

Le parcours des patients dans les centres de préservation de la fertilité est, dans la mesure du possible, condensé : consultations regroupées sur un jour avec clinicien, biologiste et anesthésiste, bilan biologique et échographique, voire combinaison de la pose du PAC avec le geste de préservation.

Les équipes sont également disponibles pour rencontrer à plusieurs reprises les patients qui ont besoin de temps pour intégrer les informations et prendre une décision. Un soutien psychologique est proposé.

Un bilan de réserve ovarienne (échographie par voie vaginale et dosage d’AMH), le bilan pré-opératoire et les sérologies réglementaires avant AMP (Hépatites B et C, HIV, syphilis) sont effectuées.

Le geste de préservation est réalisé d’emblée ou à l’issue d’une stimulation ovarienne de type fécondation in vitro en fonction du contexte clinique et de la stratégie choisie. 

Les tissus germinaux, gamètes et/ou embryons sont conservés au CECOS tant que le patient est vivant, en âge de procréer, et pour les embryons, en couple.

Une relance annuelle est adressée aux patients pour confirmer leur souhait de poursuivre la conservation.

Au total :

  • Quand ? Chaque fois qu’un traitement ou une pathologie risque d’impacter la fertilité, que le patient ait déjà des enfants ou non. Le plus tôt possible dans la prise en charge.
  • Quel parcours pour les patients ? Pluridisciplinaire, dans des centres spécialisés et autorisés, axé tout d’abord sur l’information puis sur une proposition de préservation de fertilité. Adapté autant que possible au rythme du patient dans ce contexte difficile.

 
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