Les 1 000 premiers jours

Les premières années de vie ont une incidence considérable sur l’avenir d’un enfant - sur son développement cérébral, sa santé, son bonheur, son aptitude à apprendre à l’école, son bien-être.

Au cours de cette étape déterminante de la vie, le cerveau d’un bébé peut former plus d’un million de nouvelles connexions neuronales toutes les secondes - un rythme qui ne sera plus jamais égalé par la suite.

Une alimentation saine, une stimulation adéquate et des soins adaptés sont essentiels pour développer le cerveau des enfants au cours des 1 000 premiers jours. (1)

L’environnement physique, affectif et nutritionnel dans lequel évolue l’enfant façonne sa santé globale et son bien-être futur. Garantir la bonne santé et le développement des enfants d’aujourd’hui, c’est agir pour les parents, les citoyens, et la société de demain. (2)

Le concept des « 1 000 premiers jours »

L’Organisation Mondiale de la Santé, la banque mondiale et l’UNICEF ont contribué à cette série d’articles publiés dans la revue The Lancet en 2016. (3)

Les conclusions de ces articles, intitulés Advancing Early Childhood Development : from Science to Scale (4), montrent combien les trois premières années de la vie sont déterminantes, non seulement pour le développement de l’enfant, mais aussi pour la santé globale de l'adulte qu'il deviendra.

Au niveau français, lancée par le Président de la République, en 2019, la commission « 1000 premiers jours », présidée par Boris Cyrulnik, a regroupé de nombreux experts de spécialités différentes. Le rapport qui a été élaboré a permis d’identifier les facteurs favorables au développement de l’enfant et les leviers d’actions possibles tout au long de la grossesse jusqu'aux 2 ans de l’enfant.

Un environnement sain et sûr, une alimentation adaptée, des relations affectives stables et sécurisantes.

Quelques grandes lignes du rapport de la commission des 1 000 premiers jours destinées aux professionnels de santé (2) :

- L’enfant a besoin de voir ses parents dans la journée, suffisamment longtemps chacun, dans un temps calme, non limité aux repas et aux changes.

- La proximité physique et le portage en peau à peau favorisent le développement affectif et l’autonomie de l’enfant.

- Les écrans ont une place de plus en plus importante dans notre quotidien. Ils ne doivent pas remplacer, ou interférer dans les interactions entre l’adulte et l’enfant. L’exposition à un écran doit être réduite au minimum.

- Prêter attention aux initiatives des enfants et à leurs émotions, ainsi qu’enrichir leur environnement sont des attitudes cruciales pour le développement de leur intelligence. Jouer, chanter, raconter des histoires, faire la lecture, favoriser des rencontres d’éveil culturel et artistique, et avec la nature sont essentiels au développement de l’enfant.

- Le sommeil est un élément clé de l’apprentissage. Les siestes sont à favoriser. Assurer durée, régularité et qualité du sommeil nocturne est essentiel. Améliorer le sommeil des enfants (et des parents) est une mesure efficace pour améliorer le bien-être familial et le développement physique, émotionnel et cognitif des enfants.

- L’allaitement est bénéfique à la santé physique et au bien-être affectif et cognitif de la mère et de l’enfant. Il faut que chaque femme qui le souhaite puisse allaiter dans les meilleures conditions. Allaiter ou ne pas allaiter doit relever d’un choix de la mère.

- L’exposition aux substances toxiques (tabac, alcool, drogues, perturbateurs endocriniens, médicaments) entraîne de graves conséquences chez l’enfant en bas âge. Il sagit donc d’informer les mères qui désirent commencer une grossesse, de les aider en cas de dépendance, de lutter contre leur exposition aux substances toxiques sur leur lieu de travail et/ou à leur domicile.

- La dépression ou fragilité maternelle post-natale est la première complication de la grossesse avec des conséquences qui peuvent être sévères. Plus la dépression est sévère et dure longtemps, plus le risque de répercussion sur l’enfant augmente (troubles du comportement, des apprentissages, dépression de l’enfant). Pourtant, la dépression du post-partum, et plus globalement les dépressions périnatales, sont mal connues en France, en pratique non dépistées, donc trop peu prévenues et mal soignées. Informer massivement sur ces troubles et proposer des méthodes de dépistage permettrait une prise en charge plus rapide des patientes qui en souffrent.

- La violence conjugale, qui existe dans tous les milieux sociaux, a des effets sur la santé physique et le développement affectif de la mère (ou du second parent) mais aussi des fœtus et enfants qui y sont exposés. Un enfant exposé a de forts risques de développer des séquelles psychologiques et affectives et des troubles psychiques graves tout au long de sa vie. Les violences éducatives ordinaires, qui peuvent être présentes dans tous les milieux sociaux, ont un effet néfaste marqué sur le développement relationnel, affectif mais aussi cognitif des enfants qui en sont victimes.

Sensibiliser les parents aux risques de toutes violences envers les enfants, et insister notamment sur le fait, que tout coup porté sur un enfant est une violence.

Sensibiliser sur le syndrome du bébé secoué : secouer un nourrisson est dangereux, avec des risques majeurs de lésions cérébrales. Les jeunes parents doivent être informés dès le séjour en maternité sur les pleurs du nourrisson, sur la façon de gérer les pleurs du bébé, et sur les étapes qui peuvent conduire à secouer un nourrisson.

Dans le cadre des rencontres parents/enfants et professionnels de santé qui existent déjà :

 - L’entretien prénatal précoce permet de définir des outils de dépistage de dépressions, de dépendances, de violences, et de difficultés particulières.

 - Le mise en place en systématique d’une visite à domicile en post-partum, avec des professionnels formés à l’allaitement.

- L’entretien post-natal précoce par les sages-femmes est encore très peu utilisé. Cet entretien, qui a lieu entre J8 et J30, permet un suivi médical somatique de l’enfant et de la mère, de repérer les difficultés de la parentalité et d’identifier les signes de dépression du post-partum.

1 000 premiers jours : une application pour smartphone et un site internet

Depuis Octobre 2021, l’application créée sous l’égide de Santé publique France et du Ministère des solidarités et de la santé met à disposition des informations fondées scientifiquement, en lien avec les besoins fondamentaux de l’enfant. L’application fournit une information fiable parmi la multiplicité de sources d'informations parfois contradictoires. (5)

L’application se veut être un outil de prévention et d’information accessible au plus grand nombre, avec des articles signés par des professionnels et proposés en fonction de l'étape à laquelle se situe le foetus ou l’enfant. On y trouve aussi un calendrier présentant tous les événements des 1 000 premiers jours. (6)

L’application, et le site associé (7), visent à répondre aux questions que se posent les jeunes parents, de la grossesse à l’entrée dans la 2ème année de l’enfant. (8)

Références :

1- https://www.unicef.org/fr/premiers-moments-comptent
2- https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/rapport-1000-premiers-jours.pdf
3-https://www.who.int/fr/news/item/05-10-2016-investing-in-early-childhood-development-essential-to-helping-more-children-and-communities-thrive-new-lancet-series-finds
4- https://www.thelancet.com/series/ECD2016
5- https://questions.assemblee-nationale.fr/q15/15-42259QE.htm
6- https://1000jours.fabrique.social.gouv.fr
7- https://www.1000-premiers-jours.fr/fr
8- https://www.gouvernement.fr/la-plateforme-1000-premiers-joursfr-accompagne-les-jeunes-parents