La maturation cervicale par ballonnet

Introduction 

L’invention du ballon intra-cervical par Mr Schnakenberg de Marbourg remonte à 1837 (1).

En 2008, la Haute Autorité de Santé (HAS) ne recommande pas en systématique le déclenchement artificiel du travail par sonde intra-cervical (2).

Quatre ans plus tard, nous assistons à un changement de pratique : le Collège National des Gynécologues et Obstétriciens de France (CNGOF) recommande l’utilisation du ballon intra-cervical en cas de déclenchement sur utérus cicatriciel (3).

Ainsi, le déclenchement artificiel par méthodes mécaniques en cas de conditions locales défavorables suscite de nouveau l’intérêt des praticiens.

De par l’augmentation des patientes ayant un utérus cicatriciel, cette méthode est de plus en plus utilisée dans les maternités françaises.

Il est important de rappeler la distinction entre d’une part, la maturation cervicale, et d’autre part, le déclenchement artificiel du travail. Ces deux notions sont souvent confondues et, dans le langage courant, le terme « déclenchement » englobe ces deux phases de dilatation.

Nous ne nous intéresserons qu’à la maturation cervicale.

Le déclenchement artificiel du travail repose, avant tout, sur l’évaluation des conditions cervicales, via le score de Bishop (4). Lorsque le score de Bishop est inférieur ou égal à sept, les conditions locales sont considérées comme non favorables. Les méthodes de maturation cervicale sont alors utilisées.

Selon l’HAS (2008) (2), il existe deux types de maturation cervicale : la maturation pharmacologique et la maturation mécanique.

La maturation cervicale par ballonnet relève de la maturation mécanique.

Jusqu’en 2012, la sonde de Foley était encore largement utilisée. Aujourd’hui, pour cette utilisation, elle a été remplacée par le double ballonnet CookÒ (5).

 

Objectif

Le ballonnet CookÒ est une sonde en silicone constituée de deux ballonnets : utérin (U) et vaginal (V). Le dispositif a pour objectif de dilater mécaniquement le col de l’utérus par pression sur l'orifice interne du col.

Cette sonde permet ainsi une maturation cervicale mécanique par compression et/ou dilatation du col utérin, avant le déclenchement du travail à terme, lorsque le col est défavorable (6).

 

Avantages 

Les avantages en faveur de cette méthode mécanique sont :

  • le déclenchement sur utérus cicatriciel,
  • la simplicité de pose,
  • l’arrêt immédiat de la maturation en cas de retrait,
  • le faible risque d’effets secondaires tels qu’une activité utérine excessive,
  • l’augmentation indirecte de la sécrétion naturelle de prostaglandines via un décollement des membranes parfois provoqué par la sonde,
  • un coût réduit.
     

Contres indications 

  • Placenta prævia, vasa prævia ou placenta percreta,
  • Rupture des membranes,
  • Présentation du siège ou transverse du fœtus,
  • Infection évolutive à herpès génital,
  • Grossesse multiple,
  • Polyhydramnios,
  • Anomalies de tracé du rythme cardiaque fœtal,
  • Procidence du cordon,
  • Cardiopathie maternelle,
  • Terme < 37 SA,
  • Refus de la patiente.

 

Méthode 

Avant la pose il est recommandé au moins 20 minutes d’enregistrement cardio-fœtal normal ainsi que la pose d’une voie veineuse.

Après désinfection vaginale, introduire la sonde est à l’aide d’un speculum, dans le col utérin.

Loger le ballonnet utérin (U) dans le segment inférieur, au-dessus de l’orifice interne du col (sous la poche des eaux).

Gonfler le ballonnet U avec 40 ml de sérum physiologique.

Exercer une légère traction sur la sonde afin de positionner le ballonnet U contre l’orifice interne du col.

Le ballonnet vaginal (V) vient alors se positionner au niveau inférieur de l’orifice externe du col (dans le vagin).

Gonfler le ballonnet V avec 40 ml de sérum physiologique.

Retirer le speculum.

Compléter le gonflage des deux ballonnets U et V avec du sérum physiologique, jusqu'à 80 ml maximum chacun. Point d’attention : adapter les volumes selon la tolérance de la patiente.

Fixer la sonde sur la cuisse par un sparadrap (type TegadermÒ).

Il n’est pas recommandé de poser une sonde vésicale en systématique.

Encourager la patiente à se mobiliser : elle peut manger, boire, se doucher, aller aux toilettes.

Certaines maternités autorisent les patientes à quitter l’hôpital pendant les 12h de maturation.

Il est recommandé de ne pas laisser le ballonnet en place plus de 12h (6).

Effectuer une surveillance par monitoring toutes les 6h, ou si contractions utérines, ou si perte du ballonnet.

En cas de rupture spontanée des membranes avant le retrait de la sonde, dégonfler les ballonnets et retirer le dispositif (6).  

Pour retirer la sonde :

Dégonfler les deux ballonnets à l’aide des deux valves U et V.

Retirer la sonde du vagin (6).

Recalculer le score de Bishop.

Si score de Bishop > 7, rupture artificielle des membranes et SyntocinonÒ si besoin.
Si Bishop < 7, poser un nouveau ballonnet Cook
Ò en suivant le même protocole.

 

Conclusion

Selon les enquêtes nationales périnatales, le taux de césariennes en France avait fortement augmenté entre 1995 et 2010 (8).

Puis, de nouvelles recommandations ont encouragé l’accouchement voie basse chez les patientes ayant un antécédent d’utérus cicatriciel.

La plupart des méthodes pharmacologiques de maturation cervicales sont contre-indiquées en cas d’utérus cicatriciel à cause du risque d’hyperstimulation utérine et du risque de rupture utérine augmenté dans ce cas (10).

Ainsi la maturation cervicale par ballonnet prend tout son sens dans les pratiques actuelles et a contribué à la stabilisation du taux de césariennes en France aujourd’hui autour de 20 % (9).

Selon une étude parue en 2014, dans le Journal de Gynécologie Obstétrique et Biologie de la Reproduction, le ballonnet intra-cervical paraît être une méthode sûre, avec des taux d’accouchement par voie basse de 53,7 % et très peu d’effets secondaires (11).

Enfin, dans ma pratique professionnelle, je constate une réticence de nombreuses patientes à l’utilisation d’hormones au cours de l’accouchement. L’utilisation du ballonnet me semble être une alternative pour répondre à cette attente.

 

Bibliographie 

  1. https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01535416/document
  2. Haute Autorité de Santé. Déclenchement artificiel du travail à partir de 37 semaines d’aménorrhée. 2008.
  3. Sentilhes L, Vayssière C, Beucher G, Deneux-Tharaux C, Deruelle P, Diemunsch P, et al. Delivery for women with a previous cesarean: guidelines for clinical practice from the French College of Gynecologists and Obstetricians (CNGOF). Eur J Obstet Gynecol Reprod Biol. sept 2013;170(1):2532.
  4. https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/declenchement_artificiel_du_travail_-_recommandations.pdf
  5. https://www.gyneco-online.com/obstétrique/utilisation-de-la-sonde-urinaire-de-foley-pour-le-déclenchement-du-travail-à-terme
  6. https://www.cookmedical.com/data/resources/RH-D25085-FRCA-F_M3_1463771416666.pdf
  7. Norman JE, Stock S. Intracervical Foley catheter for induction of labour. Lancet 2011;378:2054- 5.
  8. Blondel B., Supernant K., Du Mazaubrun C., Breart G. Enquête nationale périnatale 2003. Situation en 2003 et évolution depuis 1998  :  (2005). l-enquete-nationale-perinatale,7214.html
  9. Stastistiques du PMSI–MCO (médecine, chirurgie, obstétrique) – accès par GHM (groupes homogènes de malades) statghmmco.php.
  10. Klapouszczak D, Grandjean, H, Bongiovanni, I, Michel L. Déclenchement artificiel du travail à partir de 37 semaines d’aménorrhée. HAS; 2008.
  11. https://www.em-consulte.com/en/article/862600