Tableau clinique et prise en charge d’une personnalité borderline

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Décrit depuis les années 50, cette entité clinique caractérise nos patients chroniquement instables. Le DSM-IV-TR, manuel de référence pour les diagnostics en psychiatrie, définit ce trouble comme un "mode général d'instabilité des relations interpersonnelles, de l'image de soi et des affects avec une impulsivité marquée". 

La peur de l'abandon est au premier plan, avec un vécu abandonnique chronique. Les patients ressentent la nécessité de relations intimes aussi bien avec leur entourage qu’avec les soignants, pouvant passer brutalement d'idéalisations en dévalorisations à la moindre déception. Cette instabilité affective peut évoquer des épisodes visant à capter l'attention, mais masque en réalité un trouble authentifié et une réelle souffrance.

Ces patients connaissent fréquemment des colères intenses, dans le cadre d'une impulsivité majeure. Ces comportements entraînent des passages à l'acte auto agressifs (mutilations, tentatives de suicides) et parfois hétéro agressifs. 8 à 10 % de ces patients décèdent de suicide. Ils est fréquent qu’ils décrivent un vide intérieur les poussant à avoir des conduites extrêmes : dépenses excessives, abus de stupéfiants, conduites sexuelles à risque. Ils peuvent développer des troubles du comportement alimentaire, notamment la boulimie.

Dans certains cas, ils peuvent présenter un sentiment de persécution.

Le trouble de personnalité borderline touche environ 2% de la population générale et concerne, pour 75% des cas, des femmes. Il représente 6% des patients qui consultent en psychiatrie, et 15 à 20% des patients hospitalisés.

L’étiologie de ce trouble de personnalité n’est pas bien définie. Cependant, des antécédent(s) traumatique(s), et notamment abus sexuels, dans l’enfance sont très fréquemment retrouvés. Plus généralement ses patients évoluent souvent dans un environnement familial défavorable : négligence, précarité, instabilité, séparations, etc.

La psychothérapie est le traitement de première intention : bien menée elle permet de limiter les comportements à risques, et à plus long terme de diminuer fortement le recours aux autres types de traitements (psychotropes, hospitalisation).

Il n'y a pas de molécule psychotrope spécifique de ce trouble. 

Le trouble de personnalité de type borderline, de prévalence élevée, est un trouble psychiatrique entraînant de sérieuses complications, notamment suicidaire. Un repérage précoce permet une prise en charge rapide et un meilleur pronostic à long terme.

John G. Gunderson. Borderline Personality Disorder. New England Journal 2011, 364:2037-2042

 
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