Grossesse après un parcours en procréation médicalement assistée

Lorsque les femmes obtiennent enfin le résultat positif si longtemps désiré, leur annonçant qu’elles sont enceintes, la réaction qui devrait en découler devrait être la joie.  Pourtant pour nombre d’entre elles, découvrir qu’elles attendent un bébé est souvent une nouvelle source d’angoisse autant que de joie profonde.

Il est assez difficile d’oublier tout ce qui a précédé et de se sentir comme une femme enceinte pleine de confiance. Notons, tout d’abord, que plane alors au dessus de leur tête la crainte de la fausse couche, de l’œuf clair, des grossesses non évolutives…etc. De nombreuses angoisses qui viennent mettre en sommeil le bonheur tant attendu. De surcroît, les femmes disent régulièrement ne pas avoir conscience de cette grossesse débutante. Certes les premiers mois ne marquent pas de changements notables physiquement, mais nous parlons là de la prise de conscience psychologique.

Les femmes sont tiraillées entre vivre pleinement ce moment et rester sur la réserve. Il n’est pas rare d’entendre cette phrase : « Je n’ai pas l’impression d’en avoir fini avec les traitements. J’ai peur de la suite et si cette grossesse se passe mal, il faudrait que je retourne en traitement et cela je n’en ai pas envie ! »

Nous constatons donc une sorte de dualité entre la PMA et la grossesse. Il faut à la femme le temps de la prise de conscience et celle-ci va se faire par étapes, de l’annonce de la grossesse jusqu’aux environs de l’échographie et de la prise de sang pour déceler une trisomie, soit les 3 premiers mois. Regardons plus précisément les différents ressentis de ces femmes :

Des inquiétudes nouvelles : Le désir d’enfant est maintenant comblé, c’est ce désir si fort et présent qui d’ailleurs à permis aux femmes de poursuivre coûte que coûte les traitements. C’est lors du parcours en PMA que les femmes ont déjà construit une relation singulière avec leur futur enfant. En effet, à la différence de la plupart des femmes qui ont un enfant naturellement, les femmes en parcours savent précisément à quel moment il a été conçu. Et avant même que cette grossesse soit réalité, ce futur enfant est déjà aimé !  Pourtant, le bonheur alternant avec l’angoisse de perdre cet enfant tant attendu va venir marquer les premières semaines de grossesse.

Les femmes vont rechercher et guetter constamment des signes tangibles de grossesse (seins tendus, nausées, prise de poids) pour les aider à faire face à cette nouvelle réalité. Et si c’est signes sont moins forts ou moins présents, c’est l’anxiété qui prends alors le pas. Il est d’ailleurs assez fréquent de voir ses femmes se rendre souvent aux urgences lors des 3 premiers mois, afin de s’assurer que tout se déroule bien et surtout pour demander une échographie pour voir encore et encore cet enfant à venir, et imprimer psychologiquement la réalité physique.

Il est parfois difficile après ces mois ou années à se battre de s’inscrire dans une parentalité immédiate. Notons d’ailleurs que souvent l’annonce aux proches et aux amis va être différée à la fin du 1er trimestre, en premier lieu pour s’assurer que tout va bien, mais aussi pour investir cette grossesse.

Enfin, autre paramètre à prendre en compte, ces femmes qui ont été suivies de manière quasi quotidienne, prenant plusieurs médicaments sous toutes les formes possibles, arrivent dans un monde de « normalité ». C’est-à-dire le monde de la grossesse, avec un suivi bien moins appuyé qu’auparavant, ce qui pour certaines femmes marque une sensation d’abandon.

Gérer sa culpabilité : cette grossesse désirée a souvent été imaginée comme le bonheur absolu, mais alors que la vie débute dans le corps des femmes, elles éprouvent parfois un vide, est ce que cette maternité va combler tout mes manques ?  « J’ai tellement espéré ce moment pourquoi ne suis-je pas plus heureuse ? » Les femmes peuvent éprouver le sentiment d’être incomprises par leur entourage, qui a parfois du mal à comprendre le sens de leurs hésitations et qui voudrait qu’elles ne manifestent que de la joie.  

Enfin, il est très fréquemment constaté qu’un déclic se produit lors de l’échographie du 1er trimestre. Les femmes, alors soulagées par le résultat rassurant et voyant à l’échographie une image d’un bébé en pleine santé qui bouge, se libèrent souvent de ce ressenti mitigé pour investir et vivre pleinement cette grossesse à venir. N’oubliant pas ce qu’elles ont vécu, mais sachant apprécier les nouvelles aventures qui les attendent.

 
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