Diagnostic du cancer : Une annonce qui dépend pour beaucoup de la relation médecin/patient !

Face au choc de l’annonce, chaque patient va réagir différemment, en fonction de son histoire personnelle, de son âge, et du moment où il se situe dans la vie. Rien ne sera plus comme avant ! Cela induit pour le patient de passer du jour au lendemain du statut de personne bien portante, à celui de personne malade ce qui n’est évidement pas sans conséquences psychologiques, financières, familiales et sociales. L’annonce d'un cancer est un traumatisme. Elle va, dans la plupart des cas, provoquer la sidération du patient, qui va être dans l'impossibilité d'entendre ce que le médecin lui dit lors de la consultation. La personne diagnostiquée comme malade passera ensuite par différentes phases de réactions psychologiques comme la peur, la révolte et l'incompréhension au cours desquelles son désir d'information et d'accompagnement évoluera. Pour lui permettre d’intégrer la maladie et le traitement à son rythme.

  

Le dispositif d’annonce, une mesure du « Plan cancer »

La mise en place d'un tel dispositif résulte des revendications d’associations de malades, en particulier de la Ligue contre le Cancer. « Lors des États généraux de la Ligue, de nombreux malades ont dénoncé les conditions d’annonce et réclamé leur amélioration. Cette prise de parole a été un vrai tournant. Le dispositif d’annonce est devenu une mesure phare du Plan cancer lancé par le gouvernement en 2003.  Au fil des ans, ce dispositif d’annonce s’est généralisé et des formations ont été dispensées aux médecins et aux personnels soignants. Car les médecins, eux aussi, sont mis à rude épreuve dans cet exercice délicat de l’annonce.

Le moment de l’annonce, où l’information peut prendre une place importante, est aussi un temps de rencontre et d’écoute. Lors de la consultation d’annonce, le médecin doit pouvoir évaluer ce que le malade est capable d’entendre. Il lui tient un langage intelligible et évite de se réfugier derrière un langage trop médical.

 

Conseils de Piera Boriolo Psychologue à la Ligue contre le Cancer (site de la ligue contre le cancer)

Quelle est la meilleure façon d’annoncer un cancer ?

Piera Boriolo : Il n’y a pas de « bonne » annonce, s’agissant là d’annoncer à un malade qu’il est touché par un événement qui pourrait lui être fatal dans le pire des cas heureusement de moins en moins fréquent. Ce qui compte, c’est d’impliquer le patient dès le début. Il faut éviter une attitude paternaliste, en pensant pouvoir surprotéger le malade de la réalité que représente la maladie cancéreuse. Ceci risque de lui donner le sentiment de ne plus être le sujet de sa propre histoire, de se trouver sur le « banc de touche ». Le malade a surtout besoin de trouver de la cohérence, entre ce qu’il vit et ce qu’on lui dit. Il a besoin qu’on lui explique, qu’on l’aide à donner un sens à tous ces symptômes présents depuis un certain temps, utilisant le plus possible ses propres mots. Le malade et ses proches ont besoin de sentir qu’ils font une seule équipe avec le médecin et que celui-ci est prêt à leur faire confiance. Il faut par exemple être capable de dire « je ne sais pas», ceci étant plus apaisant qu’une réponse obscure. Le respect de sa temporalité est aussi très important. Le malade a besoin qu’on lui laisse le temps d’apprivoiser ce qui lui arrive, de se représenter ce à quoi il est confronté, et d’en parler. Tout arrive toujours très vite et cela est potentiellement traumatisant. Au cours de la consultation médicale, il faut lui donner la parole, lui proposer de le revoir pour reparler de l’annonce. L’exercice de reformulation avec le médecin est très important : Qu’avez-vous entendu ? Qu’avez-vous compris ? Cela permet à la personne de retrouver une place dans sa relation au médecin et aussi à la maladie, d’en être le sujet et non pas l’objet.

Certains mots sont-ils plus douloureux que d’autres ?

P. B.Ce n’est pas le mot qui fait peur, c’est ce qu’il véhicule. Il ne faut pas éviter systématiquement le mot cancer par exemple, ni le mot mort ou chimio. Ces mots font référence à une réalité et nous ne sommes pas là pour la nier, mais pour aider le malade à cheminer à travers elle. Il faut essayer de laisser parler le malade et de répondre utilisant de préférence ses propres mots. Ce qui compte c’est de ne pas faire de périphrase ou de discours obscur. L’utilisation de mots scientifiques méconnus doit toujours être accompagnée d’explication relative à leur sens. Quand le malade sort d’une consultation, il pense à ce mot technique qu’il n’a pas compris, qui le hante justement parce qu’il ne veut rien dire pour lui et qui devient ainsi évocateur de quelque chose d’imaginaire et d’angoissant.

Faut-il dire toute la vérité à chaque patient ?

P. B. : Tout l’enjeu est de comprendre quelle vérité le malade est prêt à entendre. Chacun voit dans un même fait une vérité, sa vérité, et cela en fonction de son état psychologique, de son histoire. La vérité dont parle le malade est différente de celle dont parle le médecin. Parfois les proches n’entendent pas la même chose que le malade. Il y a toujours une raison à cela, liée à l’histoire de chacun et à ce qu’il est capable d’entendre. Cela évolue avec et dans le temps. C’est pourquoi il est important de respecter la temporalité, différente pour chaque personne confrontée à la maladie, et de comprendre avec elle quelles sont ses craintes et ses souhaits, et d’essayer d’y répondre au mieux au jour le jour.

 

Nous constatons donc que la communication est un axe indispensable dans la prise en charge du traitement. Savoir se mettre à la hauteur et sans jugement, des peurs, des attentes et des questionnements des patients sont les clés pour pouvoir transmettre au mieux les messages, mais aussi pour faire accepter la maladie et sa prise en charge. Le mental d’un patient est une donnée essentielle pour qu’il puisse supporter au long court sa pathologie. Notons également que l’environnement proche du patient est également à prendre en compte. Car le patient va s’appuyer sur cet entourage pour pallier son chemin dans la maladie. Il faut donc que le médecin puisse s’appuyer et se servir des proches pour transmettre les messages de la manière la plus juste.

 

 
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