Le projet de naissance : pourquoi faire ?

Le projet de naissance est l’occasion pour les parents de réfléchir à ce qu’ils souhaitent pour l’accueil de leur enfant. Recommandé par le plan de périnatalité et la Haute Autorité de Santé, il s’inscrit dans la loi qui précise que « le médecin doit respecter la volonté de la personne après l’avoir informée des conséquences de ses choix » et « qu’aucun acte médical ni aucun traitement ne peut être pratiqué sans le consentement libre et éclairé de la personne ».

Le projet de naissance peut comprendre :

  • des projets concernant les parents : par exemple, j’arrête de fumer ainsi que mon compagnon, je change mes habitudes alimentaires, je suis avec mon compagnon les cours de préparation à la parentalité…
  • des projets concernant l’accouchement : par exemple, si tout est normal après 37 semaines d’aménorrhée, je souhaite un accouchement aussi physiologique que possible. Je souhaite que la poche des eaux ne soit pas percée artificiellement si le travail avance bien. Je souhaite pouvoir déambuler, choisir la position qui me soulage, ainsi que celle de l’accouchement. J'aimerais que l'épisiotomie soit évitée et préfère risquer une déchirure légère. Je souhaite ou non une péridurale. Je souhaite ou non la présence de mon compagnon à la naissance. Je souhaite que le cordon soit coupé par le père de l’enfant. J’accepte de donner du sang de cordon de mon bébé si cela est organisé dans la maternité…
  • des projets concernant les soins à donner à l’enfant : par exemple, je désire allaiter et le bébé pourra téter le plus tôt possible, et autant que faire se peut il ne sera pas séparé physiquement de moi avant la première tétée. Je souhaite garder le bébé en peau à peau le plus longtemps possible. Je souhaite ne pas être séparée de mon enfant, même la nuit.

Il convient donc que le couple discute de ses projets avec l’équipe (gynécologue-obstétricien , sage-femme voire anesthésiste ou pédiatre) qui prendra soin de la naissance de leur enfant. Cette discussion doit avoir lieu dès le début de la grossesse et au plus tard vers le 7ème – 8ème mois, donc bien avant le jour de l’accouchement. Un projet ne peut être rédigé seul ou avec une personne qui ne sera pas responsable de la naissance et « imposé » le jour de l’accouchement à l’équipe de garde.

Un climat de confiance réciproque doit s’établir entre le couple et les professionnels de la naissance dont le souci est bien sûr de faire en sorte que tout se déroule bien. Il est de leur responsabilité de conseiller les parents au mieux, compte tenu de leur cas et des recommandations de bonnes pratiques professionnelles scientifiquement documentées et publiées.Il faut faire comprendre au couple que le soignant a le devoir de refuser des demandes qui lui paraissent dangereuses pour la femme ( refus de la délivrance dirigée ) ou son enfant ( refus des test de dépistage néonataux ).Il doit alors expliquer le pourquoi de son refus et les recommandations de bonnes pratiques basées sur des preuves scientifiques. Certaines demandes ne pourront être satisfaites car elles dépendent des équipes (les hôpitaux et certaines cliniques accueillent des étudiants qui doivent aussi apprendre leur métier), des équipements présents ou non (espace physiologique, baignoire), des contraintes architecturales ne permettant pas la déambulation.

Le projet doit donc résulter d’un dialogue entre les futurs parents et les soignants avec la notion de partage des contraintes des uns et des autres et d’écoute réciproque.

Le projet (ou ses principaux points) peut rester oral ou être mis par écrit et inclus dans le dossier médical en sachant qu’il peut évoluer dans le temps. La maman peut changer d’avis (à propos de la péridurale, par exemple) ou la survenue d’une complication imprévue peut imposer une décision médicale très urgente ne permettant pas de longues explications.

Volontairement, le Collège National des Gynécologues obstétriciens Français et le Collège National des sages femmes ne proposent pas un « modèle » écrit de projet de naissance car il ne peut s’agir d’un « contrat type » que le couple et le médecin ou la sage femme signeraient avant l’accouchement. Les professionnels de la naissance proposent que le couple en écrive un. Il servira de base d’échange et de discussion, conduisant à un projet individualisé qui s’établira dans la confiance entre le couple et l’équipe à laquelle il se confie.

Recommandé par l’ OMS ( 1996) l ‘ HAS ( 2005) le projet de naissance existe dans de nombreux pays. Il permet de mieux cerner la personnalité du couple , d’ouvrir avec les parents une discussion sur les aspects concrets de l’accouchement ,et d’aborder le décalage entre accouchement “imaginaire” et accouchement “reel”. Il peut donc être un bon outil de dialogue. Il faut rassurer les soignants la plupart des femmes ne viendront pas avec un projet écrit. Celles qui le feront sont de toutes façons celles qui auraient été le plus demandeuses d’information et de prise en compte de leur avis. Dans l’ensemble les parents qui présentent un projet sont beaucoup plus satisfaits de voir que nous sommes d’accord avec la plupart de leurs demandes, qu’ils ne sont frustrés que nous refusions un ou deux points tout en leur expliquant pourquoi.

Références :

  • 1. HAS. Préparation à la naissance et à la parentalité. Recommandations professionnelles 2005.
  • 2. Plan périnatalité 2005-2007. Paris DGS ; 2004

 
Les articles sont édités sous la seule responsabilité de leurs auteurs.
Les informations fournies sur www.gyneco-online.com sont destinées à améliorer, non à remplacer, la relation directe entre le patient (ou visiteur du site) et les professionnels de santé.