Essai randomisé sur l’utilisation du Pessaire dans la prévention de la prematurité

La prématurité est la première cause de morbidité et de mortalité néonatales. De nombreux progrès ont été faits ces dernières années pour prédire, diagnostiquer précocément ou encore prévenir l’accouchement prématuré. De nombreux moyens de prévention ont été utilisés comme la progesterone vaginale (chez les femmes enceintes asymptomatiques ayant un col court défini par une longueur cervicale < 25 mm) ou le pessaire (1)  (2).

Cet essai randomisé de Nicolaides et al., paru dans le New England of Medicine en mars 2016, fait état de l’utilisation du pessaire, dans la prevention de l’accouchement prématuré, chez des femmes enceintes ayant une longueur cervicale raccourcie 25 mm ou moins, entre 20 SA et 24 SA et 6 jours.  Les inclusions ont été faites dans 16 maternités dans différents pays: Angleterre, Slovénie, Portugal, Chili, Australie, Italie, Albanie, Allemagne et Belgique. Les patientes ayant une longueur cervicale inférieure à 15 mm ont reçu, en plus du pessaire, de la progesterone vaginale.     

Le pessaire utilisé était un pessaire  modèle (CE0482, MED/CERT ISO 9003/EN 46003). Celui-ci était placé autour du col et sa convexité permettait de se fixer au niveau des culs de sac vaginaux. Dans cette situation, on ne pouvait utiliser n’importe quel pessaire. Ce type de modèle était très bien toléré par les patientes, puisque asymptomatiques dans la majorité des cas.

En intention de traiter, il n’y avait pas de différence significative entre le groupe pessaire (N=465) et le groupe contrôle (N=467) en ce qui concerne le taux  d’accouchement prématuré avant 34 SA (12% et 10.8 % respectivement; OR=1.12 dans le groupe “pessaire”, IC95%= 0.75-1.69; p=0.57). Par ailleurs, il n’y avait pas de différence significative en termes de mortalité périnatale (3.2 % dans le groupe “pessaire” et 2.4% dans le groupe contrôle), d’issues néonatales défavorables (6.7% et 5.7 % respectivement, p=0.55) et de soins néonataux (11.6% et 12.9%, p=0.59). Cela contraste avec une étude faite par Goya et al. et parue dans le Lancet en 2012, très prometteuse à l’époque (2). Selon cet essai prospectif randomisé, l’utilisation du pessaire chez des femmes enceintes ayant une longueur cervicale inférieure à 25 mm, permettait de diminuer de manière significative le risque d’accouchement prematuré (OR: 0.18; IC 95%: 0.08-0.37; p < 0,0001). En plus de la réduction du taux de naissance prematurée avant 34 SA, l’utilisation du pessaire était associée à une réduction significative du poids de naissance < 1500 g, de syndrome de détresse respiratoire néonatale et de recours à un traitement d’un sepsis neonatal.

L’utilisation d’un pessaire chez les femmes enceintes ayant un col raccourci n’entraine pas une diminution du taux d’accouchement prématuré. Cela contraste avec l’essai randomisé de Romero, paru en 2012, (1) qui était très prometteur en terme de bénéfice dans la prévention de l’accouchement prématuré.

 

Pour en savoir plus :

  1. Romero R, Nicolaides KH, Conde-Agudelo A, Tabor A, O Brien J, Cetingoz E. Vaginal progesterone in women with an asymptomatic sonographic short cervix in the midtrimester decreases preterm delivery and neonatal morbidity: a systematic review and metaanalysis of individual patient data. American Journal of obstetrics and gynecology. 2012; 206:124e1-19
  2. Goyal et al. Cervical pessary in pregnant women with a short cervix (PECEP): an open label randomised controlled trial. Lancet 2012; 379: 1800-6

 

Article : “ A randomized trial of a cervical pessary to prevent preterm singleton birth
K.Nicolaides,  A. Syngelaki, L.Poon, G. Picciarelli, N.Tul, R. Palma-Dias, J. Rodriguez Calvo. N ENGL J MED 374;1044-52”

 
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