« Solutions miracles » contre l’infertilité : rajouter de la désespérance à la désespérance ?

L’infertilité touche aujourd’hui 1 couple sur 4. La hausse constante des cas d’infertilité est une vraie question, qui touche à l’intime d’un individu et qui constitue un élément de bouleversement terrible au sein du couple.

La désespérance que peut générer ce diagnostic, la longueur des prises en charge et la difficulté des traitements amène parfois les couples à chercher des solutions alternatives pour « booster » leur fertilité.

Que cherchent-ils dans ces traitements ? Quels sont les conséquences ? Nous allons nous plonger au cœur de ce business parallèle !

 

Des messages alléchants mais culpabilisants !

« Ne pas suivre un régime fertilité, un facteur d’infertilité dans 46 % des cas », assure une influenceuse sur Instagram. « L’ananas, un aliment magique pour tomber enceinte », vante encore le compte Facebook d’un naturopathe, tandis que d’autres font sur Tik Tok la publicité pour une « cure de pollen » à 132 euros pour « booster la fertilité ».

Il y en a pour tous les styles. le phénomène est tellement porteur qu’il s’adapte à un public très large : du « fertility yoga » pour les citadines stressées à la méthode « NaPro » pour les croyants, présentée comme une alternative naturelle à la Procréation Médicalement Assistée (PMA) et basée sur une observation du cycle féminin.

Les patientes qui se sentent hors normes de ne pas réussir à être enceinte cherchent des solutions pour résoudre ce problème. En redoublant d’efforts sur leur régime alimentaire, les compléments alimentaires ou encore les activités sportives liées à la fertilité elles espèrent « réparer » les faiblesses de leur fertilité !

Malheureusement, à l’inverse, cette mécanique crée une frustration notamment avec les régimes restrictifs (plus de sucre, de gluten, de gras, de laitages…), souvent non adaptés aux véritables besoins. Cet engagement des patientes qui souvent ne donne malheureusement pas le résultat attendu les culpabilise encore plus ! Trop punitifs et trop invasifs, ces régimes alimentaires draconiens mettent aussi les femmes à l’écart de la vie sociale.

Ces femmes ont d’autant plus la sensation de ne pas « bien faire » ou d’être « nulles » car, malgré une conduite irréprochable de leur point de vue, le résultat n’est pas au rendez-vous.

 

Rajouter de la désespérance à la désespérance !

Évidemment, il est essentiel que les patients puissent agir si besoin sur leur mode de vie, puisque nous savons que c’est un levier d’amélioration pour la fertilité. Mais, attention, il y a une différence entre corriger certains aspects de la nutrition, réduire ou arrêter le tabac ou l’alcool, perdre quelques kilos et se contraindre dans des régimes punitifs qui enferment les patients.

Au-delà des aspects financiers, car évidemment ces techniques ne sont pas gratuites, se pose la question du retard de prise en charge des patientes.

Car de nombreuses patientes privilégient ces techniques au détriment des traitements médicamenteux. Le manque d’information et de connaissance des parcours PMA peut faire hésiter les couples à être pris en charge médicalement et à trouver des solutions alternatives sans connaissance aucune des aspects pathologiques de leur infertilité.

De surcroît, la plupart de ces solutions miracles s’adressent aux femmes, or nous savons aujourd’hui que dans la moitié des cas les hommes sont infertiles et donc également au cœur des traitements.

Ces retards de diagnostic rajoutent encore des difficultés pour aider les couples.

Nombre de patients s’infligent des sports dits « boosters de fertilité ». Mais dans toute cette mécanique, où est la place du plaisir et du bien-être ?

Il est évident que nos patients pensent et vivent fertilité oubliant de garder la notion de plaisir et d’épanouissement !

L’alimentation ou le sport peuvent être des sources d’aide et d’amélioration mais surtout de plaisir et de développement personnel si un équilibre est trouvé !

 

Conclusion

Nous ne pouvons pas interdire les patients de réseaux sociaux, évidemment ! Mais nous pouvons entendre la désespérance et les accompagner en les informant de l’utilité d’une meilleure hygiène de vie par l’alimentation et le sport en leur donnant les clés pour adapter leur vie sans tomber dans des extrêmes contre-productifs ou en utilisant de pseudos produits miracles.

La douleur de l’infertilité peut mener nos patients à se laisser berner ou à créer une espérance même sur des propositions ésotériques !

Tout cela n’est pas une question d’intelligence mais plutôt de sensibilité face à la douleur et à la déception !

Plus nous les informerons et plus nous pourrons les aider à trouver une voie juste et adaptée.

 

Pédiatrie