Le vaccin contre les papillomavirus (HPV) a été introduit au royaume uni en 2008 en utilisant d’abord le vaccin bivalent Cervarix (HPV 16 & 18) avec un relai par le Gardasil (quadrivalent HPV 16,18 & 6,11) en 2012 initialement pour les seules filles entre 12-13 ans avec un rattrapage jusqu’à 19 ans, une extension pour les garçons a été mis en œuvre en 2019.
Entre janvier 2006 & juin 2020, sur la population âgée de 20 à 64 ans, 29.968 femmes ont présenté un cancer invasif et 335.228 une CIN3. Au cours de l’année 2020 soit 12 ans après le début de la mise en place de la vaccination, sur cette publication récente du BMJ en mai 2024, les auteurs ont estimé le nombre de cancers invasifs évités N=687 et le nombre de CIN3 de N=23192.
Les auteurs ont cherché à apprécier l’efficacité de la vaccination HPV des femmes en fonction de l’âge au moment du vaccin et de leur statut socio-économique. En effet les jeunes femmes au statut économique défavorable ont une exposition au risque de lésion cervicale plus importante et un accès plus difficile au dépistage ce qui peut effectivement favoriser la survenue de lésions invasives.
Les auteurs ont essayé de montrer que la vaccination notamment réalisée en milieu scolaire permet d’améliorer les différences et d’effacer les inégalités d’accès aux soins au moins en matière de pathologie HPV.
Ainsi pour les jeunes filles vaccinées à l’âge de 12-13 ans la réduction d’incidence des cancers invasifs a été de 84,6 % pour les plus modestes et de 83,5 % pour les plus aisées en ce qui concerne les CIN3 la réduction était encore plus importante encore avec 95,3 % de réduction pour les plus modestes et 96,1 % pour les plus aisées
Pour les jeunes filles vaccinées à l’âge de 14-16 ans la réduction d’incidence des cancers invasifs a été moins efficace avec une réduction des cancers invasifs de 68,3 % pour les plus modestes et de 66,8 % pour les plus aisées, en ce qui concerne les CIN3 la réduction était également moins importante que pour celles vaccinées à 12 ans avec 67,7 % de réduction pour les plus modestes et 72,8 % pour les plus aisées
Pour les jeunes filles vaccinées à l’âge de 16-18 ans la réduction d’incidence des cancers invasifs a été beaucoup plus faible avec une réduction de de 29,4 % pour les plus modestes et de 25,6 % pour les plus aisées en ce qui concerne les CIN3 la réduction était encore plus faible avec 29,6 % de réduction pour les plus modestes et 40,6 % pour les plus aisées ce qui altère à ce niveau d’efficacité plus bas la réduction attendue des inégalités sociales offerte par la vaccination dont le taux de couverture était équivalent indépendamment du niveau socio-économique.
Cette étude extrêmement intéressante vient donc confirmer l’efficacité très rapide de la vaccination tant sur les cancers invasifs que sur les CIN3 mais elle montre aussi la baisse importante de l’efficacité en fonction du retard à l’âge de la première vaccination, elle montre aussi que la vaccination réduit les écarts d’efficacité en matière de prévention des cancers du col dans les populations à faible ressources qui ont un accès plus difficile au dépistage chez celles-ci en effet 191 cancers invasifs ont été évités contre seulement 61 chez les plus aisées (qui ont un accès habituel au dépistage, à la colposcopie et au traitement des lésions pré-invasives).
Effect of the HPV vaccination programme on incidence of cervical cancer and grade 3 cervical intraepithelial neoplasia by socioeconomic deprivation in England: population based observational study
Milena Falcaro 1, Kate Soldan 2, Busani Ndlela 3, Peter Sasieni
BMJ 2024 May 15:385:e077341.
doi: 10.1136/bmj-2023-077341.