Prolactinome et ménopause : tout dépend du timing de la découverte !

Les prolactinomes sont des tumeurs bénignes de l’hypophyse sécrétant de la prolactine en excès. L’hyperprolactinémie agit sur l’axe hypothalamo-hypophysaire en modifiant la sécrétion du GnRh et par voie de conséquence la pulsatilté des gonadothrophines hypophysaires. En période d’activité génitale, le mode de révélation classique associe des troubles du cycle, une galactorrhée voire une infertilité parfois accompagnés d’une diminution de la libido. Un syndrome tumoral, avec troubles visuels et céphalées, peut apparaître en cas de macroadénome (tumeur supérieure à 10 mm), Le traitement fait appel aux agonistes dopaminergiques au premier rang desquels la cabergoline. Cette molécule est le gold standard en raison de sa meilleure tolérance et de sa plus grande efficacité sur la diminution de l’hyperprolactinémie mais aussi sur le volume tumoral. Elle permet d’obtenir 80 à 90 % de réduction du volume tumoral, une diminution de la prolactinémie à l’origine d’une restauration de la fonction gonadique. La durée optimale de ce traitement dépend de l’évolution imposant une surveillance régulière clinique, biologique et radiologique.

L’hyperprolactinémie est 5 fois plus fréquente chez les femmes, avec un pic de prévalence entre 25 et 35 ans. Son incidence est bien moindre après la ménopause du fait de la carence estrogénique. L’influence de l’hyperprolactinemie durant la vie reproductive est bien connue, mais dans la littérature il y a peu de données concernant les prolactinomes dans la période ménopausique.

Les auteurs brésiliens ont mené une revue systématique avec méta-analyse des données de la littérature à partir d’études prospectives, rétrospectives ou d’essais cliniques analysant deux situations très différentes : la tumeur avait été diagnostiquée durant la vie reproductive puis avait été suivie pendant la période ménopausique soit le prolactinome avait été découvert après la ménopause. Cinq études ont ainsi été analysées comparant 180 participantes.

Deux études évaluaient les prolactinomes diagnostiqués après la ménopause.

  • La première incluait 14 prolactinomes dont un seul microadénome (tumeur <10mm). Lors du traitement, deux évoluaient sous forme de selle turcique vide, deux voyaient leur volume diminuer devenant des microadénomes et 9 restaient volumineux. La moyenne de suivi était de 6,4 ans.
  •  La seconde étude analysait 17 prolactinomes dont un seul microadénome avec une diminution tumorale de 25 % après traitement par agoniste dopaminergique. Le choix se portait vers la cabergoline dans la plupart des cas.

Trois études analysaient des prolactinomes diagnostiqués avant la ménopause et suivis après le diagnostic de ménopause.

  • La première étudiait 22 microadénomes et 7 macroadénomes. Après arrêt du traitement à la ménopause, les microadénomes avaient disparu dans 9 cas et diminué de volume dans13 cas. Parmi les macroadénomes, 6 évoluaient vers une selle turcique vide ou une diminution du volume tumoral et un restait de taille inchangée sous traitement par agoniste dopaminergique.
  • La seconde incluait 30 femmes chez lesquelles l’agoniste était interrompu après la ménopause et 28 chez lesquelles il avait été arrêté avant la ménopause. 7% d’augmentation du volume tumoral était observé dans le premier groupe.
  • Une troisième étude incluait seulement des microprolactinomes et observait la diminution du volume tumoral de 29 % après arrêt du traitement lors de la ménopause et de 36 % lorsque le traitement était poursuivi. Il n’apparaissait pas de nouvelle augmentation du volume tumoral après l’arrêt du traitement.

Avant la ménopause, l’hyperprolactinémie est responsable chez la femme de symptômes permettant un diagnostic précoce, le plus souvent au stade de microprolactinomes (inférieur à 10 mm). Chez la femme ménopausée, ces symptômes n’existant plus, le diagnostic se fait plus tardivement avec découverte de macroprolactinomes.

Il semble donc que le traitement des microprolactinomes diagnostiqués avant la ménopause puisse être interrompu lors de l’entrée dans la ménopause, sans risque de récidive.

Les prolactinomes diagnostiqués après la ménopause sont majoritairement des tumeurs volumineuses s’exprimant par un syndrome tumoral et nécessitant la mise en place d’un traitement par agoniste dopaminergique. La cabergoline reste le traitement de choix chez toutes les femmes.

Une surveillance annuelle reste nécessaire chez toutes ces patientes afin de s’assurer de l’absence de récidive chez les unes et de bonne efficacité thérapeutique chez les autres.


Carneiro MS, de Mira TAA, Yela DA, Benetti-Pinto CL. Prolactinoma in postmenopausal women : a systematic review. Menopause 2024 ; 31 :160-167 ;