L’histoire de la vasectomie nous ramène au millénaire dernier (1899) où elle avait été proposée pour le traitement de troubles masturbatoires compulsifs et des infections urinaires du bas-appareil. Puis dans les années 1920, elle est proposée comme une technique de rajeunissement pour les uns, un traitement de l’hypertrophie bénigne de prostate et du cancer de la prostate pour les autres.
Son utilisation à titre de contraception est au début du 19 -ème siècle non volontaire et est réservé aux patients considérés comme présentant des déficiences mentales et antécédents criminels.
A partir des années 1970, elle se fait de plus en plus régulièrement outre Atlantique et son utilisation est exponentielle au Canada jusque dans les années 1990.
En France, elle est interdite par la première loi de bioéthique puis autorisée et encadrée par l’article L. 2123-1 de la loi n° 2001-588 du 4 juillet 2001 relatif à l'interruption volontaire de grossesse et à la contraception.
Actuellement, la vasectomie est considérée comme la méthode de contraception masculine permanente, sûre et efficace, largement diffusée de par le monde, avec autour de 60 millions d’hommes.
L’étude EPI-PHARE publié début 2024 montre que le chiffre de vasectomie va croisant en France, avec un taux annuel multiplié par 15 en 12 ans (de 1 940 en 2010 à 30 288 vasectomies en 2022).
A cela, bien des raisons : un changement des mentalités : les hommes veulent partager le poids de la contraception dans le couple, un désir aussi de ????? sa fertilité, un désengouement des femmes pour les moyens contraceptifs hormonaux et surtout une méthode sûre et efficace.
Efficace puisque la vasectomie a l’indice de Pearl le plus bas parmi les différents moyens contraceptifs.
Sûre puisque les complications sont rares voire quasi exceptionnelles. En effet, l’étude EPI-PHARE retrouve des complications chez 0,2% des patients ayant bénéficié de cette solution en France. Le chiffre est effectivement rassurant et cela peut s’expliquer par une politique de l’association française d’urologie qui organise de nombreux ateliers et formation pour les urologues de manière à encadrer ce geste chirurgical simple mais technique et émailler de nombreux détails spécifiques à mettre en œuvre pour éviter les douleurs et autres complications post-opératoires.
En deux mots, ce geste réalisé le plus souvent sous anesthésie locale et consiste à sectionner les canaux déférentiels de manière à ce que le chemin emprunté par les spermatozoïdes soit interrompu. Ainsi la cicatrice fait le plus souvent moins d’un centimètre, réalisée sur le raphé médian elle est quasi invisible. La procédure dure en moyenne une vingtaine de minutes.
Fait important, l’homme n’est pas infertile juste après une vasectomie, un spermogramme de contrôle réalisé à 3 mois du geste et après une vingtaine d’éjaculations fait la preuve de l’azoospermie et est nécessaire pour prouver l’infertilité.

Quid des mythes et fausses vérités sur ce moyen contraceptif :

1. Définitif

La chirurgie de reperméabilisation et l’assistance médicale à la procréation sont les deux options principales chez les couples qui veulent obtenir une grossesse après une vasectomie.
On décrit une demande en ce sens chez environ 6 % des hommes.
La vaso-vasostomie donne des taux moyens de perméabilité de 70 à 97 % et de grossesse de 30 à 76 %. La vaso-épididymostomie donne des taux de perméabilité entre 80 et 84 %, avec des taux de grossesse entre 40 et 44 %. L'intervalle entre la vasectomie et la chirurgie de reperméabilisation et l'âge de la partenaire sont 2 paramètres prédictifs de la survenue d’une grossesse naturelle.

2. La sexualité est impactée

De nombreux patients peuvent être préoccupé par cette question. Souvent car la fertilité masculine est associée à la puissance et à l’inverse l’infertilité à l’impuissance. Les études ont jusqu'à présent montré que la vasectomie n'affecte pas la fonction sexuelle ou peut même l'améliorer. On retrouve une amélioration de la plupart des paramètres sexuels : am fonction érectile, orgasmes et la satisfaction sexuelle. Ces constatations sont retrouvées chez les partenaires qui décrivent des améliorations marquées en termes d'excitation sexuelle, de satisfaction et d'orgasme, ainsi que de lubrification et de libido.

3. L’éjaculation est modifiée

Le volume éjaculatoire n’est quasiment pas modifié par la vasectomie puisque l’essentiel du liquide séminal correspond aux contributions de la prostate et des vésicules séminales.

4. Cancer de prostate est plus fréquent

Dans les études sur une corrélation possible entre la vasectomie et le cancer de la prostate, les résultats les plus positifs ont montré que toute corrélation était faible et qu'il n'y avait pas de mécanisme biologique convaincant.
L’association minime serait non pas une causalité mais une corrélation d’une population hommes plus disposés à subir des tests réguliers pour l'antigène spécifique de la prostate afin de dépister un cancer de la prostate.

Efficace, réversible, n’altérant ni la sexualité ni l’image corporelle, quasi sans risque, la vasectomie est effectivement une méthode de contraception permanente qui séduit de plus en plus d’hommes en France et de par le monde. L’étude EPI-PHARE a permis un état des lieux de ce moyen contraceptif fiable et encadré en France tant sur le plan légal que sur le plan technique avec une politique forte des urologues pour permettre aux patients un minimum de complications.

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