Quelles limites dans le désir d’enfant ?

« Un enfant si je veux, quand je veux » est un slogan des années 70. Marquant l’envie des femmes d’être des femmes libres même dans leur désir d’enfant ! Mais l’infertilité est venue bousculer cet adage ! Car le « quand je veux » a ses limites (âge de procréer, difficultés médicales…). La PMA, comme la pilule auparavant, a laissé croire à la possibilité de contrôler de manière certaine la maternité. Doit-on aujourd’hui tout accepter dans ce désir ? Existe-t-il un « droit à l’enfant »?

 

Idées reçues !

Les techniques de procréation médicalement assistée (FIV, IAC, Don..) ont permis de donner un coup de pouce face aux complexités de la maternité et le recours à ces technique aide à lutter contre cette idée de l’impossibilité d’avoir un enfant. La médecine de la reproduction a redonné de l’espoir à tous les couples qui désirent avoir un enfant, les laissant croire, parfois, que si la grossesse ne venait pas naturellement, la PMA leur permettrait d’y parvenir à coup sûr.

Par ailleurs, parfois lors d’échanges avec les patients, ce désir d’enfant est évoqué seulement après les études et la réussite professionnelle, sans savoir si le désir est réel ou juste une pression sociétale ou encore l’envie d’être « comme tout le monde ».

 

La technique, la solution à tout ?

Suffit-il de recourir à la technique pour résoudre tous les problèmes liés à l’infertilité ou à l’impossibilité de concevoir au moment choisi ? Le recours à une procréation possible sans sexualité pose bien des questions. Faut-il répondre à la demande du bébé parfait par les possibilités du dépistage préimplantatoire utilisé à mauvais escient ?

Le comité d’éthique est confronté en permanence à un questionnement de société et doit prendre position non seulement sur les possibilités de recherche, les droits du fœtus, mais aussi en se projetant et imaginant les enjeux dans le futur. Mais s’interroge-t-on concernant le bébé et l’enfant dans ces parcours souvent difficiles ? S’il faut parfois des années pour obtenir une grossesse, nous pourrions alors imaginer que l’aboutissement de cette quête mette fin à tous les doutes... Mais l’humain est une mécanique complexe surtout psychologiquement qui ne se résout pas à la simple réussite d’avoir un enfant.

 

Et le psychisme dans tout cela ?

Chaque individu est composé de croyances (religieuses ou non religieuses), de valeurs, d’une vision liée à son origine, à sa culture... Ces paramètres doivent être pris en compte pour que les désirs d’enfants imaginés par le couple soient conformes aux choix qu’ils vont faire.

Par exemple, le don d’ovocytes est une réponse technique en cas de mauvaise qualité ovocytaire. Mais le couple qui souhaite en bénéficier est-il tout à fait au clair avec ce choix ? Se projette-t-il dans l’avenir avec un enfant qui génétiquement sera différent ? Pourra-t-il aimer cet enfant ? Prend-il en compte le poids des autres et de son histoire familiale dans ce choix ?

Toutes ces questions sont centrales pour le couple, mais également pour l’enfant à venir !

Les techniques qui apparaissent permettent d’offrir de nouvelles possibilités d’exploration, de chances pour aboutir à l’enfant. Mais si les techniques sont fiables, les Hommes le sont-ils ? L’aide à la procréation assistée connaît un nomadisme médical assez important. De nombreux couples passent de médecin en médecin pour essayer de trouver LA solution ou pour entendre LES réponses qu’ils attendent. Mais aussi, parfois, après plusieurs refus de prises en charge par des praticiens pensant qu’ils étaient au bout de leur chemin, les patients continuent cette quête à l’étranger, imaginant que l’Eldorado est hors frontières dans les pays où la loi est différente et leur donnant accès à des techniques d’exploration soi-disant plus avancées.

En revanche, ils ne regardent que le prisme technique, niant leurs propres difficultés physiologiques. Le poids du corps médical ne suffit pas toujours pour clôturer un parcours.

Le temps psychologique ou le cheminement psychique sont différents du temps médical.

Il est parfois nécessaire pour les couples de continuer à se confronter à l’échec pour mieux accepter de passer à une autre étape (don, adoption, vie sans enfant...).

 

Conclusion

La technique est rodée, elle est encadrée, les limites posées par la loi. Mais l’être humain ne se suffit pas des lois. Il faut prendre en compte le psychisme humain dans ces décisions. Car le désir d’enfant est parfois plus complexe qu’il n’y paraît. Il est donc important, non seulement de cadrer légalement, mais aussi d’écouter et d’informer les patients qui sont dans leur quête de l’enfant. Leur fragilité psychologique peut parfois les amener à faire des choix en inadéquation avec leurs désirs profonds.

Le droit à l’enfant n’existe pas... Mais le droit à essayer de faire un enfant dans les meilleures conditions c’est-à-dire avec des techniques adaptées et novatrices mais également un accompagnement leur permettant une prise de décision éclairée doivent exister !