L’imiquimod pour traiter les lésions intra épithéliales du col et/ou du vagin : quelle efficacité ? quelle tolérance ?

Inayama et al. ont publié en aout 2023 une méta analyse pour évaluer l’efficacité et les risques d’effets indésirables de l’Imiquimod, par rapport au placebo ou à l’abstention thérapeutique, pour traiter le lésions intra épithéliales du col et/ou du vagin prouvées histologiquement.

Ils ont inclus dans leurs analyses des essais contrôlés randomisés et des études prospectives non randomisées (mais avec un bras de contrôle). 

Le critère principal d’efficacité était la régression histologique de la maladie. Le critère principal d’innocuité était l’arrêt du traitement en raison des effets secondaires.

Au total, les auteurs ont pu intégrer dans leurs analyses 7 essais randomisés et 1 seul essai non randomisé. Six essais ont concerné le traitement de lésions cervicales de haut grade uniquement, un essai incluait également 39% de lésions cervicales de bas grade et un seul essai randomisé concernait des lésions vaginales de haut grade.

Selon les résultats, l'Imiquimod était associé, par rapport au placebo ou à l’abstention, à une plus grande régression de lésions intra épithéliales cervicales ou vaginales (OR : 4,05, IC 95 % 2,08-7,89). Si l’on ne considère que le bénéfice sur les lésions cervicales, l'OR était de 4,27 (IC à 95% 2,11-8,66). Si l’on ne considère que le bénéfice sur les lésions vaginales, les données ne sont disponibles que pour une étude, avec un OR à 2,67 (IC à 95% 0,36-19,71).

La probabilité d’arrêt du traitement dans le groupe imiquimod était de 0,07 (IC à 95 % : 0,03-0,14). Les probabilités d’effets secondaires en cas d’utilisation d’Imiquimod étaient de 0,51 (0,20-0,81) pour fièvre, 0,53 (0,31-0,73) pour arthralgie ou myalgie, 0,31 (0,18-0,47) pour douleur abdominale, 0,28 (0,09-0,61) pour pertes vaginales anormales ou saignements gynécologiques, 0,48 (0,16-0,82) pour douleurs vulvo-vaginales et 0,02 (0,01-0,06) pour ulcérations vaginales.

Les auteurs concluent que l’Imiquimod pourrait être une alternative thérapeutique pour les patientes présentant des lésions intra épithéliales du col de l’utérus. Même si les complications étaient fréquentes, ils n’ont constaté que très peu d’arrêt du traitement.

On rappelle qu’à ce jour en France, l’électroconisation à l’anse diathermique sous contrôle colposcopique reste le traitement de référence des lésions intra épithéliales de haut grade du col de l’utérus, puisqu’il permet l’exérèse de la lésion, ainsi qu’une analyse anatomopathologique de la pièce opératoire permettant de s’assurer de l’absence de lésion cancéreuse associée. Une surveillance rapprochée par colposcopie tous les 6 mois peut être proposée sous certaine condition aux patientes de moins de 30 ans. L’Imiquimod est cependant une option thérapeutique pour la prise en charge des lésions intra épithéliales vaginales notamment en l’absence d’aspect colposcopique de lésion infiltrante.

Références :

Inayama Y, Takamatsu S, Hamanishi J, Mizuno K, Horinouchi N, Yamanoi K, Taki M, Murakami R, Yamaguchi K, Kosaka K, Efthimiou O, Kawakami K, Furukawa TA, Mandai M. Imiquimod for Cervical and Vaginal Intraepithelial Neoplasia: A Systematic Review and Meta-analysis. Obstet Gynecol. 2023 Aug 1;142(2):307-318.